Alors que l’on commémore cette semaine les 80 ans de Débarquement, il est un film à revoir pour mieux comprendre les exactions des nazis en marge de cet événement majeur : Le vieux fusil, un classique français.
Montauban, 1944. Le chirurgien Julien Dandieu y mène une vie paisible avec sa femme, Clara, et leur fille Florence. Cependant, l’invasion allemande ne peut le laisser indifférent : préférant les savoir éloignées des tourments de cette guerre, Julien demande à son ami François de les conduire à la campagne, où cette famille possède un château. Une semaine plus tard, ne supportant plus l’absence des siens, Julien rejoint sa famille pour découvrir, avec effroi, que les Allemands ont déjà semé la terreur dans le village.
Le vieux fusil : une histoire vraie à l’origine du film
Quand le film Le vieux fusil sort en 1975, la France est en train de regarder de manière différente l’histoire de la seconde guerre mondiale. Elle se met notamment à regarder davantage les zones de gris et le rôle du pays dans la Collaboration. Tous les Français ne furent pas des héros et certains ont participé de manière active à cet épisode sombre de notre Histoire. Un chemin largement emprunté quelques années plus tard par la remarquable série Un village français.
Mais c’est bien un événement terrifiant survenu quelques jours après le Débarquement qui va motiver le tournage de ce film : le massacre par les SS du village d’Oradour sur Glane le 10 juin 1944. Pour les besoins de son film, Robert Enrico décide de déplacer l’intrigue ailleurs. Il opte pour Philippe Noiret pour incarner cet homme « normal », équilibré, qui va basculer dans une violente vengeance pour venger la mort de sa fille et de sa femme (violée par les SS et assassinée au lance-flammes). Enfin, c’est le compositeur François de Roubaix qui va donner au film sa composition si singulière et là aussi si bouleversante.
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« La vie chevillée au corps »
Le vieux fusil est un film à part dans le cinéma français, notamment dans les thèmes choisis et la manière dont il les traite. Les justiciers expéditifs façon « Dirty Harry » existent peu dans le cinéma français. Dans le cas présent, la construction même du film nous permet de nous mettre aux côtés de Dandier. Immédiatement. Mais dès le début, le ton est pourtant donné avec cette entrée des Allemands dans la ville, au milieu des « maquisards » pendus de chaque côté. De même, l’hôpital où il officie est loin d’être un havre de paix, perpétuellement envahi de soldats allemands et de miliciens à a recherche des combattants que Dandier soigne.
Puis l’on découvre mieux le cocon de Dandier, un cocon qu’il entend préserver des affres de la guerre. Car ce que le film nous fera découvrir à coup de flashbacks, c’est une grande et belle histoire vécue par Julien et Clara et qui démarra par un coup de foudre. Deux êtres que tout oppose et qui ont eu le malheur de s’aimer juste avant la guerre. Julien était un médecin reconnu et installé ; Clara une jeune femme moderne qui travaille quand elle en a besoin et qui « ne peut aimer un homme à qui je cède tout de suite« .
Et c’est pourtant ce qui arriva. Clara est à la vie heureuse de l’avant guerre, la vie heureuse à laquelle on s’accroche durant la guerre. Mais c’est surtout l’humanité de Julien. Cette humanité qui partira dès lors que Clara aura été assassinée.
Quand Julien découvre le terrible destin de sa famille, il vrille et se mue en un être éprit de vengeance et qui convoque les souvenirs de cette vie heureuse pour mieux trouver la force d’aller au bout. Mais cette vie heureuse « d’avant » est aussi celle dans laquelle il va se réfugier quand son esprit sera trop « secoué » pour supporter cette vengeance accomplie. Mais dans tous ces instants, Noiret est absolument bouleversant de justesse et de « normalité ». Son histoire avec Romy Schneider est en même temps une sublime histoire authentique et qui ne peut que nous marquer.
Mais s’il est bien des scènes qui ne peuvent que nous retourner, c’est d’abord celle où l’on découvre le sort de Clara, face aux Allemands. La prestation de Romy Schneider est en tout remarquable. Couplée à la scène où Dandier découvre les corps et ne peut qu’étouffer ses cris, ces deux instants sont horriblement bouleversant. Et comment ne pas être pétri d’émotion face à Dandier qui retrouve brièvement ses esprits à la fin du film, réalisant ce qu’il vient de faire. Avant de resombrer ! Ces instants comme tant d’autres suffisent à faire du Vieux fusil un immense film.
Le vieux fusil
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