La teen-série de France TV Slash est déjà en préparation d’une deuxième saison. Pleine de rebondissements, s’appuyant sur des personnages assez complexes et un sujet important en toile de fond, retour sur ce qui fait de Stalk une agréable surprise.
C’est quoi, Stalk ? Lucas, alias Lux est un petit génie de l’informatique qui parvient à intégrer l’ENSI, l’une des plus prestigieuses écoles des sciences de l’informatique de France. Mais à peine arrivé, il fait les frais d’un bizutage particulièrement dégradant lors de son week-end d’intégration. Filmé à son insu dans une situation très compromettante, le jeune homme se retrouve avec une popularité sur le campus dont il se serait certainement bien passé. Lux va alors chercher à se venger de ses bourreaux en prenant possession de leurs ordinateurs ou de leurs smartphones et en se mettant à les espionner pour connaître tous leurs secrets. Autrement dit, il prendra possession de leur vie. Mais il risque bien de payer sa vengeance au prix fort, surtout lorsqu’une certaine Alma se met à rentrer dans la danse…
Réalisé par Simon Bouisson, Stalk fait partie des projets sur lesquels France TV Slash comptait beaucoup, et c’est une réussite. Récompensée par le prix de la meilleure réalisation lors du dernier Festival de la fiction TV à La Rochelle, la série qui traite de la traque et de l’espionnage en ligne trouve son principal atout dans son rythme soutenu. Réussissant à intégrer de multiples éléments d’intrigue en dix épisodes d’une petite vingtaine de minutes seulement, Stalk va vite, très vite. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’on se laisse très facilement emporter. S’appuyant sur une BO particulièrement rythmée et une narration entraînante où l’on se retrouve dans la tête du stalkeur, la série est parfaitement propice au binge-watching. A cela s’ajoutent des cliffhangers intéressants et de nombreux rebondissements, ce qui pourrait presque donner l’impression d’avoir deux saisons en une seule. Si ce rythme très soutenu fait parfois regretter quelques passages un peu rapides et des éléments qui paraissent quelque peu grossis, l’impression générale est celle d’une série où l’on n’a pas vraiment le temps de s’ennuyer, et qui a un côté très addictif.
Stalk s’adresse à un public certainement plus âgé que les deux premières séries de France TV Slash que sont Skam et Mental. C’est en tout cas ce que laisse penser la complexité des personnages de la série. Avec un Théo Fernandez (Les Tuches, Gaston Lagaffe) impressionnant dans le rôle principal, qui donne la réplique à une Carmen Kassovitz (fille de Matthieu) très juste dans le rôle d’Alma, les personnages sont assez intéressants à suivre. Surtout parce qu’ils ne s’inscrivent pas dans la vision manichéenne à laquelle on est trop souvent habitués dans les teen series, les personnages de Stalk sont très loin des stéréotypes que l’on y trouve souvent. Au fil des épisodes, les limites morales du personnage de Lucas se dévoilent, tantôt victime, tantôt bourreaux, et la question se pose : jusqu’où ira-t-il pour se venger ? La toute-puissance accordée grâce au hacking à un petit génie de l’informatique solitaire qui se retrouve maître de son campus pourrait-elle le pousser à aller trop loin, jusqu’à nuire autrui ? Si l’on alterne clairement entre le blanc et le noir pour le personnage de Lux, ce n’est évidemment pas un cas isolé, puisque la plupart des protagonistes de Stalk montrent tour à tour des parts d’ombre, et se retrouvent pris dans la spirale infernale du hacking.
En toile de fond permanente bien-sûr, le sujet-même de Stalk est à souligner, mettant en lumière la question du cyber-harcèlement et de ses ravages multiples. En l’espace de dix épisodes, la série nous emmène dans l’univers vicieux et malsain du hacking, de la traque informatique et du harcèlement en ligne, et nous montre ce qui se fait de pire aujourd’hui à l’ère des réseaux sociaux. La série met en évidence les conséquences dévastatrices du stalking de Lucas sur les étudiants de son campus, et si l’on peut associer Stalk à d’autres séries qui s’inscrivent dans les mêmes thématiques, à l’instar de 13 Reasons Why ou de You, celle de France TV Slash parvient à avoir sa propre identité et traite du sujet à sa manière. Sans jamais enjoliver le stalking ni tomber dans une série moralisatrice, Stalk trouve un juste milieux assez intéressant. Si certains lui reprochent de ne pas être suffisamment au niveau d’un point de vue technique et de ne pas être aussi réaliste sur le hacking qu’un Mr Robot par exemple, Stalk a au moins le mérite de rendre accessible à un public non connaisseur de ces thématiques. Et l’aspect « crédible » de la facilité du héros à hacker ses victimes n’est finalement que secondaire.
A cela on pourra ajouter une photographie soignée avec de nombreuses scènes esthétiquement agréables, et une vraie belle performance de la part d’une bande de jeunes acteurs qui jouent la partition de manière très juste. Stalk est une jolie surprise de France TV Slash, qui nous tient en haleine du début à la fin, en rendant une copie travaillée et aboutie. Si une saison 2 est déjà en préparation, le virage que devrait prendre l’intrigue à en croire la fin de la première saison devrait nous réserver encore quelques rebondissements.
Stalk (France TV Slash)
10 épisodes de 20′ environ