Avec un premier épisode correct mais un sujet éculé et un déroulement prévisible, Proven Innocent peine pour l’instant à se démarquer.
C’est quoi, Proven Innocent ? Aujourd’hui avocate, Madeline Scott (Rachelle Lefevre) a passé des années en prison. Avec son frère Levi (Riley Smith), elle a été condamnée pour le meurtre de sa meilleure amie au terme d’un procès intenté par le procureur Gore Bellows (Kelsey Grammer), avant que la sentence soit finalement annulée. Lorsque celui-ci brigue le poste de procureur général de l’Illinois, la jeune femme décide d’empêcher son élection. Membre de l’Injustice Defense Group, qui prend en charge la défense de personnes condamnées à tort, elle entreprend de détruire sa réputation en examinant tous les cas qu’il a traités et les erreurs judiciaires qu’il a provoquées.
Nouvelle série lancée il y a quelques jours sur la Fox, Proven Innocent ne perd pas de temps : dès les premières minutes, le pilote immerge le spectateur au cœur de l’histoire, pose la situation de départ en quelques minutes et brosse à grands traits un portrait sommaire mais efficace de ses protagonistes. Menée tambour battant, l’action perd cependant en crédibilité ce qu’elle gagne en rythme : un épisode suffit pour mettre à mal la réputation du procureur, qui exerçait en toute impunité depuis des années…
Rachelle Lefevre (notamment vue dans Twilight) est plutôt convaincante dans le rôle de Madeline, une jeune femme en quête de rédemption, qui a un contentieux à régler avec le procureur Bellows. C’est lui qui a obtenu sa condamnation et celle de son frère alors qu’ils étaient adolescents, pour le meurtre de Rosemary, la meilleure amie de la jeune femme. Ancien toxicomane devenu coach sportif dans une école, Levi n’a jamais réussi à se reconstruire après sa réhabilitation. En revanche, Madeline a étudié le droit en prison et elle travaille désormais en tant qu’avocate pour « Easy » Boudreau (Russell Hornsby), l’homme qui a permis qu’elle soit libérée. Elle se consacre à aider tous ceux qui, condamnés à tort comme elle-même l’a été, sont victimes du système judiciaire et des agissements de Bellows.
Rôle taillé sur mesure pour un Kelsey Grammer (inoubliable Frasier) toujours excellent, le personnage du procureur n’en demeure pas moins convenu : homme de pouvoir froid et calculateur, il se soucie davantage de son intérêt personnel et de sa carrière que de la justice. En antagoniste sans scrupule, il est pour l’instant au bord de la caricature ; reste à voir si Proven Innocent parviendra à l’en éloigner pour en faire une figure aussi riche et charismatique que l’était le maire corrompu et malade de Chicago que l’acteur interprétait magnifiquement dans la série Boss.
Pour le faire tomber et l’empêcher de remporter l’élection, Madeline décide de prendre en charge les dossiers dans lesquels il est parvenu à obtenir une condamnation, en dépit de preuves discutables ou même de l’absence de celles-ci. La première affaire concerne une mère, condamnée pour avoir tué son fils dans un incendie volontaire. Ayant avoué avant de se rétracter, diabolisée par Bellows et les médias, elle a été reconnue coupable et purge sa peine. Contre l’intérêt de sa cliente, Madeline l’incite à refuser un règlement à l’amiable afin d’aller au procès et d’exposer son ennemi juré. Cette ambiguïté morale est certainement l’aspect le plus intéressant, chez Madeline. Loin d’être une idéaliste, un chevalier en armure blanche qui se bat pour la justice, la jeune femme a un objectif précis en tête: détruire la carrière et la réputation de l’homme qui l’a fait condamner.
Sa quête de vengeance et la confrontation avec Bellows va rouvrir ses blessures et déclencher une série de flash-back qui vont la ramener au jour de la mort de Rosemary, dont le véritable assassin n’a jamais été arrêté. Comme on pouvait s’y attendre, l’intrigue servira de fil rouge à la série… Avec, toutefois, une révélation finale bien amenée, un détail laissant envisager la possibilité que, malgré sa libération, Levi était peut-être bel et bien impliqué dans le meurtre. Et on s’attend donc évidemment à ce que l’affaire rebondisse, avec un éventuel nouveau procès opposant Bellows aux Scott.
A en juger par le pilote, sans doute est-ce tout le problème de Proven innocent : il ne réserve pratiquement aucune surprise. Avec des dialogues plats et des situations attendues, on anticipe facilement le déroulement et la conclusion de ce premier épisode, et on pense même deviner la direction que prendra l’intrigue à moyen terme et les rebondissements qui jalonneront l’histoire. Bien sûr, il n’est pas à exclure que les scénaristes nous aient réservé quelques surprises ; on en doute néanmoins fortement.
C’est donc un épisode correct – ni plus, ni moins. L’histoire est présentée de manière rythmée et efficace, les acteurs y sont bons, mais on y trouve exactement ce qu’on pouvait en attendre. Au final, Proven innocent manque d’originalité et d’audace, ne se démarque pas d’autres fictions judiciaires en reprenant notamment un concept très similaire à celui d’autres séries. On pense par exemple à Conviction, avec l’actrice Hayley Atwell , diffusée en octobre 2016 sur ABC. Et annulée après une seule saison.
On ne souhaite pas le même destin à la nouvelle série de la Fox ; on n’ira pas jusqu’à parier sur un succès… Avec un premier épisode convenable, que l’on regarde sans déplaisir mais aussi sans enthousiasme, Proven Innocent semble déjà très prévisible et beaucoup trop banale pour parvenir à se distinguer et accrocher le public. Pour l’instant, Proven Innocent a encore tout à prouver.
Proven Innocent (Fox)
Épisodes de 40′ environ.
Inédite en France.