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Obama sait tout de toi

L’Utah Data Center

Les récents aveux de l’ex-collaborateur de la NSA (National Security Agency), le désormais mondialement connu Snowden, mettent en lumière une pratique aussi effrayante que puissante : l’espionnage informatique. Nous ne sommes pas dans un roman d’Orwell, mais dans la démocratie la plus puissante de la planète : bienvenue aux Etats-Unis d’Amérique.

Après les macabres événements du 11 Septembre 2001, l’ancien président George W. Bush lance le discret programme nommé « Veille informationelle intégrale ». Invalidé par le Congrès en 2003, pour violation de l’espace privé des américains, il poursuit cependant sa route dans l’ombre. Jusqu’en 2004 où il est légitimé par le « Terrorist Surveillance Program ». La NSA peut désormais passer à la vitesse supérieure, et avec un budget annuel de près de 10 milliards de dollars, les projets de la très célèbre agence vont bon train. Cette année voit l’ouverture d’un nouveau centre de traitement et d’analyse des données : l’Utah Data Center. Oncle Sam serait-il également Big Brother ?

Ce centre, construit dans la plus grande discrétion, est révolutionnaire. Par sa puissance comme par son but : lire et analyser des milliards de données, puis les conserver. Et avec près de 9200 mètres carrés de serveurs, ce n’est pas la place qui manque. On rappel qu’avec les technologies actuelles, on peut stocker 1 tétra-octet dans un espace de la taille de votre petit doigt. Je vous laisse vous imaginer, cela représente 250 milliards de DVD. Dans ce centre mystérieux, les techniciens côtoient des agents de sécurités d’élite. La station a effectivement été construite comme une véritable base militaire. Capable de survivre de façon autonome pendant 3 jours en cas d’intempérie et protégee par de hautes barrières, elle est défendue comme une base militaire.

L’Utah Data Center a de quoi inquiéter. D’autant qu’on ne sait pas réellement ce qu’il s’y passe. Et si, vos e-mails, vos appels, vos achats étaient surveillés et analysés ? Pas de quoi avoir peur de Facebook, de toute façon, il n’existe plus de vie privée.

La Data, c’est toi, c’est vous, c’est moi

Le but officiel du centre est le suivant : repérer les activités terroristes partout dans le monde, afin de pouvoir prévenir leurs actions en amont. C’est une tâche effectivement louable, si ce n’est essentielle. Mais la NSA est tout de même réputée pour savoir joindre l’utile à l’agréable. Ainsi, en sous couche de cette noble vigilance, n’y a-t-il pas un but officieux de collecte mondiale d’information ? Après tout, les agences américaines ont rarement été les dernières pour ce qui est de la surveillance des citoyens. En leur temps Hoover et le FBI faisaient trembler les plus puissants, et les autres également. En période de guerre froide, on justifiait l’espionnage national bien facilement. Pour des raisons de sécurité, on n’hésitait alors pas à collecter un maximum de renseignements sur tous les citoyens. Einstein lui même, en fut victime. Mais le contexte était différent, et la tension internationale bien plus intense.

Comment justifier, aujourd’hui, qu’une agence de sécurité américaine, espionne des gouvernements étrangers, en allant même jusqu’à ses propres alliés ? Comment justifier que la NSA ait acquis une capacité d’écoute internationale allant jusqu’à 1,5 milliards de coups de fil par jour ? Sommes-nous tombés dans l’e-guerre froide ?

On sait, depuis quelques temps, que les données informatiques, ces fameuses « data » sont le nouvel eldorado des investisseurs. De là à s’imaginer qu’un pays étranger peut potentiellement savoir tout ce que vous faites sur n’importe quel engin connecté à internet, il y a un monde. Un monde que la NSA semble franchir avec joie. Et la France, comme tous les pays équipés, n’est pas en reste. Nous serions donc espionnés par le monde entier ? Adieu vie privée …

Trop tard, alors tant pis

Il va nous falloir pourtant apprendre à vivre ainsi, surveillés. Nos faits et gestes virtuels intéressent les marques, mais également les gouvernements. Nous sommes cernés par les serveurs. Votre marque de caleçon préféré ? Google le sait. Obama aussi. On en tomberait, pour peu, dans la paranoïa … Et pourtant, on préfère en rajouter une couche en dévoilant, affront aux milliards dépensés en surveillance, notre intimité sur Facebook. Après tout, si notre vie intéresse tant les gouvernements, si des milliards ont besoin d’être dépensés pour savoir qui commence à comploter, qu’il en soit ainsi. Quitte à vivre observés, autant ne même plus essayer de rester cachés. Cette attitude est désolante, mais puisque le choix ne nous revient pas … Autant prendre en considération les particularités du monde d’aujourd’hui et apprendre à vivre avec. Au pire, il nous reste les lettres. La Poste est encore trop mal organisée pour pouvoir nous espionner.

Pourtant, il n’y a pas de quoi se réjouir, ni de quoi être fier. Notre liberté reste la même en surface, mais quelle impression désagréable. Nous ne pouvons malheureusement rien faire d’autre que laisser faire cette course à l’information, aussi futile que dépensière. Après tout, depuis quelques années, entre Twitter et autres Instagram, notre vie privée est tombée dans le domaine public. Alors moulinez des serveurs, messieurs des gouvernements, même si il semble que vous ayez mieux à faire.

Post-Scriptum : Iran, bombe, terrorisme, attentat, polygamie … Comme ça on est sûr qu’ils tomberont dessus.

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