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On a vu pour vous… Raised by wolves, androïdes et rédemption de l’humanité version Ridley Scott

Dystopie religieuse post-apocalyptique et guerre entre androïdes : Raised by wolves est aussi spectaculaire que riche en sujets de réflexion. 

C’est quoi, Raised by wolves ? A la fin du XXIIe siècle, alors que la Terre est ravagée par une guerre entre athées et extrémistes religieux, deux androïdes sont envoyés sur une planète inexplorée, Kepler 22-B. Baptisées Mère (Amanda Collin) et Père (Abubakar Salim), ces deux créatures sont programmées pour protéger six embryons humains qui fonderont une nouvelle civilisation. Quelques années plus tard, une faction de fanatiques arrive sur cette même planète pour y rebâtir leur propre société, selon leurs dogmes. Dans un environnement hostile où il n’est pas simple de survivre, la confrontation est inévitable. 

Deux androïdes protègent des enfants humains pour leur permettre de reconstruire la civilisation sur une planète hostile, après la destruction de la Terre : il n’est guère surprenant que Raised by wolves, série créée par le scénariste Aaron Guzikowski (à qui l’on doit The Red Road) aie suscité l’intérêt d’un certain Ridley Scott. Au point qu’il ne se contente pas d’en être l’un des producteurs, puisqu’il s’est impliqué personnellement dans le projet  en réalisant les deux premiers épisodes. Plus encore, son empreinte et ses idées créatives se ressentent tout au long de la série, disponible en France sur Warner TV. 

Mère et ses « enfants », dernier espoir de l’humanité

Le monde a été dévasté par une guerre entre deux mouvements idéologiques: les athées et la secte des mithraïques. Deux androïdes, au départ armes de destruction massive, sont reprogrammés par un ingénieur athée : baptisés Père (Abubakar Salim est excellent) et Mère (magnifique Amanda Collin au  regard fixe et à la présence effrayante), ils suivent strictement le code qui leur a été implanté. Leur mission consiste à gagner une autre planète, prendre soin de six embryons humains qui représentent le dernier espoir de l’humanité, donner naissance aux six enfants et les protéger pour qu’ils rebattissent une civilisation. Hélas, seul l’un d’entre eux, Campion (Winta McGrath), survivra. 

Quelques années plus tard,  une faction de mithraïques escortée par des androïdes débarque à son tour sur Klepper 22-B. Parmi eux se trouvent  Sue (Niamh Algar – The Virtues) et Marcus (Travis Fimmel – qui rappelle parfois un peu trop le Ragnar de Vikings), qui ont assassiné un couple pour prendre leur place et qui s’occupent de Paul, leur petit garçon. Tandis que Sue est encore traversée par des doutes, Marcus s’est laissé imprégner par le fanatisme religieux et a sombré dans l’intransigeance du nouveau converti. Deux factions ennemies, une seule planète : il ne faut pas longtemps avant qu’un premier affrontement majeur n’oppose Mère aux nouveaux arrivants.  

Après les vikings, Travis Fimmel prend la tête des mithraïques

Difficile d’aller au-delà des prémisses de Raised by wolves. D’une part, parce que cette première saison repose essentiellement sur l’arrivée des deux factions sur la nouvelle planète puis les escarmouches qui les opposent avant l’affrontement final, et d’autre part parce que tout n’est pas dévoilé d’emblée. Visuellement, Raised By wolves est incroyable dès la première scène. Elle nous entraîne dans un univers spectaculaire, immersif et surprenant où se mélangent une esthétique de science-fiction des années 60,  des paysages désertiques et arides (la plupart des scènes ont été tournées  en Afrique du Sud) ,  des costumes dignes du néolithique et d’autres des croisés médiévaux, des androïdes destructeurs, des humains et de gigantesques vaisseaux spatiaux. Mais on ne comprend pas immédiatement tous les tenants et aboutissants de l’histoire,  la série entretenant volontairement une certaine confusion. Plusieurs lignes narratives et plusieurs thèmes se mélangent et l’ensemble est d’abord difficile à appréhender, il faut accepter de se laisser porter. 

Certes, au milieu des dix épisodes qui composent cette saison, la série atermoie un peu en se consacrant à la montée en puissance des deux factions dont on sait pourtant dès le départ qu’elles sont destinées à s’affronter tôt ou tard.  Mais ce léger déséquilibre narratif excepté, Raised by wolves ne cesse de s’enrichir et de monter en puissance à mesure que l’histoire progresse : au fil des rebondissements, on découvre peu à peu les caractéristiques des androïdes, les dissensions idéologiques qui menacent les mithraïques, la rivalité entre deux des enfants puis adolescents (Campion et Paul) qui représentent l’ultime espoir de l’humanité. Du reste, cet affrontement rappelle clairement l’histoire de Romulus et Remus, les fondateurs de Rome…  élevés par une louve, de sorte qu’il n’y  pas à chercher bien loin le sens du titre de la série.  

Fallait pas énerver Mère…

Raised by wolves a surtout  l’intelligence de ne pas se limiter à son concept de départ mais de l’exploiter pour creuser plusieurs thématiques qui  nous interpellent, soit parce qu’elles sont universelles soit parce qu’elles entrent en résonance avec des problématiques actuelles. Voilà quelque chose que Ridley Scott sait très bien faire, et il s’en prive d’autant moins ici que Raised by wolves reprend des sujets récurrents dans ses films : un futur sombre où l’humanité court à sa perte, un espoir de rédemption sur une autre planète, des machines et des êtres humains, la refonte d’une civilisation ex-nihilo, le survivalisme, l’utilisation qui peut être faite de la technologie, la science, la mythologie, la religion et le fanatisme. Les métaphores et symboles ne sont pas toujours subtils, les thèmes ont été abordés à de nombreuses reprises mais Raised by wolves n’en demeure pas moins intrigante et extrêmement stimulante. Et si un certain nombre de questions posées par l’intrigue trouvent leur réponse au terme de la saison, d’autres interrogations surviennent et restent en suspens. 

Raised by Wolves ne séduira pas tout le monde. En premier lieu parce qu’il faut évidemment aimer un minimum la science-fiction, ensuite parce que son récit  complexe demande une certaine implication, enfin parce qu’il faut entrer dans son univers certes très réussi mais aussi très particulier. Pour autant, si l’on se laisse porter, on découvre une fresque spatiale dystopique spectaculaire, avec une histoire prenante et surtout stimulante dans les thèmes qu’elle aborde.  La réflexion se poursuivra du reste lors d’une deuxième saison, déjà commandée.

Raised by wolves (HBO Max)
10 épisodes de 50′ environ.
Disponible sur Warner TV à partir du 7 Décembre. 

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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