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On a vu pour vous… Antidisturbios, polar choc au cœur d’une brigade anti-émeute

Un groupe de policiers est sous le coup d’une enquête des affaires internes après ce qui ressemble à une bavure dans Antidisturbios ; l’investigation va révéler tout autre chose.

C’est quoi, Antidisturbios ?Dans le centre de Madrid, une brigade de six policiers anti-émeute est envoyée dans un immeuble pour procéder à une expulsion. La situation va vite dégénérer : suite à un violent affrontement avec des militants, un homme est tué. Sous la pression des autorités, les affaires internes s’apprêtent à clore le dossier ; une jeune inspectrice, Laia, va pourtant approfondir l’investigation, en dépit des consignes de sa hiérarchie… 

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Disponible sur Polar + à partir du 16 Novembre, la mini-série créée par Rodrigo Sorogoyen et Isabel Peña, Antidisturbios, a fait sensation en Espagne : unanimement saluée par la presse et même parfois qualifiée de « meilleure série espagnole de l’année », elle a aussi été violemment critiquée par les forces de l’ordre. Et pour cause ! C’est un récit  brut et sans concession qui, bien que jouant sur des zones de gris, ne ménage pas les policiers – équivalents de nos CRS – qui en sont les anti-héros. 

Tout commence lors d’un expulsion dans le quartier populaire de Llavapies à Madrid. Les six agents de la brigade anti-émeute chargés de l’opération sont confrontés à des militants qui occupent l’appartement visé et très vite, la situation déjà tendue devient incontrôlable. Le chef  d’équipe demande en vain des renforts, les policiers persistent malgré l’ordre de quitter les lieux et l’affrontement dégénère : un migrant africain est tué, accidentellement précipité du haut d’un balcon. Le dossier est alors confié aux affaires internes qui interrogent les policiers et les témoins avant de classer l’affaire. Mais lorsqu’une vidéo apporte de nouveaux éléments, la benjamine de l’équipe, Laia, contrevient aux ordres de son supérieur et poursuit l’investigation. Alors qu’elle soupçonne les agents impliqués de dissimuler des faits, c’est un réseau de corruption impliquant des personnalités éminentes qu’elle va mettre au jour. 

Les agents de la brigade avant l’intervention

Avec des acteurs tous remarquables (citons Patrick Criado , Hovik Keuchkerian, Raúl Prieto ou Vicky Luego),  Antidisturbios mêle thriller policier, drama et scènes d’action en alternant entre deux lignes narratives : l’immersion au sein de la brigade et l’enquête dont ses membres font l’objet. La grande intelligence de la série, c’est sans doute la manière dont elle exploite ces deux lignes pour alterner entre un regard objectif et un regard subjectif, en obligeant le spectateur à adopter un point de vue avant de l’en extraire pour tout remettre en question.

Si c’est l’investigation conduite par Laia qui dicte le rythme du récit,  les six policiers restent au cœur de l’histoire : chaque épisode prend pour titre le nom de l’un d’eux et se focalise sur lui, en marge de l’intrigue centrale. Ces six hommes, ce sont des personnages antipathiques voire détestables, pour la plupart des misogynes violents et pleins de préjugés.  Il est impossible d’entrer en empathie avec eux ; pourtant, la série dresse d’eux un portrait certes très manichéen mais plus complexe qu’il n’y paraît au premier abord. Toxicomanie, dépression chronique, attaques de panique, crises de colère, alcoolisme chronique : Alex, Diego, José, Salvador, Elias et Ruben sont tous dysfonctionnels. Aucun n’est capable de gérer la pression permanente, la haine dont ils font l’objet, l’impact de leur travail sur leur vie privée, la violence extrême à laquelle ils sont confrontés et à laquelle ils répondent en rendant coup pour coup.  

Antidisturbios va toutefois au-delà de la simple contextualisation de leur comportement ; elle nous plonge au cœur de cette brigade. Dans la première moitié du premier épisode, on vit l’expulsion de l’intérieur, presque comme le septième membre de l’équipe. Caméra embarquée, scènes filmées au milieu des policiers, vécues à travers leur regard : cette mise en scène immersive donne à la série un aspect hyper réaliste, au point qu’on dirait parfois un documentaire. Le procédé, toujours redoutablement efficace, est utilisé à deux autres reprises (lors d’une manifestation suite à la mort du jeune migrant, puis lors d’un affrontement d’une violence inouïe avec des hooligans français) et à chaque fois, ce sont des séquences d’adrénaline et de testostérone pures, intenses et brutales. 

Laia, jeune inspectrice prête à tout pour poursuivre l’enquête.

L’enquête de Laia, cette jeune femme rigide et déterminée à faire toute la lumière sur l’affaire,  est en revanche beaucoup plus classique. Les interrogatoires des membres de la brigade, l’aide inattendue que va trouver la jeune femme, les discussions des policiers qui tentent d’organiser leur défense et même de coordonner leurs versions des faits : cette fois, le spectateur redevient simple témoin, bénéficie d’une mise à distance et de plusieurs points de vue qui l’obligent à réévaluer la situation de façon plus neutre et analytique.  

Au cours de ces six épisodes d’une cinquantaine de minutes, Sorogoyen sait maintenir le suspense et la tension, créer le doute et l’incertitude, jouer sur toutes les nuances de ses personnages. Même si l’intrigue est finalement assez simple et souffre d’un dénouement trop rapide, la série reste toujours percutante et nerveuse, souvent inconfortable à regarder. C’est un thriller énergique qui porte un regard sans concession sur la police anti-émeutes, son mode de  fonctionnement, les hommes qui en font partie ; mais aussi sur la corruption qui se joue en arrière-plan – au moins aussi dévastatrice. 

Antidisturbios met un point final au récit dans son sixième épisode, mais Sorogoyen n’exclut pas l’éventualité d’une deuxième saison (du reste plébiscitée par les producteurs de la série.) Reste une question en suspens : Antidisturbios est-elle vraiment la meilleure série espagnole de l’année ? C’est sans nul doute exagéré, et c’est oublier un peu vite d’autres fictions telles que Patria (prochainement sur Canal +) ou la sublime Veneno (inédite en France). Mais avec sa réalisation immersive, le traitement d’un sujet polémique et la réflexion qu’elle parvient à susciter, Antidisturbios est a minima un formidable thriller policier teinté d’une forte critique sociale. Et une preuve, s’il en était besoin, de la vitalité et de l’inventivité de la création audiovisuelle en Espagne. 

Antidisturbios 
6 épisodes de 50′ environ.
Diffusion sur Polar + à partir du 16 Novembre.
Disponible sur MyCanal 

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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