Civil War est attendu dans les salles le 17 avril et personne n’est prêt pour le choc ciné et politique que constitue le film. Un film important en année électorale.
Civil War : Alex Garland repousse nos limites et nous bouscule
Avec sa bande annonce sortie tout droit d’un film d’action, Civil War aurait pu être ce qu’il nous montre : une transposition de nos jours d’un conflit qui a façonné l’Amérique, le tout agrémenté de scènes d’action puissamment mises en scène pour maintenir le spectateur en apnée. Mais Civil War est tout sauf ça, c’est une œuvre politique majeure qui questionne l’Amérique de Trump, et surtout ce qu’elle a apporté avec elle. Une œuvre glaçante … dont on espère qu’elle n’aie rien de prémonitoire !
Le film se déroule dans un futur proche, alors que l’Amérique est divisée en plusieurs clans et que la guerre civile fait rage. Les Forces de l’Ouest, une alliance armée d’États en rébellion contre le gouvernement fédéral, sont sur le point de forcer la capitale à se rendre. Dans l’espoir d’obtenir une dernière entrevue avec le Président (Nick Offerman), Lee (Kirsten Dunst) souhaite se rendre à la Maison-Blanche, accompagnée de deux journalistes et de Jessie (Cailee Spaeny), une jeune photographe dont elle devient, à contrecœur, le mentor.
La claque ciné d’une année électorale
Une claque il n’y a pas d’autres mots ! Après nous avoir intelligemment « piégé » avec une bande annonce qui va à l’opposé de ce qu’est le film, Civil War déroule son propos de manière percutante. Filmé comme les plus grands films de guerre sur le Vietnam, ou, comme le fait très justement remarqué sur Facebook le journaliste Philippe Guedj, « un électro-choc à 10 000 volts, d’une violence frontale stupéfiante et qui m’a autant fait penser aux Fils de l’Homme qu’à Salvador« , Civil War est un pamphlet absolument implacable et imparable sur l’Amérique de Trump.
Après une scène d’ouverture dantesque où l’armée tire sur sa propre population (une séquence vue par l’objectif de Kirsten Dunst – brillante dans le rôle de Lee), le film se présente dans sa partie centrale comme un road trip glaçant au cœur de l’Amérique, un pays certes dévasté par un conflit sanglant, mais surtout gangréné par par des politiques qui ont laissé les pires éléments du pays se laisser aller à leurs pires instincts.
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Chaque étape des journalistes que l’on suit est propice à un profond malaise nécessaire pour comprendre ce que pourrait devenir ce grand pays. Et ce à quoi on assiste n’a rien à envier aux pires dictatures sud-américaines, à coup de découvertes de scènes d’exécutions sommaires, de charniers – glaçants avec ces tireurs prêts à abattre sur tout ce qui n’est pas « un bon américain » – de snipers, … Bien que continuellement en mouvement (tant qu’on bouge on est vivant pourrait-on résumer), nos journalistes plongent de plus en plus dans la noirceur humaine d’une société qui a perdu ses repères. Le final du film, à Washington, plus exactement à la Maison-Blanche, est d’une intensité folle, le public se retrouvant plongé dans l’horreur des échanges de tirs entre les forces en puissance … jusqu’à une ultime scène à la fois jubilatoire et à la symbolique forte (quoi que forcément limite si on y réfléchit bien).
Réalité ou fiction ? Glaçante sur les deux tableaux
En un peu moins de deux heures, le film est un upercut adressé aux spectateurs en cette année électorale. Civil War n’est seulement une dystopie en mode « Et si … » mais plutôt un vibrant plaidoyer en faveur d’un vote nécessaire et qui pourrait faire passer le film de fiction à réalité. Avec en point d’orgue, une jeune génération observant la déliquescence d’un pays et symbolisée par la vraie révélation de ce film, l’incroyable et charismatique Cailee Spaeny, bluffante de bout en bout.
Choc visuel, Civil War va laisser pour longtemps une trace dans l’esprit des spectateurs, marque des très grands films. Alex Garland signe ici une œuvre majeure qui marquera tout à la fois la grande et la petite « Histoire » du cinéma.