Rome, le 19 septembre, 18heures. Le quartier des boutiques de luxes abrite le siege du parti de Berlusconi. Les images du Cavaliere diffusées en direct sur la piazza San Lorenzo rassemblent un public surprenant. Des trentenaires italiens gomminés, bien léchés, aux costumes élégants ; des journalistes transpirants ; des touristes perdus, émergeant du Louis Vuitton opposé à l’antre de la Forza Italia. Que se passe-t-il? Deux jours après son « embarrassante » intervention video, Berlusconi decide d’organiser l’inauguration du nouveau siege de son parti. Le voilà confiant et souriant, apparaissant sur un écran géant.
Une Berlusconade en direct.
Berlusconi profiter de cette situation bancale pour préparer un énième retour sur la scène politique. Les résultats des élections italiennes de fin février surprennent le monde entier. Le centriste Mario Monti perd, avec 10% des votes, laissant la gauche – le Parti Démocratique – et la droite Berlusconienne obtenir un score approximatif de 29% chacun. Autrement dit, si on en croit les résultats, le gouvernement italien serait établit sur la base d’une coalition gauche…-droite?
Mais quand est-il du parti du populiste, le mouvement 5 étoiles, qui avait obtenu 25%?
Ni de gauche, ni de droite, car contestant franchement la situation politique, il n’aurait accepte aucune coalition. Que fait-on alors, une réforme électorale? Certainement pas. Et face à cet abominable coup du destin, les deux gagnants s’opposant acceptent finalement leur sort. La droite et la gauche acceptent de s’unir, obtenant ainsi une étrange majorité absolue. Mais le casse tête politique ne meurt pas, et Berlusconi en profite.
Retour vers le futur
La renaissance de son parti Forza Italia qui lui avait assure sa première victoire en 1994 lui donnerait-il une nouvelle jeunesse? Non, car Berlusconi a toujours le même visage, les mêmes cheveux, et cette même fausse jeunesse suggérée sur son visage orange et ridé. Il ne s’arrêtera donc jamais, même après avoir été condamné a 4 ans de prison (dont déjà trois amnistiés)? L’écran géant diffuse – par interférences et avec difficulté – le discours du Cavalière. Il nous informe qu’il a fait appel à la cour des droits de l’homme de Strasbourg pour de diminuer (encore) ses sanctions. Puis il répète les propos de son message de mercredi dernier, diffusé en direct de Milan sur les ondes italiennes. Accusant une fois de plus la magistrature de le persécuter, et affirmant encore qu’il n’est coupable d’aucun de ses crimes dont tant le croient coupable, il qualifiera par la suite cette gauche, dont son parti est partenaire, de « poussiéreuse », « communiste », et « incapable de se moderniser ».
Contrairement au reste du monde, l’Italie n’a pas de « gauche sociale », nous assure-t-il.
L’étrange bain de foule de Berlusconi
Le plus terrifiant reste que, « s’il n’y pas de résolution ferme sur l’obsolescence politique de Berlusconi (qui devrait se dresser à cinq ans) et sur son exclusion du parlement, il serait prêt pour une nouvelle campagne électorale » commente un jeune Napolitain de vingt-trois ans, étudiant en relations internationales.
Les journalistes fument nerveusement leurs cigarettes, tandis que les touristes, découragés par l’attente, quittent la place. Le reste du public attend sagement. Seuls les media et les vrais curieux restent, entourés de quelques fanatiques du Cavalière.
Les membres du parti quittent en premier l’établissement. Parmi les femmes, Alessandra Mussolini, Mara Carfagna, ex-mannequin et show girl anciennement ministre de la parité homme-femme, et l’ancienne ministre du tourisme Michela Brambilla, dont on a admiré les portes jartelles à la télévision en 2003.
Une femme agite fermement son drapeau vert, blanc et rouge, celui de la Forza Italia. Berlusconi sort enfin, en proie aux smartphones, aux caméras, aux yeux de tous. La foule l’entoure instantanément, il sourit, il est confiant.