Plutôt bien accueillie par la critique américaine, la série Succession créée par le scénariste britannique Jesse Armstrong a été lancée outre-Atlantique ce weekend et en France sur OCS City ce lundi 4 juin. Entre lutte de pouvoir et famille dysfonctionnelle, on vous donne notre avis sur le premier épisode.
Après l’écriture en 2010 du scénario d’un drame familial qui ne verra finalement jamais le jour autour du magnat de la presse Rupert Murdoch et de la succession à la tête de son empire, Jesse Armstrong revient à la charge avec Succession. Le scénariste et producteur britannique, nommé à l’Oscar du meilleur scénario adapté en 2010 pour In the Loop, aborde avec sa nouvelle série, diffusée sur HBO, le même sujet et les mêmes problématiques qui le fascinaient déjà auparavant, mais cette fois de manière un tant soit peu déguisée. Pouvoir, politique, argent, famille : voilà les thèmes qui seront explorés dans le show, dont le personnage central Logan Roy, un patriarche vieillissant, puissant et au caractère bien trempé, ressemble sans équivoque à l’homme d’affaires australo-américain. Les noms des protagonistes ont été changés et le récit davantage fictionnalisé, mais l’intention première de Jesse Armstrong n’a quant à elle pas changé. Présentée en avant-première mondiale au festival Séries Mania et lancée sur la chaîne américaine HBO ce weekend, que vaut le premier épisode de cette nouvelle série produite par Adam McKay (The Big Short) et Will Ferrell (Saturday Night Live) ?
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C’est quoi Succession ? À la tête d’une des plus riches et puissantes famille du monde, dirigeant un empire médiatique, Logan Roy est prêt à tout pour se maintenir au sommet et étendre son entreprise. Mais lorsqu’il envisage de céder les rênes et de choisir son successeur, les relations se tendent entre ses quatre enfants.
Succession suit l’histoire du clan Roy, une famille new-yorkaise dysfonctionnelle contrôlant l’un des plus gros empires médiatiques du monde : Waystar Royco. À la tête du conglomérat, on retrouve le patriarche Logan, un homme imposant et redoutable, qui fête son 80ème anniversaire au cours de ce premier épisode. Le magnat vieillissant s’apprête à laisser sa place à la tête de la compagnie à son fils cadet Kendall, avant de finalement changer d’avis au dernier moment. Ce retournement de situation va révéler les vraies personnalités de ses enfants égoïstes et prêts à tout pour arriver à leurs fins et obtenir leur part de l’héritage. Connor, l’aîné de la fratrie et l’unique enfant né du premier mariage de Logan, semble être le seul pour le moment à rester éloigné de l’environnement toxique dans lequel sa famille évolue. Siobhan, la benjamine du quator et seule fille de Logan, a commencé une carrière dans la politique. Son frère Roman, bon vivant et particulièrement bavard, a quant à lui quitté l’entreprise de son père. Pourtant, lorsque les deux plus jeunes découvrent les réelles intentions de leur père, ils se montrent particulièrement intéressés et beaucoup plus ambitieux que prévu.
Famille dysfonctionnelle, jeux de pouvoir, répliques tranchantes et un casting de qualité : Succession a tous les ingrédients pour devenir un show à succès et séduire les téléspectateurs. Et pourtant, ce premier épisode n’aura pas réellement réussi à nous convaincre. Il est quasi impossible de s’attacher aux personnages tous plus exécrables et névrosés les uns que les autres, et encore plus difficile de se sentir concerné par leurs problèmes qui, associés à leur style de vie de milliardaires new-yorkais, deviennent tout à fait dérisoires. On a un peu de mal à ressentir de l’empathie pour les protagonistes de la série, lorsqu’on les voit traverser Manhattan en hélicoptères pour une simple partie de baseball en famille. Interviewé par Télérama, Jesse Armstrong a confié qu’il espérait que ses personnages finiraient toutefois par attendrir les téléspectateurs malgré leurs défauts : « J’adore pousser les téléspectateurs à apprécier des personnages détestables, quitte à ce que cela en devienne gênant. » Le showrunner peut au moins compter sur les excellentes performances des acteurs de la série et sur des dialogues percutants pour mener à bien cette mission dans la suite de la saison.
Jeremy Strong (The Big Short : Le Casse du siècle, Le Grand Jeu), qui incarne Kendall, et Kieran Culkin (Scott Pilgrim, Igby), qui interprète Roman, mènent clairement la danse aux côtés de l’impressionnant Brian Cox (Troie), le patriarche de la famille. À eux trois, ils forment un trio solide et particulièrement envoûtant. Au casting, on retrouve également l’excellente Hiam Abbass (Les Citronniers) dans le rôle de Marcia, la mystérieuse troisième épouse de Logan, Sarah Snook (Predestination) qui prête ses traits à Siobhan (surnommée Shiv), et Alan Ruck (la première saison de The Exorcist), qui passe pour le moment plutôt inaperçu.
Malgré les excellentes prestations de ses acteurs et des dialogues de qualité (l’utilisation incessante du mot « fuck » et de son dérivé « fucking » devient néanmoins assez agaçante sur la durée), Succession n’a pas réellement réussi à nous convaincre avec ce premier épisode. Cette guerre civile familiale n’est finalement pas beaucoup plus intéressante qu’une « réelle réunion de conseil d’entreprise », comme le fait remarquer Kelly Lawler. Mais cela ne semble pas être l’avis de la chaîne, qui a d’ores et déjà renouvelé la série pour une deuxième saison, et on peut espérer que la série se révélera finalement beaucoup plus passionnante que ce premier épisode.
Succession est diffusée sur OCS City chaque lundi depuis le 4 juin en US+24.