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Vous ne saviez pas que vous parlez arabe: zéro, bougie, orange etc

12 à 14% des mots français sont d’origine étrangère. L’arabe est la troisième langue d’emprunt du français après l’anglais et l’italien.

Selon Jean Pruvost, lexicologue, il y aurait deux ou trois fois plus de mots venant de l’arabe que du gaulois. Le Petit Larousse ou le Petit Robert répertorient environ 500 mots empruntés à l’arabe. Auxquels s’ajoutent peut être 200 mots dérivés, dont l’origine est plus difficile à retracer. Le français s’est peu à peu imprégné de ces mots là, qui sont maintenant utilisés très fréquemment dans notre quotidien. Comme le remarque le linguiste dans un entretien avec France Culture « le matin, quand on boit du café avec du sucre et un jus d’orange, on ne s’en rend pas compte mais on parle arabe ».

les oranges de Manet

Le latin s’enrichit du vocabulaire arabe scientifique.

Après la destruction de la bibliothèque d’Alexandrie (on estime qu’elle a pu être détruite entre le Ie siècle av JC et 644 ap JC) , les Européens ont voulu récupérer les écrits grecs disparus. Ils se réfèrent alors aux nombreuses traductions arabes de ces écrits. C’est probablement ainsi que l’héritage d’Aristote et Platon entre autre, a pu être récupéré. Des milliers de traductions, faites au XIIe et XIIIe, ont aussi apporté quantité de mots. L’arabe inonde donc les langues européennes par la voie écrite.

Le latin emprunte ainsi le vocabulaire savant arabe. On leur doit ainsi « zéro », « chiffre », « algèbre », « algorithme ».

Les mots sur la route de la soie.

A la fin du Moyen Age et à la Renaissance, de nombreux commerçants et diplomates parcourent l’espace méditerranéen. En particulier, les échanges commerciaux ont importé des mots qualifiant de nouveaux aliments comme « abricot », « orange », « café », « épinard ». Ou un autre exemple, le mot bougie vient en fait du nom de la ville où l’on fabriquait ce type de chandelle de suif, aujourd’hui Béjaï, en Algérie. D’autres nouveaux noms nous sont arrivés de l’autre continent comme « girafe » ou « baobab ».

La période coloniale.

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« Le pinceau ivre » de Lassaâd Metoui. Exposé à l’Institut du Monde Arabe à Paris, l’ensemble de son œuvre mêle calligraphie arabo-musulmane traditionnelle et peinture occidentale, figurative ou non (on peut y retrouver l’influence de Matisse ou de Klee). Crédits: Emanuel Denort

De l’expédition de Bonaparte en Égypte à l’indépendance d’Algérie, les échanges entre l’Europe et le monde arabe s’intensifient. On doit à cette époque d’autres mots qui se sont intégrés dans le paysage lexical français. Les mots « toubib » et « bled » en sont des exemples. On peut remarquer que ceux-ci ont cependant un nouveau sens en Français.  Le bled, qui en arabe, est l’équivalent de « région », traduit en français plus l’idée d’un petit village reculé. Le mot « zouave » était à l’origine le nom d’une tribu kabyle, puis a désigné les soldats algériens d’un corps d’infanterie. On l’utilise maintenant dans l’expression « faire le zouave » qui veut dire que l’on se fait remarquer par un comportement extravagant.

La sédentarisation de l’immigration après les années 1960

Des expressions tels que « avoir le seum », « c’est le dawa », « maboul » ou encore « kiffer » ont investi le langage populaire quand les enfants de parents immigrés ont été scolarisés.

En fait aujourd’hui, selon Jean Pruvost, il y a très peu de domaines que le vocabulaire arabe n’a pas investi. En astronomie, certains noms d’astre comme Véga ou Betelgeuse viennent de la langue arabe. La chimie lui doit également l’alcool et le benzène. Même l’informatique doit reconnaître la parenté du mot arobase et du chiffre zéro.

La littérature sous le prisme de l’influence arabe.

L’Orientalisme par exemple, a alimenté un imaginaire littéraire. De la pièce Bajazet (1672) de Racine au Fantôme d’Orient (1892) de Pierre Loti en passant par les Lettres Persanes (1721) de Montesquieu, l’Orient apparaît comme un horizon lointain et fantasmé. Les écrivains ont rapporté dans leurs écrits de nouveaux mots emprunts d’exotisme. Par exemple, le choix des mot « azur », « mousson », « sucre » dans hémisphère dans une chevelure (1869) de Baudelaire.

Mais plus directement, les mots arabes que l’on retrouve dans la langue française sont pour certains, les clés de voute d’œuvres poétiques. Pour leur musicalité particulière et peut être aussi pour l’imaginaire qu’ils appellent avec eux, ils font partie intégrante des incontournables littéraires.  La Terre est bleue comme une orange (1929), d’Eluard et L’Albatros (1861), de Baudelaire en témoignent.

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