La justice a donné raison à Jean-Pierre Jouyet, secrétaire général de l’Elysée, ainsi qu’aux journalistes au Monde, Gérard Davet et Fabrice Lhomme. Ils ont été relaxés par la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris après avoir été poursuivis pour diffamation par François Fillon.
Retour aux origines du conflit
L’ancien Premier ministre et candidat aux présidentielles de 2017 avait porté plainte suite à la publication du livre Sarko s’est fait tuer par Gérard Davet et Fabrice Lhomme, relatant une conversation qu’il avait eue avec Jean-Pierre Jouyet dans le cadre d’un déjeuner. La révélation avait été particulièrement gênante pour François Fillon, dévoilant au grand jour son hostilité à l’égard de Nicolas Sarkozy. Selon les dires de Jean-Pierre Jouyet aux journalistes, l’ancien Premier ministre lui aurait demandé d’accélérer la procédure judiciaire visant Nicolas Sarkozy. Il l’aurait incité à « taper vite » pour reprendre les propos de Jean-Pierre Jouyet.
L’affaire des pénalités dans le collimateur de Fillon
François Fillon s’en prenait en réalité au remboursement des frais de campagne de 2012 assurés par l’UMP et non pas Nicolas Sarkozy lui-même. Ce dernier avait dépassé la plafond légal des dépenses autorisées de 363 615 euros qu’il avait dû rembourser au Trésor public avec les 150 000 euros qui lui avaient été versés pour mener sa campagne. On se souvient du fameux « Sarkothon », une opération servant à renflouer les caisses du parti grâce aux militants, qui avait été engagée après l’invalidation des comptes de campagne. Onze millions d’euros avaient ainsi pu être engrangés. Ces magouilles financières n’avaient toutefois pas échappé à l’œil des hauts fonctionnaires de Bercy et une information judiciaire avait été ouverte par le parquet de Paris le 6 octobre pour « abus de confiance », « complicité » et « recel ». Sauf qu’en attendant, Nicolas Sarkozy s’apprêtait à contre-attaquer et à revenir sur la scène politique, au grand dam de son ancien Premier ministre…
La justice a dit son dernier mot
Fillon avait dans un premier temps démenti ses propos dans une interview accordée au Journal du dimanche, puis il était passé à la vitesse supérieure en engageant une action en diffamation contre les deux journalistes du Monde et Jean-Pierre Jouyet. Le tribunal a aujourd’hui tranché en faveur des victimes. Il a suivi les réquisitions de la procureure Annabelle Philippe qui estimait que François Fillon pouvait considérer qu’il avait été gravement mis en cause mais que l’intérêt général des deux journalistes était évident, tout comme leur bonne foi.
#Jouyet relaxé dans l’affaire de son déjeuner avec #Fillon, les 2 journalistes du Monde aussi http://t.co/hwi8sog6Wi
— Chine Labbé (@Leparisdechine) 9 Juillet 2015
Clarisse Duppré