Toujours aussi intense et encore plus violente, Gangs of London enfonce le clou avec une deuxième saison sans compromis.
C’est quoi, Gangs of London (saison 2) ? Un an après la mort de Sean Wallace (Joe Cole), Elliot (Sope Dirisu) travaille désormais, contraint et forcé, comme mercenaire pour Les Investisseurs, un mystérieux conglomérat criminel. A Londres, les Dumani semblent en position de force , mais leur règne est déjà menacé par les autres clans. Et en particulier par l’arrivée du redoutable et impitoyable Koba (Waleed Zuaiter), tueur à gages géorgien aux méthodes expéditives. Une nouvelle guerre des gangs se profile ; entre soif de pouvoir et désir de vengeance, personne n’en sortira indemne.
Deux ans et demi se sont écoulés depuis la diffusion de la première saison de Gangs Of London . La série créée par Gareth Evans (The Raid) avait créée la surprise, avec son histoire de guerre des gangs sans compromis et bourrée d’action. La deuxième saison, disponible le 4 Décembre sur Lionsgate+, pousse les curseurs encore plus loin tant en terme de noirceur que de violence, de rebondissements et de tension.
Nouvelle saison et nouveau showrunner (Corin Hardy prend les rênes), mais on retrouve tout ce qui a fait le succès de Gangs of London : des personnages charismatiques, des scènes d’action aussi spectaculaires que violentes à la Banshee, des intrigues complexes qui ne cessent de surprendre, une représentation viscérale du monde criminel. Mais tout est exacerbé. Même si l’on ne croyait pas ça possible, la série monte d’un cran en intensité, en violence et en amoralité, trouve un nouveau souffle en termes d’écriture et de réalisation.
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Côté scénario, Gangs of London est diabolique. Au moins autant que la précédente, cette saison est dominée par la vengeance (celle de Elliot, des Wallace, de Lale, de Asif…) mais aussi et surtout par une soif inextinguible de pouvoir. Chaque fois qu’on a l’impression d’avoir compris où la série allait nous emmener, quelque chose renverse la situation et rebat les cartes. En fait, la seule certitude… c’est qu’il n’y en a aucune. Si les alliances sont à l’ordre du jour, les trahisons les plus abjectes le sont tout autant. Oubliez tout ce que vous pensiez savoir sur les gangsters et leur prétendu code d’honneur : dans Gangs of London, rien n’est sacré et rien n’est intouchable. Ni l’amour, ni la loyauté, ni les serments, ni la famille. A Ed Damani qui s’offusque (« On ne touche pas à la famille »), l’impitoyable Koba rétorque : « Si vous êtes assez stupide pour avoir une famille, c’est votre problème ».
L’un des grands mérites de Gangs of London, ce sont aussi ses acteurs. Parmi les personnages, on retrouve de vieilles connaissances, on assiste à des retours inattendus et on accueille de nouveaux venus ; quelle que soit l’importance qu’ils prennent dans l’histoire, tous les protagonistes sont brillamment interprétés. Néanmoins, on retiendra surtout les noms de Narges Rashidi (Lale, sublime personnage), Waleed Zuaiter (terrifiant Koba), Sope Dirisu (décidément exceptionnel, dans le rôle de Elliot) ou encore un autre acteur dont on taira le nom pour préserver la surprise (mais vous saurez, quand vous le verrez.) Ce qui est certain, c’est qu’aucun des protagonistes ne sortira indemne de ce cercle infernal. Il n’y a pas de moment de joie, pas de sérénité : tous portent le poids de la souffrance et des conséquences de leurs choix, des dettes de sang et des fantômes du passé ; tous sont en permanence sur la corde raide, menacés par leurs ennemis voire par leurs prétendus alliés.
Côté réalisation, Gangs of London est dopée à l’adrénaline et à la testostérone. C’est une course contre la montre sans aucun répit, portée par une tension quasi palpable et des pics de suspense ; et c’est un jeu de massacre, avec un total de victimes à faire pâlir Sons of Anarchy. Mais c’est moins le nombre des morts qui choque que la manière dont elles se produisent. Car la violence est extrême, sans retenue, parfois à la limite du réalisme et on atteint ici des sommets de brutalité. Torture, énucléation, strangulation, mutilation : certaines scènes sont même difficilement soutenables, a fortiori parce que la caméra s’attarde sur des détails, accentue la brutalité en altérant les couleurs, en montrant un seul long plan séquence, en utilisant le ralenti ou une mise en scène aux airs de chorégraphie sanglante.
On pourrait facilement juger la série complaisante et qualifier cette violence de gratuite ; tout au contraire, elle a un sens. Les scènes les plus difficiles à regarder sont aussi les plus fortes et les plus percutantes – à l’instar des deux séquences d’ouverture, de l’acmé du cinquième épisode, de la course désespérée du sixième. Cette férocité barbare, Gangs of London parvient à l’exploiter pour traduire l’état d’esprit des personnages et la limite (ou l’absence de limite) de ce qu’ils sont prêt à faire pour le pouvoir – ou pour survivre.
La violence est aussi le symbole d’un monde décadent où les criminels en costume-cravate et leurs hommes de mains imposent la loi dans cette jungle urbaine. London is burning : au sommet des gratte-ciel, dans les demeures bourgeoises ou les entrepôts se déroulent des meurtres odieux, la ville est déchirée par les rafales continus des tirs d’armes automatiques, les hurlements de douleur des victimes torturées, les explosions (littéralement) de violence. L’une des plus belles métropoles du monde se transforme ainsi en un territoire sombre et noir, en proie à une barbarie physique et psychologique qui n’épargnent personne. A commencer par le spectateur… qui, pourtant, en redemande.
Portée par un casting de haute volée, alimentée par la brutalité de sa mise en scène et un scénario magnifiquement retors, Gangs of London est choquante, inattendue… et addictive. La première saison nous avait laissés groggy avec ses rebondissements imprévisibles, ses scènes d’action graphiques et spectaculaires, sa violence excessive ; la deuxième y va encore plus fort, ne nous laissant aucun répit. Jusqu’au K.O final, qui ouvre toutefois la porte à un troisième round, déjà confirmé.
Gangs Of London
Saison 2 – 8 épisodes de 55′ environ
Le 26 octobre 21h sur Canal+