C’est le 7 septembre que France 2 lance Marianne, sa très réussie nouvelle série policière, portée par une Marilou Berry épatante.
C’est quoi Marianne ? Marianne Vauban est juge d’instruction. Une femme au franc-parler réjouissant, aux méthodes surprenantes et à l’humanité certaine et rayonnante.
Accompagnée du capitaine Pastor et de son fidèle greffier Yves, Marianne doit faire preuve de toute son expérience, sa sagacité et son humanité pour instruire des affaires complexes et savoureuses qui nécessiteront de s’immerger dans l’univers de la danse country, de se confronter à une médium spécialisée dans la communication animale, de résoudre le crime d’un chauffeur routier fan de Bela Bartok, de devenir incollable en thanatopraxie, de décortiquer les coulisses d’un cabaret…Parallèlement à ses différentes enquêtes, Marianne va mettre un point d’honneur à réveiller une justice endormie autour d’un cold case qui la touche profondément : l’assassinat d’une prostituée il y a dix ans.
La jeune femme était mère d’un petit Zacharie, aujourd’hui adolescent surdoué, placé en famille d’accueil et à qui Marianne voue une tendresse particulière. Elle compte tout faire pour démasquer l’assassin de sa mère.
L’essentiel
Marianne c’est la nouvelle série policière qui entend bien un dépoussiérer un genre éculé sur les antennes de France Télévisions. Si vous appréciez l’ambiance « Meurtre à … » de la chaîne, oubliez tout, ça n’a rien à voir. Marianne lorgne plus du côté de Capitaine Marleau dont elle a des traits en commun, mais avec un soin apporté au jeu et à la mise en scène d’un niveau au dessus. A l’écriture de cette série, on retrouve notamment deux anciens des Guignols (période Gaccio), Alexandre Charlot et Franck Magnier, à l’écriture incisive, maline et référencée. Toute la série jusqu’à la composition de la musique rend hommage à tout un pan de la culture polar que l’on aime tant, pour en faire un projet à l’identité bien définie. D’ailleurs, une des 3 réalisatrices de la série, Myriam Vinocour, est une ancienne directrice de la photographie et ça se voit dans cette série à l’image soignée.
Sur la forme, la série examine 2 cas par épisode : un cas décalé qui ne sort pas du bureau de la Juge et propice à des joutes verbales à déguster ; la grosse enquête de l’épisode qui, à la manière d’un Maigret, s’intéresse à un milieu social différent à chaque épisode. Et pour mieux insister dessus, la série n’a pas recours à des guests trop « encombrants ». S’ils sont des visages connus, ils ne font jamais passer leur personnage derrière leur renommée !
A ces deux cas s’ajoute un fil rouge, qui n’occupe qu’une petite partie de chaque épisode, souvent la fin !
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On aime
Le ton général de cette série fait qu’elle ne ressemble à aucune autre. Il y a quelque chose de délicieusement rétro dans Marianne qui va du générique à la BO qui rappellent les polars new-yorkais de Spillane, en passant par une ambiance à la Agatha Christie qui aurait écrit ses romans en 2022 assez agréable à suivre.
On prend plaisir aussi à se glisser dans les pas d’une série qui balance entre le décalé et le mélancolique, un alliage puissant qui lui donne une identité certaine. L’autre atout fort de la série réside dans son casting de rôles principaux : le procureur Konate qu’incarne Denis Mpunga est à la fois glaçant et jouant sur sa propre carricature ; le duo formé par la juge et Pastor (Alexandre Steiger) est un des plus réussis depuis très longtemps. On dirait Hercule Poirot et Hastings chez Agatha Christie. Leurs échanges autour d’une pâtisserie différente à chaque épisode sont vraiment savoureux.
Mais la véritable pépite de cette série s’appelle Marilou Berry. La comédienne n’est pas une découverte bien entendu mais elle constitue une véritable révélation dans cette série. A l’image de Peter Falk dans Columbo, tout a été soigneusement soigné dans la fabrication de son personnage : son look atypique, son entourage limité qui se résume à un furet et des aventures régulières avec son ancien partenaire flic (devenu une sorte de détective privé pour elle), sa voiture 1 superbe 2CV du plus belle effet, son goût pour l’écoute de musique type fanfare poussée au maximum sonore en arrivant sur les lieux d’une scène de crime, et enfin ce phrasé si particulier couplé à un sens prononcé de la punchline. Tout contribue à faire de Marianne une vraie belle création d’un personnage de polar hors du commun, rappelant les classiques de la littérature et qui rend autant hommage à la culture policière francophone qu’anglo-saxonne. Marilou Berry nous offre une prestation remarquable et remarquée qui positionne d’emblée le juge Vauban comme futur personnage marquant de la télé. Ses dialogues délicieusement has been par moment achève de la positionner dans un registre qui n’appartient qu’à elle. Et son look n’est pas s’en rappeler Simone Signoret dans une série qui s’appelait … Madame Le Juge !
On aime moins
Si on déguste les intrigues secondaires judiciaires décalées qui nous évoquent par moment l’univers doux-dingue de David E. Kelley, on est moins fan des intrigues policières centrales, très classiques et qui ne renouvèlent que trop peu un genre sur-représenté à la télévision. On aurait aimé face à un tel personnage des intrigues spécifiques, plus proches du « crime parfait ». Du reste, les personnages sont en revanche tellement soignés que jamais ces enquêtes un peu en dessous ne nous font oublier l’intérêt que l’on a pour la série.
De même, on regrette la trop faible présence du fil rouge qui ne sert qu’à boucler les épisodes. Même le final de la saison ne permet pas de plus voir cette intrigue développer. Tout au plus sert-elle à faire avancer la très jolie relation entre Marianne et le fils de la victime, Zacharie, surdoué de son état qui entend bien faire avancer l’enquête sur la mort de sa mère, au point mort depuis quelques années, et véritable fardeau que traîne la juge.
Marianne
6×52 minutes
Sur France 2 dès le 7 septembre et déjà sur Salto