Véritable pépite de France 3 quand elle tentait autre que du polar, La vie devant elles saison 1 est une sublime réussite à revoir sur France.TV.
C’est quoi La vie devant elles ? Les sirènes déchirent soudain la quiétude de Chambries, commune du bassin minier du Nord-Pas-de-Calais. Une fosse vient d’être frappée par un coup de grisou. L’accident a enfoui trois hommes, et un secret, leur secret. La mine s’interroge. Que faisaient les trois hommes dans cette galerie abandonnée loin de la place qu’ils devaient occuper ? Avant même de penser à leur chagrin, trois jeunes filles, Alma, Solana & Caroline, vont devoir se battre pour l’honneur de leurs pères. Non ils ne se fréquentaient pas, non ils n’étaient pas amis. Seule la mine est coupable, la sécurité n’était pas respectée, l’ingénieur doit être condamné… Elles devront aller jusqu’au procès pour voir affirmer la responsabilité de la mine. Le verdict soulagera les trois jeunes femmes, mais leur existence sera chamboulée, car en cherchant la vérité ce sont de lourds secrets qu’elles exhumeront du passé.
La vie devant elles, chronique de femmes
« Alma, Solana, Caroline. Trois adolescentes nées à la fin des années 1950, trois destins croisés issus d’un même malheur : la disparition tragique de leurs pères au fond d’une mine, à Chambries, dans le nord de la France. Depuis, elles se sont juré une amitié éternelle. Ensemble, elles vont quitter les années « lycée », entrer dans l’âge adulte, découvrir l’amour, la maternité, le travail – bref, grandir et s’affirmer dans la vie. Tel est le cadre dans lequel nous avons voulu inventer Nos meilleures années à la française, dont La Vie devant elles constitue le premier opus. Trois femmes, témoins d’une époque où la prospérité économique et le plein-emploi, les utopies des lendemains qui chantent, l’émancipation des femmes, la libération sexuelle, l’exubérance disco se sont brisées sur le déclin industriel d’une région, l’extinction lente du monde ouvrier, le reflux des espérances politiques, l’apparition du sida, la montée des tensions en banlieue, les années fric… » (Dan Franck et Stéphane Osmont, scénaristes)
Utiliser le drama pour raconter le passé et, par ricochet, le présent est un mécanisme que les séries américaines savent utiliser. Les séries françaises moins, même si Un village français ne s’en privait pas. La vie devant elles essaye de le faire et le fait même bien, en tout cas dans le cadre assez serré qui est le sien à savoir celui de la série en 6 épisodes.
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Avant tout, La vie devant elles est l’histoire de 3 jeunes femmes, à la fin des années 70, période de grands changements, socio-économiques. La série prend donc bien le temps de nous caractériser ces personnages, leur relation avec leur père, leur cadre familial. Souvent mal maîtrisée, la caractérisation des personnages est ici réussie, l’accident dans la mine devenant le climax de l’épisode 1. Caractérisation réussie car personnages immédiatement attachants, portés il faut bien le reconnaître par 3 comédiennes très douées, mention spéciale pour Stéphane Caillard, réellement magnétique, tout à la fois tendre, fragile et touchante et qui devient progressivement au fil de la saison, le personnage central.
Une narration soignée
L’histoire. Intéressante même si parfois un peu décousue. L’ellipse de temps après l’épisode 2 surprend un peu. Le processus d’identification aux personnages fonctionne bien mieux quand l’action se déroule exclusivement aux Chambries. Mais le changement de cadre est nécessaire car l’ambition est bien de montrer l’évolution de ses 3 jeunes femmes. Stéphane Osmont, co-auteur de la série, nous confie même que leur volonté serait de raconter « le destin de ces 3 femmes jusqu’au milieu des années 2000 » et ainsi raconter l’histoire de notre pays au travers de celle de ces femmes.
Pour une fois, la série ne s’embarrasse pas d’un fil rouge alambiqué, trop polar, qui éloignerait la série de son but premier. De manière même plutôt maline, elle installe une histoire qu’elle n’entend pas terminer à la fin des 6 épisodes. Elle pose les bases d’une histoire vaste qui pourrait se poursuivre sur 3, 4 ou 5 saisons. A la fin du 6ème épisode, des réponses sont apportées à l’une des parties de la trame principale mais on ouvre aussi sur la suite. La vie devant elles se construit au fil des épisodes, que des révélations surviennent à la fin mais que, comme dans toutes les séries, ces révélations ouvrent sur autre chose.
La vie devant elles mais la musique avec elles
La vie devant elles est enfin une série qui utilise très bien la musique, plus présente au début d’ailleurs qu’à la fin de la saison. De Christophe à Leonard Cohen, la série raconte son époque au travers de quelques morceaux qui l’on traversé.
La musique épouse aussi bien le changement de la société que celui des personnages comme l’explique Gabriel Aghion, réalisateur des 6 épisodes. Quand Alma (Stephane Caillard) est aux Chambries, elle écoute volontiers Les mots bleus de Christophe, mais passe à Suzanne de Leonard Cohen une fois à l’université en sortant avec un jeune homme d’une classe sociale différente. Dans le cas de Caroline (Lilly-Fleur Pointeaux), son départ des Chambries se fait au son de la sublime chanson de Serge Reggiani Ma fille, un moment réellement poignant.
La musique dit quelque chose sur l’histoire et n’est pas un gadget. Elle parle de cette époque au même titre que la narration ne le fait en évoquant les luttes sociales, la fin des mines, la guerre d’Algérie, l’IVG qui vient à peine d’être promulgué ou encore les mouvements étudiants. On pourra tout de même regretter que ces sujets ne soient parfois que survolés. Mais, une fois de plus, quand on veut trop en dire en 6 épisodes, il est bien difficile de ne pas être indigeste.