
Après Une amie dévouée, Max poursuit sa politique de séries françaises avec une vraie pépite, Le sens des choses.
Léa, 28 ans, décide de devenir l’une des rares femmes rabbins de France et tente de trouver les réponses aux petites et grandes questions de la vie.
Entre les demandes parfois improbables, la cohabitation avec un père résolument athée et une vie sentimentale en chantier, Léa jongle entre sa fonction et ses doutes personnels. Comment être un guide pour les autres quand on est soi-même en quête de sens ?
L’essentiel
Après sa première série Une amie dévouée, Max change de registre avec Le sens des choses, un 8×30 minutes créée par Noé DEBRÉ et Benjamin CHARBIT et écrite par Noé DEBRÉ, Benjamin CHARBIT, Elsa MANÉ et Julien SIBONY, librement adaptée de l’ouvrage « VIVRE AVEC NOS MORTS » de Delphine HORVILLEUR. Pour cette nouvelle fiction, la plateforme embrasse un genre dont on est peut coutumier en France, à savoir la comédie du quotidien, sans grands effets de manches ni de twists à n’en plus finir, elle raconte seulement et « justement » le quotidien de ses personnages, à cheval entre le drama et la comédie.
Côté casting, la distribution est aussi pleinement réussie avec Elsa Guedj (Léa), Éric Elmosnino (André), Solal Bouloudnine (Joël), Noémie Lvovsky (Perle), Anouk Grinberg (Laurence), Manu Payet (Ilan), Suzy Bemba (Suzanne) et Lionel Dray (Arié).

On aime adore !
Sur le papier, on avait du mal à saisir comment la série allait nous raconter cette histoire, et pour y parvenir, ce qu’elle allait bien pouvoir nous raconter. Oui on était non pas sceptique sur le rendu final, mais sur son intérêt sériel. Et disons le tout de go, on s’est grandement planté face à cette série nouvelle proposition qui est une vraie belle pépite qui nous touche, autant qu’elle nous amuse et qu’elle nous intéresse à un sujet qui n’est pas nécessairement gagné d’avance. Une fois de plus, le style de Noé Debré (Parlement) et Benjamin Charbit a opéré et fait le reste. Comme par magie, couplée à la réalisation simple mais jamais simpliste de Keren BEN RAFAEL qui sait parfaitement où poser sa caméra pour que les questionnements, les enjeux, les doutes, se fassent toujours à hauteur d’hommes et de femmes. Et non, on le dit tout de suite, Le sens des choses n’est en rien une série sur la religion mais sur la manière dont, au quotidien, on fait fasse aux doutes qui nous assaillent. Avec la religion en toile de fond.
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De la même manière, grâce à leur écriture extrêmement fine et intelligente, les auteurs sont parvenus à faire en sorte que n’importe lequel ou laquelle d’entres nous puissent se reconnaître … même dans une religion différente, et ce sans être jamais moralisant, donneuse de leçon, Léa assumant elle même d’être pétrie de doutes et se demande même comment elle peut aussi conseiller des gens sans avoir toutes les réponses. Et c’est bien là que réside la très grande qualité de la série : en conseillant les autres, en les accompagnant, c’est bien elle même que Léa change, interroge. On voit la manière dont une jeune femme d’aujourd’hui « qui n’est plus en Mésopotamie » (comme le dit un épisode) peut faire coïncider son regard sur le monde et les questions que la religion éveille en elle.

Pour porter cette série, on peut compter sur l’exceptionnelle Elsa Guedj qui nous livre une remarquable démonstration durant l’intégralité de la série. C’est une jeune femme de son temps, intelligente, réfléchie, belle aussi même si son personnage n’est pas caractérisée de la sorte et c’est un personnage qui fait vraiment du bien. Elle lui donne corps avec brio même si elle peut compter sur des interactions particulièrement fines avec les autres personnages, comme son père incarné par le toujours juste Éric Elmosnino en psy anticlérical dirait-on ou Manu Payet, un puissant homme d’affaire qui investit dans la religion. Mais le must du must, le personnage capable de bousculer Léa, c’est le rabbin qui l’a formé, joué par Lionel Dray impeccable de bout en bout qui a la lourde tâche d’être à la fois la partie la plus rigoureuse de la religion tout en se payant des moments décalés comme quand il donne rendez-vous à Léa dans un magasin d’armes « car là au moins on est sûr de ne pas croiser de juifs » dit elle. A ce titre, on vous recommande de ne pas rater l’exceptionnel 5e épisode de la série qui nous offre un face à face écrit avec une intelligence rare entre ces deux personnages sur la place de la religion dans le monde actuel. Leur face à face mériterait à lui seul d’être disséqué tant il amène à une réflexion certaine. Comme dans les plus fines séries politiques américaines ! Une leçon d’écriture!
– « Seriez-vous prêt Mr le Rabbin à partager un repas avec nous aujourd’hui sans apporter votre propre nourriture et votre propre vaisselle j’entend ? […] Si on ne peut partager la même table, comment fait-on société ?
Extrait de l’épisode 5
– Dialoguer avec les autres religions c’est d’abord accepter qu’on est différent ! Vous souhaitez que tout le monde aille vers votre compromis et tout ce qui s’en éloigne devient fanatique.
– Ma démarche est de lire les textes bibliques à l’aune de notre époque.
– Moi je préfère lire la réalité de notre époque à l’aune des textes bibliques.
– Donc vous êtes favorable à la lapidation des femmes adultères par exemple ? »