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On a vu pour vous … Ils étaient 10, l’adaptation du roman culte d’Agatha Christie

C’est l’événement de cette fin d’été que l’adaptation en version contemporaine du roman culte d’Agatha Christie : Ils étaient 10.

C’est quoi Ils étaient 10 ? Dix personnes, cinq femmes, cinq hommes, sont invitées sur une île tropicale déserte qui abrite un hôtel de luxe. Les dix invités vont très vite réaliser qu’ils sont seuls sur l’île et coupés du monde, sans portable et sans aucun moyen de quitter ce qui va vite se révéler être leur pire cauchemar. Pourquoi ont-ils été attirés dans ce piège ? La réponse est cachée dans leur passé qu’ils avaient pourtant tous soigneusement enfoui. Mais aujourd’hui, sous le soleil brûlant de l’île, ils vont devoir payer. A la fin, il n’en restera aucun. Alors qui est l’assassin

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Ces dix histoires de meurtres sont écrites comme des thrillers psychologiques, des scénarios hitchcockiens. Nous avons discuté avec le metteur en scène de cadres léchés et élégants s’opposant aux plans dans l’île déserte, filmés avec une caméra à l’épaule très mobile, voire heurtée, très proche des comédiens. Ces crimes parfaits
sont racontés du point de vue du meurtrier, ce qui rend ces récits particulièrement excitants. Tous les personnages sont entrainés dans un véritable engrenage et sont soumis à des dilemmes cornéliens. Les choix auxquels ils font face les mettent dans une tension mentale permanente

Sophie Revil (Productrice)

Une adaptation attendue et redoutée

Au panthéon des romans d’Agatha Christie, Ils étaient 10 (anciennement Dix petits nègres) tient une place de choix. Avec 100 millions d’exemplaires vendus, il est, avec Le crime de l’Orient-Express, le plus populaire des romans de « la reine du crime ». Bizarrement, alors qu’il a connu de nombreuses adaptations au théâtre, à la télévision ou au cinéma, peu sont restées dans les mémoires à la différence d’autres romans de Dame Agatha (comme l’appelle David Suchet, incarnation à la télévision de Hercule Poirot ndlr). Tout juste peut-on citer l’excellente mini série And then there were none de Sarah Phelps ou encore une très mauvaise version de 1974 signée Peter Collinson avec notamment Charles Aaznavour.

Pour cette nouvelle version, c’est la production de Les petits meurtres d’Agatha Christie qui s’y attaque, forte d’une solide réputation auprès des ayant droits pour ses adaptations réussies sur France 2. Ici l’enjeu est double. Non seulement les auteurs (Brune Dega et Jeanne Le Guillou), puis le réalisateur Pascal Laugier, doivent implanter l’intrigue de nos jours, à l’heure du tout technologique (une donnée fondamentale qui fait qu’on est en fait rarement « isolé), mais aussi surprendre le public qui, pour la plupart, connaît l’identité du coupable pour peu qu’il ait lu ou vu déjà l’histoire ailleurs. Ici donc un nouveau cadre -une île tropicale- et 10 nouveaux personnages. Qui est le coupable ?

« Qu’est ce que vous voulez ? »

Pré-générique épisode 1

Agatha Christie en mode « slasher »

Dans le roman original, il y a quelque chose qui ressemble aux prémices d’un slasher tel qu’on le découvrira plus tard. Un lieu clôt, des individus réunis et devant faire à un tueur invisible qui surgira à la fin comme une grosse surprise pour révéler un plan machiavélique. Pascal Laugier, avec sa mise en scène enlevée, a poussé le concept jusqu’au bout et transformé Ils étaient 10 en pur slasher (il n’y a qu’à voir le premier meurtre avec cette silhouette habillée façon « le pêcheur » de Souviens toi l’été dernier pour le comprendre) ce qui n’était pas nécessairement le concept envisagé au départ par les auteurs de la série.

Dès le début, le concept est posé, les bases du roman sont identifiables mais changées. Ainsi, même le plus fin connaisseur aura du mal à deviner l’identité du meurtrier vu qu’aucun des personnages ne ressemblent à son alter ego du roman même s’ils s’en inspirent. La mise en situation est réussie en quelques minutes grâce à une séquence pré-générique redoutable à souhait où l’on découvre pour la première l’île en question, glauque, sale … et déserte. Impossible de deviner à cet instant là si quelqu’un a survécu, mais le cauchemar est lui bien présent, via une vidéo qui nous rappellera Le Projet Blair Witch. Puis vient le générique ultra réussi où les petits statuettes originales ont laissé place à des statuettes vaudou qui accompagnent le casting de la série, le tout sur une musique sublime et elle aussi glaçante (de ANTHONY D’AMARIO et ÉDOUARD RIGAUDIÈRE).

Puis les épisodes et les meurtres s’enchaînent, alternant montée en puissance de la tension et flashbacks qui dévoilent le parcours criminel de chaque personnage (ce n’est pas une surprise, c’est dans le pitch du roman et de la série). C’est d’ailleurs sans doute la première fois qu’une fiction française se permettra de mettre 10 personnages principaux qui soient 10 criminels. Un à un ils sont méticuleusement assassinés par une ombre qui les observent via des écrans d’ordinateurs. L’observateur aura remarqué qu’il n’y a que 9 écrans, comme pour bien rappeler que l’assassin est un d’eux.

Dans cette nouvelle itération du roman, le spectateur novice qui ne connaît pas l’histoire comme celui qui la connaît sont à égalité dans ce whodunit redoutable. On sait que ça va mal finir, c’est l’ADN du roman, mais la question reste : par qui pourquoi ? Là aussi, la résolution est nouvelle et sans doute moins « dérangeante » que dans le roman culte que l’on conseille de redécouvrir à l’occasion. Le casting 5 étoiles donnent une dimension particulière à cette adaptation même si on ne cachera que par moment, les comédiens ne sont pas tous « égaux » la justesse du jeu.

Une série globalement très réussie malgré quelques petites incohérences, avec une vraie signature dans la mise en scène et la photographie. Empruntant des références à de multiples univers, Ils étaient 10 offre un jeu de massacre savoureux et un véritable pari pour une chaîne grand public qui aura mis du temps (c’est le moins que l’on puisse dire) pour diffuser cette série.

Ce que l’on retient des deux premiers épisodes de Ils étaient 10

Une installation d’une efficacité redoutable et une réinvention réussie d’un univers pourtant ultra connu

Une vraie identité donnée à la série qui la rapproche de certains slashers américains que l’on aime

Un casting 5 étoiles mais une disparité dans le jeu, où tous ne sont pas « égaux ». Mention spéciale à Mathilda Lutz et Manon Azem.

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Rédacteur en chef du pôle séries, animateur de La loi des séries et spécialiste de la fiction française
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