Romance, secrets, trahisons et mystères : ce sont les ingrédients de la série espagnole Gran Hotel, dont Chérie 25 vient de lancer la diffusion à son tour.
C’est quoi, Gran Hotel ? Espagne, 1905. Julio (Yon Gonzales), un jeune homme de la classe ouvrière, est à la recherche de sa sœur. Accusée de vol, elle aurait été renvoyée de son travail de gouvernante du prestigieux Gran Hotel. La propriétaire, Teresa Alarcón (Adriana Ozores), dirige l’établissement d’une poigne de fer, tout comme elle régente la vie de ses trois enfants. Ne croyant pas à la version officielle, Julio se fait engager sous un faux nom et se mêle aux employés. Il se lie avec un autre serveur, Andrès (Llorenç Gonzales), et avec la benjamine de la famille Alarcón, la jolie Alicia (Amaia Salamanca). Celle-ci accepte de l’aider à découvrir ce qui est arrivé à sa sœur, en enquêtant dans les couloirs de l’hôtel. Mais ce sont de lourds secrets qui s’y cachent, certains menaçant directement la famille Alarcón.
Si l’on veut faire vite, on décrit Gran Hotel (diffusée de 2011 à 2013 sur Antena 3) comme un Downton Abbey espagnol parce que les deux séries commencent au début du XXème siècle et font se côtoyer nobles et domestiques dans un même espace. Mais la comparaison atteint vite ses limites car contrairement à sa cousine britannique, si Gran hotel montre l’évolution d’une société et des mœurs de l’époque (apparition de l’électricité, premières automobiles, morale des années 1900), elle s’en sert comme toile de fond à une sorte de soap opera en costumes, avec tout ce que cela suppose de rebondissements improbables, d’arcs narratifs complexes et de personnages romanesques.
Dès le pilote, le cadre et les principales intrigues sont posés : nous découvrons le Gran Hotel et ses occupants à travers les yeux de Julio, qui cherche à élucider la disparition de sa sœur Cristina – une intrigue qui aura des répercussions jusque dans la dernière saison. Ce premier épisode met aussi en place les deux grandes trames transversales de la série, à savoir la relation entre Julio et Alicia, et la traque d’un tueur en série sévissant dans la région.
Nous faisons évidemment la connaissance des personnages, à commencer par les propriétaires de l’hôtel. Soit la redoutable Teresa Alarcón, ses trois enfants et son homme de confiance : la douce Alicia ; Javier, un pauvre bougre irresponsable qui partage son temps entre les tavernes et les maisons de passe; Sofia qui souhaite que son époux prenne la tête de l’hôtel ; l’ambitieux Diego, que doit épouser Alicia. Parmi le personnel, le maître d’hôtel Benjamin et son homologue féminine Angela (Concha Velasco) dirigent les femmes de chambres et serveurs. L’inspecteur Alaya (Pep Anton Munoz) complète la galerie des protagonistes : bienveillant et perspicace, il a un faux-air d’Hercule Poirot (Il sert d’ailleurs directement d’inspiration à une certaine Agatha Christie, de passage au Gran Hotel).
En terme de personnages et de rebondissements, Gran Hôtel est ce que les Espagnols appellent un culebrón. Même si la série infléchit légèrement le portrait des antagonistes en leur donnant un peu plus de profondeur dans les derniers épisodes, les protagonistes sont soit les gentils (Julio, Alicia, Andrès et Alaya) soit les méchants. Tous sont emportés dans une succession effrénée de péripéties improbables : disparitions, tueur en série, bébés échangés à la naissance, enfants cachés, mariages arrangés, grossesse simulée, réapparition de personnages supposés morts, adultères, trafic de drogue, incendie, complots, lettres volées, enlèvements, duels, procès, suicides… N’en jetez plus !
En outre, la mécanique se répète inlassablement : Julio et Alicia enquêtent discrètement afin de résoudre un mystère ourdi par Teresa et Diego, ils peuvent compter sur la complaisance du commissaire Alaya, et la résolution aboutit à la découverte d’un autre secret. En fil rouge, la romance entre Julio et Alicia répond à tous les critères du genre : un coup de foudre réciproque entre un beau ténébreux et une douce jeune fille, mais un amour impossible en raison d’obstacles a priori insurmontables et notamment la différence de classes sociales. C’est convenu, parfois sirupeux avec une musique mielleuse et les regards enfiévrés des deux acteurs, mais ce n’est pas déplaisant pour autant et ce côté romanesque s’intègre parfaitement au récit.
Dans le genre, Gran Hôtel est une histoire dense et haletante, riche en cliffhangers magistraux et où on ne s’ennuie pas une seconde. Multipliant les intrigues, elle concilie en outre plusieurs registres – série policière, drame, romance, comédie… La traque du tueur au couteau d’or prend des allures de thriller ; le personnage de Javier et ses déconvenues amoureuses sont de purs moments de comédie; le commissaire Alaya est au centre de plusieurs enquêtes policières ; les relations houleuses entre Sofia et son mari empruntent au drame bourgeois. La disparition de la sœur de Julio n’est que le point de départ d’une multitude d’histoires, certaines se limitant à un ou deux épisodes quand d’autres courent sur plusieurs saisons voire toute la série. Dans tous les cas, Gran Hotel sait comment créer le suspense et provoquer la frustration, de sorte qu’on se laisse facilement prendre au jeu.
Redoutablement addictive, Gran Hotel a cartonné en Espagne et c’est même l’une des premières séries espagnoles a avoir rencontrer un écho à l’étranger. Suffisamment, en tous cas, pour donner lieu à une adaptation américaine : version modernisée se déroulant de nos jours à Miami, le Grand Hotel produit par Eva Longoria n’a toutefois duré qu’une seule saison.
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Gran Hotel est un excellent culebrón, un feuilleton d’époque avec d’innombrables péripéties dignes des meilleurs soap opera. Si un bon cocktail de mystères, de suspense, d’amour et de trahison vous tente, installez-vous au bar du Gran Hotel : vous allez être servi.
Gran Hotel (Antena 3)
39 épisodes de 70′ environ.
Disponible en DVD