
Présentée en avant première à Séries Mania, La famille Rose fait figure d’OVNI dans le paysage sériel actuel, et s’inscrit pleinement dans la montée en puissance du genre.
Les Rose – Diane la mère, Bernard le père, Lou l’adolescente et Noé le petit dernier – sont une famille ordinaire, avec leurs problèmes ordinaires : le couple bat de l’aile, l’ado rêve d’émancipation et le plus petit a du mal à trouver sa place. Quand leur van tombe en panne à proximité d’un village à première vue tranquille, leur arrivée provoque la réouverture d’une enquête sur une disparition 7 ans auparavant, un fait divers auquel les Rose ne sont pas totalement étrangers. Tandis qu’ils cherchent désespérément à protéger leur secret, leurs liens familiaux sont mis à rude épreuve. Le village est un piège mortel où les chasseurs pourraient vite devenir les proies.

L’essentiel
Un an après nous avoir fasciné avec la série qu’il a co-écrit pour OCS, Homejacking (fantastique huis clos hitchcockien), Trigran Rosine revient avec une nouvelle série de genre totalement barrée comme Ciné+ OCS les affectionne, La famille Rose, qu’il a co-écrit avec Camille Apard et Julien Gallet. Pour mettre en scène cette histoire de famille dysfonctionnelle, le choix s’est portée sur Enzo Crosier à la tête de sa première grosse série. Côté casting, on retrouvera dans cette aventure Shirine Boutella, Arthur Dupont, Capucine Valmary, Lou-Adriana Bouziouane, Gaspard Meier, Romane Bohringer et Victor Bonnel.
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Pour la deuxième année de suite, Tigran Rosine envoie à Séries Mania sa nouvelle série en compétition française et dont on pourra découvrir les 3 premiers épisodes.
Est-ce qu’on se prend d’affection pour « Les Rose » ?

SPOILERS
On aime ?
A l’issu du visionnage de la moitié de la saison, on est dans une attente certaine de découvrir la suite pour voir comment la série va aller au bout d’un propos qui, pour l’instant, tâtonne un peu. Le premier sentiment qui se dégage est celui d’un postulat de départ ultra original, radical, proche du grand guignol, jouant avec notre perception pour générer l’horreur tout étant en permanence dans un décalé qui fait vraiment du bien. L’univers de la série, son cadre est parfaitement posé dès le début, avec une scène d’introduction vraiment réussie qui pose les règles que s’imposent notre famille de cannibales. Comme Dexter a son code qui régit ses actes, Les Rose ont leurs codes de chasse. Et voir Diane partir en chasse sur le bord des routes est vraiment un moment assez jouissif.
Si le cadre est donc réussi, le postulat qui anime la série est revanche plus bancal. Pas bancal dans le sens d’un manque d’intérêt, mais plus qu’on a parfois la sensation que l’on aurait pu raconter la même histoire dans un film et pas dans 6 épisodes, le sentiment d’un propos qui s’étire s’impose assez vite à nous. Autre soucis qui se dégage de la série : on voit assez souvent à l’image que la série manque de moyens, notamment dans le fait que l’action impose rarement à l’image la présence de beaucoup de monde, figurants ou acteurs, et même pour un petit village de campagne, Le Breuil paraît trop souvent désert.

En revanche, côté personnages, c’est une vraie réussite, aussi bien dans la caractérisation que dans l’incarnation des Rose. Shirine Boutella en « lionne » qui part à la chasse, est toujours dans une justesse sans jamais tomber dans le grotesque. Pareil pour Arthur Dupont, les deux acteurs jouant sur une inversion des codes qui fait vraiment du bien. Mais, et ce n’est pas une surprise, Capucine Valmary est toujours parfaite, juste émotionnellement, et en adolescente qui découvre son instinct primaire sur lequel vient se greffer le fait de grandir et de découvrir les sentiments qui nous animent tous, elle joue la carte juste comme il faut.
« Il est à moi » lance-t-elle à des jeunes du village qui s’en prennent à sa « proie », une phrase pleine de double sens et qui illustre parfaitement la ligne sur laquelle joue la série et la partie où elle excelle. Si on soulignait que le propos nous semblait un peu « fin » pour une série, en revanche le ton qui lui est donnée est parfaitement réussi, jouant sur un double sens permanent, une double atmosphère, voire même un double univers qui ne bascule jamais vraiment dans l’horreur absolu mais qui ne demande qu’à y aller à de très nombreux moments. Toujours « sauvé » par ce pas de côté dans le décalé à l’image de la fin de l’épisode 3.
On a donc hâte de voir comment la série va poursuivre son parcours et tenir son propos jusqu’à l’épisode 6…