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On a vu pour vous… le pilote de Quarry (Cinemax)

Pour la rentrée des séries, Cinemax est parmi les premières chaines à dégainer : elle ouvre le feu avec Quarry, diffusée en France sur OCS Choc en US+24.

C’est quoi, Quarry ? En 1972, Mac Conway (Logan Marshall-Green) rentre à Memphis après plusieurs missions au Vietnam. Mais le retour est loin d’être évident : tenu pour responsable d’un grave incident sur le terrain, traumatisé par la guerre (à l’époque, on ne parle pas encore de syndrome de stress post-traumatique), il fait face à l’hostilité générale et a bien du mal à obtenir un emploi ou à retrouver ses marques aux côtés de sa femme Joni (Jodi Balfour). Lorsqu’il est contacté par un homme se faisant appeler The Broker (Peter Mullan), Mac refuse de mettre à profit ses talents de tireur d’élite pour devenir tueur à gages. Mais pour aider un frère d’armes (Jamie Hector) qui, lui, a accepté le marché, il revient sur sa décision. Et les choses vont mal tourner. 

Pour la promotion de sa nouvelle série, librement inspirée d’une série de romans de Max Allan Collins (2 titres seulement disponibles en France), Cinemax a volontiers dressé un parallèle avec Banshee, série violente mais remarquable qui vient de s’achever au terme de la saison 4. Si l’on retrouve effectivement le même ton et les mêmes explosions de violence brusques, il est un peu tôt pour valider ou démentir la comparaison. Le rythme est toutefois plus posé et, au terme du pilote d’une heure et quart, on pense davantage à un personnage comme le Bosch de Michael Connelly ou à Hap & Leonard, mini-série diffusée il y a quelques mois sur Sundance TV, avec laquelle Quarry partage un même cadre spatio-temporel – à savoir le Sud des Etats-Unis, au lendemain de la guerre du Vietnam.

Mac Conway – alias Quarry, nom de code qu’il adoptera plus tard – ne nous est pas tout à fait inconnu. On a déjà vu ce genre de mec paumé, tourmenté et dépressif. Un anti-héros hanté par ce qu’il a vu et fait en temps de guerre, incapable de trouver sa place dans la société ou dans sa famille, et qui transforme sa frustration en colère, parce qu’il est un survivant, mais sans bien savoir contre qui la retourner.  D’abord un peu simpliste et desservi par des séquences oniriques faciles, le portrait gagne en profondeur et en finesse cours des épisodes. Charismatique sur le papier, le personnage doit ici beaucoup à son interprète, Logan Marshall-Green. Il a le physique de l’emploi – silhouette sèche et traits tirés à la Rust Cohle de True Detective – et un jeu nerveux qui souligne une tension.

Couple au bord de la crise de nerfs

Couple au bord de la crise de nerfs

Difficile de juger de la performance des autres acteurs en un seul épisode, mais l’on devine déjà le potentiel d’une galerie de personnages hauts en couleur. Ne vous réjouissez pas trop vite de la présence de Jamie Hector (The Wire) au casting ; le Britannique Peter Mullan semble un Broker convenable malgré un accent forcé ; l’excellent Damon Herriman (déjà génial dans Justified) étonne en tueur déjanté. Quant à Jodi Balfour, l’épouse de Quarry, elle est déjà formidable dans le pilote et son personnage se développe par la suite ; la dynamique entre les deux acteurs fonctionne parfaitement, dans des séquences pleines d’agressivité retenue.

L’intrigue en elle-même, aussi intéressante soit-elle, n’est pas d’une originalité renversante. On a l’habitude de ses situations qui partent à vau-l’eau, où le héros s’enfonce et court à la catastrophe car rien ne se déroule comme il l’avait prévu. Elle réserve toutefois quelques surprises, – surtout pour ceux qui n’ont pas lu les livres, auxquels les débuts de la série sont assez fidèles. Pour l’instant, Quarry frappe surtout par son ambiance. On est dans l’Amérique profonde, dans le Sud conservateur. Et plus précisément dans le Mississippi poisseux avec sa chaleur poussiéreuse, ses marais glauques, ses églises alignées le long des routes désertes, le Memphis des intérieurs de banlieue défraîchis et des vieilles bagnoles déglinguées. Le soin apporté aux décors et aux détails, la lumière et la photographie apportent une texture à part, qu’accentue encore une bande-son en totale adéquation, avec notamment une jolie sélection de blues et de soul. Qui peut résister à Otis Redding ?

Cet environnement se conjugue à la peinture d’une époque précise, retranscrite en images (tenues d’époque et  pilosité faciale incluses) mais surtout dans l’arrière-plan. L’action se déploie par exemple avec en fond la guerre du Vietnam et ses séquelles, ou les élections qui verront la victoire de Nixon. Cette tonalité historique, bien plus qu’anecdotique, permet à Quarry d’explorer les problématiques de l’époque,  dans  une ville encore traumatisée par l’assassinat de Martin Luther King, survenu à peine 4 ans auparavant.

Tueur à la dérive

Tueur à la dérive

Il ne manque pas grand-chose au pilote de Quarry, un peu trop long, pour être totalement convaincant. Les personnages sont encore à l’état d’ébauche, l’intrigue est posée mais reste un peu convenue bien que déjà prenante. Cependant, on distingue nettement tout le potentiel d’une série qui impose d’emblée son univers et son ambiance.  C’est largement suffisant pour qu’on ait envie d’y revenir – surtout quand les épisodes suivants gagnent en intensité et affinent les personnages. Un petit ajustement, et Quarry pourrait bien atteindre sa cible…

Pilote: 7.5/10
Casting: 7/10
Scénario: 7/10
On y revient?: 8/10

Quarry8 épisodes (Cinemax)

En France sur OCS Choc le samedi à 20H40.

Crédit photos : Cinemax / OCS

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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