Ce matin, le président bolivien Evo Morales à enfin pu quitter l’aéroport de Vienne après 13h d’une escale forcée. Cette « prise d’otage » d’un président en voyage officiel et se déplaçant à bord de son propre avion est tout bonnement insensée.
Ceci intervient après son départ de Moscou. Il y avait affirmé son soutien à Edward Snowden, l’analyste américain de la NSA ayant divulgué des informations sur les services secrets américains. Snowden était lui même présent sur place, en fuite et en attente de réponses à ses demandes d’asile.
Soupçonné de l’avoir embarquer, le président a été forcé d’atterrir, suite au refus de la France, de l’Espagne, de l’Italie et du Portugal de le laisser traverser leur espace aérien. Ah, le refrain suave des pays européens suivant la cadence des USA… Il faut dire que c’est une vieille histoire d’amour la Bolivie et l’Amérique du Nord, avec l’épisode Guevara par exemple. Emmené puis exécuté par les forces armées Boliviennes en 1967, la bonne époque ou la CIA avait encore la main mise sur l’Amérique du Sud.
Une fois à terre, l’avion à été inspecté, mais pas fouillé, et ses passagers contrôlés. Rien de suspect n’a été trouvé, mais on espère bien que l’analyste américain à été assez malin pour se cacher dans la soute. Quelque chose que la NSA n’aura pas vu.
Dommage qu’il n’ait pas de compte twitter, nous en revanche on aurait bien aimé voir une photo de lui et Evo, sirotant une paceña au bord de la Copacabana.
…Et Bruxelles crie au loup
Tous ces beaux pays de l’U.E, prix Nobel de la paix 2012 on vous le rappelle.
On ne sait trop pourquoi d’ailleurs… Ah, si, c’est vrai ! D’habitude on se tape une bonne grosse guerre mondiale tous les 30 ans, là on a tenu plus du double.
Ca méritait une médaille. Pour ce qu’on fait à l’extérieur, on repassera.
Tous ces beaux pays donc, ceux-là même qui s’indignent (gentiment…) de l’ampleur et de la violence de l’espionnage américain seraient alors si prompts à refuser le passage à un président ? Ce juste parce qu’ils le soupçonnent de transporter l’Homme auquel ils doivent la connaissance des agissements des Etats-Unis ? Bien.
Ne parlons pas de l’Angleterre qui, effectivement, apparaît plus crédible que le reste du vieux monde aux yeux de Big Brother, mais à quel prix. Enfin, ne les plaignons pas, apparemment la vassalité les ravit, ils remplissent parfaitement leur rôle de serf, qui veut une part du gâteau à la table des grands. Ce depuis de nombreuses années, comme nous allons le voir plus loin.
Et dire que la France menace de rompre le traité de libre-échange transatlantique pour sa part… Aboyer (ou plutôt japper) d’un côté et minauder de l’autre, belle manœuvre diplomatique, malheureusement pas très crédible. Tu m’étonnes qu’on se fait enfumer et espionner sans vergogne. C’est joli de « condamner fermement » et autre « c’est vraiment inadmissible alors… » à tout bout de champ mais ça fait, à la fois discours de Miss et je m’en foutiste complet.
Parce que, ça va deux minutes de faire les vierges effarouchées, mais l’espionnage c’est pas nouveau.
Les Etats Unis d’Amer-Hic
Back to the 70′s, oubliez les pattes d’eph, Abba ou Stevie Wonder et tous les clichés pouvoir des fleurs. Les noms qui nous intéressent sont moins groovy.
Watergate, Ukusa, Echelon, Intelsat… ou plus récemment PRISM. On vous aura prévenu.
Autant de noms qui gravitent autour d’un seul thème : les sulfureuses ou mégalomaniaques histoires d’espionnage américaines. A la fin des années 90, c’est déjà un scandale de ce genre qui révèle au monde l’existence du réseau mondial d’écoutes américain : Échelon. Des écoutes sont trouvées jusque dans le parlement européen. Ca sent le réchauffé.
Le réseau, mis en place dans les années 80, couvre la totalité des moyens de communications : du réseau internet intercepté via des capteurs posés sur des câbles sous-marins aux satellites pour la téléphonie, tout y passe. En 1997 la fondation Omega, chargée d’enquêter, conclut : « Toutes les communications électroniques, téléphoniques et par fax en Europe sont quotidiennement interceptées par la NSA ». Tout on vous dit.
Nous sommes donc au courant depuis plus de 15ans… et oui, à l’ouest rien de nouveau, sauf que là c’était pendant, puis post guerre froide.
Même si l’objectif premier de la NSA, créée en 1952, était d’informer, de coopérer avec, les militaires; les dérives politiques ou commerciales sont vite apparues. Steve Wright, chercheur à la Fondation Omega en parle déjà lors du rapport remit au parlement européen : « Bien que beaucoup d’informations [recueillies par le système] concernent de potentiels terroristes, il s’y produit beaucoup d’intelligence économique, notamment une surveillance intensive de tous les pays participant aux négociations du GATT (Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce) ».
En temps de guerre, pour surveiller un ennemi et anticiper ses actions, pourquoi pas, ça c’est toujours vu et ça paraît même banal. Mais dans le monde entier, pour chaque citoyen (sauf américain évidemment… ils sont protégés par la loi) c’est une putain de folie.
Surtout qu’aujourd’hui avec notre cher ami PRISM, c’est un level au dessus. Sous ce doux nom se cache l’espionnage possible (en direct et par une simple connexion à un portail) des serveurs de neuf géants américains de l’Internet, dont Microsoft, Yahoo!, Google et Facebook. Ajoutez à ça des petits gadgets ludiques du style la possibilité d’assister en direct également à une conversation skype et vous avez déjà un léger aperçu de la bête. Ou plutôt du monstre.
Mais, vous en faites pas, on fait pareil chez nous. Juste en moins bien, comme le cinéma ou les exils fiscaux.
Alors, sachez juste à l’avenir que, si vous faites un instant coquin avec votre partenaire de plaisir tout en prononçant des phrases type « T’es une bombe bébé, une vraie terroriste, que dis-je, Al-Qaïda tout entier. Tu m’as tellement allumé que je brille comme de l’uranium un soir de pleine lune » (comme souvent)… : un petit frustré à lunette vous écoute, vous mate et plus si affinité dans une salle obscure de Fort Meade, Maryland.
Souriez vous êtes matés. Bande d’exhibs.
Tonton Nono