Le réveil est encore dur ce matin à Washington DC, capitale fédérale des Etats Unis et bastion incontesté des démocrates depuis la fin des années 1980. Cette élection ne déroge pas à la règle puisque plus de 90% des Washingtoniens ont donné leur soutien à Hillary Clinton. Alors bien entendu comme le dit si bien une étudiante de l’université de Georgetown à Washington DC: « le 9 novembre… c’était comme se réveiller avec la gueule de bois »
Avec une population composée à 50% d’Afro-Américains et un âge moyen de 33 ans, Washington fait partie des bastions gagnés d’avance par les démocrates. Sur les trois dernières élections présidentielles, les habitants de la capitale fédérale ont toujours voté à plus de 90% pour le candidat démocrate. Cette année, Donald Trump n’a même pas réussi à atteindre les 4% dans le District de Columbia.
Le 8 novembre au soir, les Washingtoniens se sont effondrés. Durant des heures, ils ont continué à se convaincre qu’un retournement de situation était possible, incapables d’accepter un résultat qu’ils n’avaient même pas envisagé jusque là.
Récit d’une nuit cauchemardesque à Washington DC
Le début de soirée se passe sans accro. Tout le monde est convaincu que cette élection est jouée d’avance. Tout le monde est venu pour célébrer l’avènement de la première femme présidente des Etats Unis. A chaque Etat gagné par Hillary, c’est l’explosion de joie. Aucune ombre ne semble s’annoncer à l’horizon.
Les premières déconvenues n’ont pas un grand impact sur le moral des Washingtoniens. « Ce n’était pas prévu mais il n’y a rien d’inquiétant à ce stade » nous affirme l’un d’entre eux. « La Californie, les Latino et les Afro-Americains nous sauveront ».
Mais à partir de 00h15, l’ambiance devient fébrile. Petit à petit, les visages se ferment, certains commencent à pleurer. Ils ont compris mais ils refusent d’admettre ce qui leur paraissait inenvisageable quelques heures plus tôt. « Ce n’est pas possible! C’est un cauchemar! Ce mec c’est une blague! » lance dans un cri désespéré une jeune fille de l’assemblée. Mais les heures passent et les résultats sont de plus en plus accablants.
À 00h50, alors que le New York Times donne 95% de chances à Trump de gagner, les Washingtonians refusent d’ouvrir les yeux. L’un d’entre eux nous affirme: « Il faut juste qu’elle gagne le Michigan et la Pennsylvanie puis qu’elle gagne soit l’Alaska et le New Hampshire, soit l’Arizona. Ca risque d’être extrêmement difficile mais ce n’est pas impossible ».
Evidemment, la fait qu’Hillary refuse de reconnaitre les résultats n’aide pas ses supporters à réaliser ce qui est en train de se passer. La plupart sont trop abasourdis pour seulement accepter de nous parler. La tradition veut qu’après chaque élection les étudiants courent de leur université jusqu’à la Maison Blanche. Le convoi est annulé.
En route pour la Maison Blanche
Quelques uns décident tout de même de s’y rendre afin de manifester leur colère. Les supporters de Trump sont présents et célèbrent fièrement la victoire. L’un d’eux est perché dans un arbre avec un drapeau des Etats Unis dans les mains et domine fièrement la foule majoritairement composée d’étudiants des différentes universités de la ville.
A 2h45, des affrontements éclatent entre les deux camps. Des activistes de BlackLivesMatter entrent en conflit avec une supportrice de Trump qu’ils accusent ouvertement de racisme. Un groupe d’étudiants Latino-Americains brule une casquette « Make America Great Again ». Une jeune femme perd patience face à un groupe de Trumpistes bruyant: « Vous vous devez de respecter mon vote! ».
La police dissipe le rassemblement avant qu’il ne devienne trop violent. Mais le lendemain après-midi, malgré les discours de Trump, d’Hillary et d’Obama sur la nécessité d’un rassemblement du peuple américain, une jeune femme nous confie: « Obama doit peut être l’accepter du fait de sa position mais je ne dois rien à Donald Trump et il n’est certainement pas mon président. »