Interrogée par Le Parisien sur l’avenir de son parti, la députée de l’Essonne, ex porte-parole de Nicolas Sarkozy en 2012 et ancienne candidate à la Mairie de Paris, appelle à une refonte en profondeur de l’UMP, dans la tourmente depuis l’affaire Bygmalion.
Il y a à peine deux semaines le principal parti d’opposition voyait son président, Jean-François Copé, démissionner après s’être retrouvé empêtré dans une sombre affaire de fausses factures délivrées par la société Bygmalion pour la campagne de Nicolas Sarkozy, alors en lice pour les présidentielles de 2012. Dès lors, un triumvirat de trois personnalités politiques majeures (Alain Juppé, Jean-Pierre Raffarin et François Fillon) assure le remplacement de direction à la tête de l’UMP. Bref, au sein du parti, la situation est loin d’être stable, au point que beaucoup pense sa fin proche.
Nathalie Kosciusko-Morizet, elle, a assuré dans une interview au Parisien parue ce matin que « oui, l’UMP était bel est bien menacée de disparition ». « Attachée à gaulliste » qui demeure, pour NKM, « la source de toute légitimité » (rappelons en effet que l’UMP est né en 2002 sur les bases, entre autres, du RPR de De Gaulle), cette polytechnicienne de 41 ans se dit persuadée que « dans ces grands moments de tension, la meilleure des choses à faire c’est d’être avec les militants, d’entendre ce qu’ils ont à nous dire ». « Ils sont très en colère, et ils ont vraiment raison. Ce qui s’est passé à la tête du parti, les suspicions, les divisions organisées, les ont écœurés », analyse NKM. Pour qui, « Maintenant, il faut tourner la page et ne pas laisser l’UMP aux mains de ceux qui l’ont abîmée ». A qui pense-t-elle donc ? A François Fillon, qui fait partie de la fameuse Troïka directionnelle ? Ou à Nicolas Sarkozy, qui annonce son imminent retour deux à trois fois par semaine ? Nathalie Kosciusko-Morizet ne le précise pas mais on a bien quelques idées…
Sauver l’UMP… et sa peau
« L’UMP a beaucoup déçu », tranche NKM. « C’est la raison pour laquelle j’ai lancé l’idée de convoquer un congrès cet automne », poursuit-elle. Un congrès qui, selon ses dires, devra être celui « de la refondation ». D’ailleurs, « Je suis favorable à des actes symboliques forts comme le changement de nom de l’UMP. Je souhaite aussi que l’on vende notre siège, rue de Vaugirard. Il est froid, glacial, à présent il rappelle de mauvais souvenirs, et nous avons de toute façon besoin d’argent », ajoute-elle, péremptoire. En somme, « Sur le fond, il faut retrouver l’ADN de l’UMP, c’est-à-dire privilégier l’alliance entre la droite et le centre pour une alternative majoritaire et une alternance gagnante. Nous n’avons plus le droit à l’erreur ».
Mais Nathalie-Kosciusko-Morizet prouve encore une fois qu’elle a de la suite dans les idées en esquivant brillamment la question « Serez-vous candidate à la présidence du parti ? » : « Ce qui est urgent aujourd’hui, c’est de définir les règles du jeu avec précision pour que l’on évite le désastre de la précédente élection et la guerre fratricide qui s’en est suivie. Tout doit se dérouler dans la transparence absolue : le dépôt des candidatures, le déroulement du scrutin, les procurations. Une nouvelle crise serait fatale à l’UMP ». Perspicace.
« Pour le reste, la multiplication des candidatures individuelles n’est pas forcément la solution. Je me poserai la question seulement dans une démarche collective ». Et de conclure « Soyons à la hauteur des enjeux. Il faut rompre avec la logique des clans et la dynamique des ego ». Comprendre : l’UMP n’est pas mort, nous sommes à son chevet. Mais quel remède de cheval vont-ils lui trouver ? Peut-être serons-nous fixés ce soir, après que le prochain bureau politique visant à valider ou non la triple présidence Juppé-Raffarin-Fillon se soit tenu.
Les Snipers de l’Info se sont posé la question il y a deux semaines : l’UMP doit-il mourir ? Ecoutez leurs avis et n’hésitez pas à réagir.