Donald Glover vu dans Community revient avec Atlanta, une série diffusée sur la chaîne câblée FX. Un premier épisode plein de promesses dessine une série plus subtile qu’elle n’en a l’air.
C’est quoi Atlanta ? Deux cousins se tournent vers la scène rap d’Atlanta. Mais leurs points de vue opposés sur la différence entre art et commerce, le succès et les races ne vont pas leur faciliter la tâche. [youtube id= »MpEdJ-mmTlY »]
Avec son personnage de Troy Barnes dans Community, Donald Glover s’est assuré une certaine popularité. Mais si la comédie de Dan Harmon affichait clairement son étiquette, Atlanta qui a débuté sur FX ce mardi 6 septembre est plus trouble à décrypter, mais pas moins intéressante bien au contraire. D’un format de 30 minutes, Atlanta est une comédie dramatique écrite et produite par Glover et dans laquelle il joue Earn, un homme en proie à un marasme professionnel, marié et chargé de famille, mais dont le mariage est à l’agonie. Il propose à son cousin, un rappeur qui décroche son premier tube, de devenir son manager.
Ce premier épisode est très subtil et intelligent et évite tous les travers et les chausses trappes dans lesquelles il aurait été aisé de plonger. En oscillant avec une parfaite régularité entre comédie et drame mais sans jamais allé trop dans l’un ou dans l’autre, Atlanta est une dramédie qui n’oublie ni d’être pertinente, ni d’affûter son esprit critique sur toutes sortes de sujets de société, là où le sujet aurait pu prêter le flanc à la caricature. Atlanta évite ces écueils avec aisance et se permet d’alterner des moments réalistes tragi-comiques et même une séquence flirtant avec l’onirisme poétique sans que la justesse de l’ensemble ou son équilibre ne soient pris en défaut.
La grande force de la série est qu’on y sent une sincérité et une conviction loin de tout état d’esprit poseur qui force l’admiration. Une séquence notamment où Earn rend visite à ses parents est particulièrement symptomatique de ce désenchantement latent qui escorte la série où Donald Glover pondère avec maestria les différents sentiments qu’il diffuse. Atlanta c’est également en creux le portrait d’une génération en manque de repères et qui tente de survivre dans ce monde tentaculaire et carnivore. Ce n’est pas pour autant une œuvre désespérée mais elle décrit avec acuité les difficultés rencontrées par un jeune homme, noir de surcroît, dans une société moderne gangrenée par le racisme et les idées préconçues n’empêchant pas pour autant Earn d’espérer encore attraper sa part du rêve américain. L’humour est bien là, cinglant, avant de laisser la place à un réalisme cru qui n’a pas peur de ruer dans les brancards, de dire les choses avec virulence sans prôner pour autant une vision politique abrasive à la Spike Lee. Fort de tous ces atouts, Atlanta bénéficie également d’une mise en images particulièrement réussie qui met en valeur la ville du titre et qu’on découvre sous toutes ses coutures. C’est aussi une série où les comédiens (Brian Tyree, Keith Stanfield, Zazie Beetz… ) s’en donnent à cœur joie, Donald Glover en tête. Mais surtout ce dernier impose sa petite musique qui a la politesse de s’adresser à tous et qui se montre virevoltante à conter à la fois la solitude et l’espoir dans un même mouvement de métronome qui fait d’Atlanta une magnifique surprise.
Crédit: FX