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Nouveau jour : quand la série délivre le meilleur du soap

Alors que Nouveau jour est d’ores et déjà condamnée par M6, la série a produit sans aucun doute son meilleur épisode à date, prouvant qu’elle a tout compris au soap.

On l’a dit et on le redit : l’annulation de Nouveau jour par M6 est incompréhensible car prématurée. Un soap a besoin de temps pour s’installer (a minima 6 mois) et M6 n’a rien fait pour faciliter la vie de sa série. D’autant que dans les épisodes déjà en boîte depuis un moment, la série avait véritablement de grands moments de bravoure, voire de grands moments de soap comme on a pu le constater avec l’épisode diffusé ce mercredi, l’épisode 68 qui vient achever la grande arche initiée dès l’épisode 1.

Nouveau jour a tout compris

Si 6 feuilletons quotidiens existent aujourd’hui à la télévision, la moitié est très dépendante d’arches polars portées par des héros policiers. Sur les 3 restants, Tout pour la lumière répond aux codes du genre mais quelque chose ne fonctionne pas dans l’enchaînement des arches et la gestion des personnages. Reste deux purs soaps qui assument pleinement les codes du genre, chacun dans un couloir différent :

Ici tout commence c’est le soap « work place drama » (avec une arène professionnelle) façon General Hospital et qui sait parfaitement gérer ses personnages et ses histoires. Nouveau jour est le dernier né et sans doute la seule des 6 épisodes à être dans le soap le plus traditionnel qui soit où les personnages sont moteurs de leur destin et où l’arène compte moins que les histoires que l’on fait vivre aux personnages et qui sont très tournées vers eux (façon Des jours et des vies), jouant sur les codes plus classiques du genre mais en le faisant parfaitement bien. L’épisode diffusé hier soir est en soit une vraie démonstration.

A lire aussi : C’est vrai qu’on ne pourra plus voir d’épisodes de la série Nouveau jour ?  | VL Média

Un épisode qui met tout le monde d’accord

Même s’il n’est pas sans défauts on y reviendra, l’épisode 68 diffusé ce mercredi est un exemple de ce qu’on attend d’un soap. Il vient « terminer » une séquence initiée via un flashforward dès le 1er épisode : Emilia les mains en sang qui erre dans l’hôtel Bartoli et un corps retrouvé dans une pièce. Si le voile avait été levé depuis quelques temps sur l’identité de la victime (Louise), on ignorait comment tout allait aboutir à ce moment.

Dans un épisode exclusivement centré sur cette intrigue, on a tout : une unité quasi exclusive de lieu avec l’hôtel ; un méchant absolument parfait en la personne de Clément qui convoque les personnages les plus « importants » dans ce lieu – l’hôtel – pour donner lieu à un moment de révélations fortes ; un enchaînement de séquences dramatiques et une tension permanente. Le tout parfaitement maîtrisé (ou presque) pour tenir en haleine le spectateur. Et sans doute que cet épisode permet de comprendre ce qui a pu être moins réussi « avant ». L’épisode 68 de Nouveau jour c’est l’équivalent du final de la saison 3 de Melrose Place où Kimberly fait sauter la résidence.

Un épisode qui aurait dû relancer la série

Les auteurs savent ce qu’est un soap, un pur soap dans la tradition du genre. On le dit depuis le premier épisode. Cet épisode aurait pu être celui qui relance la série, M6 aurait dû jouer à fond avec ce qui survient dedans. Car il contient ce que l’on attend de ce genre de séries : le plaisir du twist permanent, le plaisir du « n’importe quoi » aussi tant les situations sont extrêmes, le plaisir de la bagarre qui vire mal (on l’a vu dans Dallas ou dans Dynastie avec deux personnages se bagarrant au bord d’un immeuble ou d’une falaise), le plaisir de la sérialité dans tout ce qu’elle a de plus extra ordinaire et qui sert le divertissement pur.

Cet épisode prouve aussi que sans doute la série s’est un peu perdue en court de route. D’abord en voulant osciller entre thriller et comédie, elle a mis en avant des intrigues qui manquaient d’intérêt et du coup, a dû lever le pied sur la partie « soap » pour équilibrer les épisodes. Si on ajoute que les arches sont aujourd’hui plus courtes, forcément la narration va « trop vite » et on ne peut pas être attrapé par ce qui arrive. Cela ne signifie pas de ne pas avoir d’intrigues de temps en temps légères mais avec un tel potentiel de soap, il faut que ça reste à la marche.

Cet épisode prouve aussi que quand on se focalise sur des personnages ultra forts, tout le reste suit. Et sans doute Nouveau jour, comme toutes les quotidiennes, a trop de personnages faibles pour emporter la partie et ils diluent sans doute l’intérêt. Le personnage de Franck (Bruno Solo) a par exemple trouvé tout son sel quand on l’a plongé dans une grande intrigue et il s’est révélé passionnant. Le centre de la série ce sont les Bartoli comme les Forrester sont le centre de Amour gloire et beauté. Quand les intrigues sont sur ce noyau central (avec secrets de familles, prise de contrôle de l’hôtel ou autres), la série est très forte, notamment grâce à la prestation absolument impeccable de Helena Noguerra en matriarche et Marion Aymé en « petite nouvelle » qui prend la lumière et qui est absolument formidable depuis le début.

Mais cet épisode a aussi les germes de ce qui peut coincer dans la série. Dans un tel épisode de tension, avec un vrai psychopathe dans la nature, que vient faire cette scène de discussion entre Gabriel et sa « mère biologique » alors que les autres sont en train d’essayer de sauver leur vie ? De même, il y a une règle en soap : ne jamais fermer de porte, ne jamais donner l’impression qu’une histoire se termine sinon on donne la possibilité au public de partir. Car même s’il y a un ou deux éléments laissés en suspens, la sensation de « fin » de quelque chose se fait ressentir dans les ultimes secondes de l’épisode. Alors qu’il faut toujours tendre le fil pour que le spectateur comprenne que l’histoire peut se relancer « plus tard » (finir la bagarre avec Clément au bord d’une falaise plutôt qu’un escalier avec le corps qui disparaît ; ou décider de « cacher » la mort de Clément sans être sûr qu’il le soit, …). C’est la force des soaps américains : on ne voit jamais les balises qui ouvrent et ferment une « arche » alors qu’en France, on ne voit que ça !

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Rédacteur en chef du pôle séries, animateur de La loi des séries et spécialiste de la fiction française
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