Présentée au Festival Séries Mania au printemps 2017, La forêt a été l’événement de France 3 et est disponible sur Netflix.
C’est quoi La forêt ? Dans un village des Ardennes, Jennifer, seize ans, disparaît en pleine nuit. Le capitaine Gaspard Deker mène l’enquête avec Virginie Musso, la gendarme locale, qui connaît bien la jeune fille. Ils sont aidés par Eve, une femme solitaire et mystérieuse.
Un thriller efficace et stylisé
La série de France 3, La forêt a été présentée en avant première à Séries Mania en 2017 où elle a fait plutôt sensation. Nnous avons eu la chance de la voir en intégralité : l’intrigue est rapidement lancée et accroche immédiatement le spectateur.
Sans rien révolutionner – une forêt et une enfant / une ado qui disparaît, c’est un peu tout ce qui marche en fiction depuis des années – La forêt n’en demeure pas moins une série très bien écrite et magnifiquement mise en scène par Julius Berg, et portée par un casting 5 étoiles. Peut-être trop « 5 étoiles » car la trop forte présence de guests dans une série nuit un peu au processus d’identification que ce genre de fiction requiert. Mais on ne boude son plaisir à aucun moment des 6 épisodes que compte cette histoire. Et si visuellement, la série est très différente de Zone Blanche sur France 2, impossible de ne pas être troublé par la proximité de thèmes et de genre sur deux séries du même groupe audiovisuel. En revanche et c’est plutôt une bonne nouvelle en terme de narration, La forêt n’oublie jamais d’aller dans les pires noirceurs de l’âme humaine comme le montre chacun des 6 segments.
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Pour ménager son suspense, La forêt sait passer par différentes étapes qui ne peuvent que plonger le spectateur que nous sommes au cœur du cauchemar. Une horreur succède à une autre et si une parenté quelconque avec Broadchurch serait tentante, la série est bien assez différente pour ne jamais lasser ce qui ont vu de nombreux polars noirs.
Une nouvelle aventure pour France 3
La forêt sous des airs bien connus comme nous le disions, entraîne France 3 dans une nouvelle direction intéressante. On dit souvent que les chaînes rechignent dès lors qu’un thème anxiogène pointe le bout de son nez, mais ce n’est assurément pas le cas ici. Parler de manière aussi forte de pédophilie par exemple, c’est une voie que la chaîne n’avait encore pas prise (en tout cas pas sur la durée dans une série). L’effroi n’est jamais bien loin pour le spectateur qui tremble pour les personnages. La noirceur de l’histoire comme double négatif des sublimes plans de réalisation, voilà un mélange qui trouble. S’ajoute à ça une interprétation haut de gamme d’une grande partie du casting : passé le temps d’adaptation nécessaire, Samuel Labarthe (Les petits meurtres d’Agatha Christie) excelle et son duo avec l’excellente Suzanne Clément (Mommy de Xavier Dolan ou Unité 9) fait mouche ; très belle confirmation pour Alexia Barlier (Falco) qui trouve enfin un rôle à sa mesure ; enfin Patrick Ridremont (En immersion) nous bouleverse comme d’habitude par son jeu. Mais il faut saluer la performance incroyable de Nicolas Marié (Les hommes de l’ombre) qui, sans rien dire sur sa partition, s’empare d’un rôle qui le marquera pour longtemps.
Si on ne lâche rien durant 6 épisodes et si certains twists sont parfois un peu convenus (la toute fin est un peu légère), La forêt frappe juste et il convient de saluer notamment le remarquable épisode 6 qui explore en partie les conséquences du crime sur les personnages et la communauté. Assez bluffant !! Le résultat global donne une mini série réussie qui marque cependant le bout (enfin on l’espère) du genre très répandu de la « disparition forestière d’enfants ».