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On a vu pour vous… The Head, thriller oppressant en Antarctique

Dans The Head, isolés sur une base en plein hiver polaire, des scientifiques sont aux prises avec un meurtrier.  A moins que le tueur ne soit l’un d’entre eux.

C’est quoi, The Head ? Alors que la nuit polaire s’apprête à submerger la station scientifique Polaris en Antarctique, la majeure partie du personnel est sur le départ. Un groupe de dix personnes reste pour assurer le fonctionnement de la base mais, quelques mois plus tard, les communications sont coupées. Sans nouvelles de ses collègues et notamment de sa femme Annika (Laura Bach), le commandant Johan Berg (Alexandre Willaume) revient sur place : il y découvre sept cadavres, deux membres de l’équipe ont disparu, et le Dr Maggie Mitchell (Katharine O’Donnelly) est retrouvée en état de choc et n’a que des souvenirs partiels des événements. Johann va tenter de comprendre ce qui s’est passé sur la base.

Si une série peut être qualifiée de « projet international », c’est bien The head, diffusée à partir du 24 Septembre sur Canal +. Née de la collaboration entre les Espagnols de Mediapro Studio, Hulu Japan et HBO Asia , le thriller créé par les frères Pastor a été tourné en Anglais, Suédois et Danois  et on y retrouve un casting tout aussi cosmopolite avec entre autres John Lynch (The Fall), Tomohisa Yamashita (Code Blue), Alvaro Morte (La casa de Papel), Alexandre Willaume (The last kingdom), Katharine O’Donnelly (Maríe, Reine d’Écosse) ou encore Richard Sammel (Un village français). 

De quoi susciter la curiosité, d’autant que le point de départ de l’histoire est mystérieux à souhait. Bien sûr, il rappelle le scénario d’autres films et séries comme The Terror, Alien et La Chose (film auquel la série fait un clin d’œil dans le premier épisode). Mais au fond, peu importe : il y a pire, comme références. L’idée de base reste efficace et pleine de possibilités ; et dans l’espace comme au pôle sud, personne ne vous entend crier. 

Nous sommes en Antarctique. En plein hiver polaire, dix personnes – scientifiques et personnel divers – sont restées sur place pour assurer la maintenance de Polaris, une base de recherche internationale. Mais lorsque la communication est coupée , une autre équipe vient aux nouvelles. Ce qu’ils découvrent s’apparente à une scène d’horreur : leurs collègues sont morts de manière violente ou ont disparu. Seule le Dr Maggie Mitchell est retrouvée, mais elle est traumatisée. Le commandant Johan Berg, dont la femme Annika faisait partie du groupe, tente de l’interroger pour comprendre ce qui s’est passé. 

Qu’est-il arrivé sur la base scientifique ?

La narration se déroule en  suivant deux chronologies, étroitement mêlées tout au long des épisodes. Dans le présent, Maggie retrace petit à petit le cours des événements ayant conduit à la mort ou la disparition de ses collègues. A partir de là, le récit revient dans le passé avec de longs flash-back : sur la base, la situation se dégrade après la découverte d’un premier corps (décapité – d’où le titre The head) ; les soupçons, les mensonges, la paranoïa et la terreur envahissent la station à mesure que les cadavres s’amoncellent. Comme Johan, le spectateur découvre peu à peu la vérité… ou ce qui pourrait être la vérité. Car une question se pose : Maggie est-elle sincère ? Raconte-t-elle ce qui s’est vraiment passé ou ment-elle pour se couvrir ? Peut-être est-elle la meurtrière, peut-être a-t-elle tout simplement une vision erronée des événements. 

On doute de Maggie, mais pas seulement. Dès les dix premières minutes, The head met en place la situation et trace un premier portrait de ses protagonistes. On sait qui ils sont, quel est leur rôle ou quelles sont leurs relations (par exemple celle entre Johan et Annika), mais on comprend surtout que tous ont des secrets qu’ils veulent à tout prix préserver. A mesure que leur passé trouble ressurgit, la méfiance et la suspicion augmentent, leurs camarades mais aussi le spectateur comprennent qu’ils ne peuvent se fier à personne. 

On a évoqué plus haut des récits fantastiques ou de science-fiction ; pourtant The Head est un thriller psychologique bien plus proches des histoires d’Agatha Christie. Pas besoin de monstre carnivore ou d’entité extraterrestre : l’être humain, avec sa noirceur et ses secrets, est en lui-même suffisamment dangereux et effrayant. Dans une atmosphère sombre et oppressante, à des milliers de kilomètres de toute civilisation, les personnages sont complètement isolés et aux prises avec un meurtrier. C’est un huis-clos, un Cluedo aux relents claustrophobes où l’on est enfermé dans les couloirs de la station ou perdu au milieu des étendues glacées balayées par les vents polaires. The Head, c’est un peu Le Crime de l’Orient-Express ou Les Dix petits nègres en Antarctique.

Ambiance glaciale en Antarctique

Certes, la série n’est pas parfaite, et les excellentes idées sur lesquelles reposent sa construction sont malheureusement ce qui lui enlève aussi une certaine fluidité. La fragmentation temporelle semble parfois artificielle ; le choix de passer d’un personnage à l’autre perd de sa force car tous sont loin d’avoir la même importance. Il est par exemple surprenant de voir les excellents Alvaro Morte ou Richard Sammel dans des rôles finalement anecdotiques. Mais The head reste convaincante grâce à un scénario solide imprégné de mystère et de tension. Chaque épisode s’achève sur un cliffhanger qui soulève de nouvelles questions et bat en brèche les certitudes que l’on croyait acquises. Preuve de l’efficacité de la série : après avoir vu cinq des six épisodes, il reste difficile de deviner le fin mot de l’histoire… 

Malgré quelques défauts, The Head tient ses promesses : une histoire pleine de suspense, de nombreuses surprises et des acteurs qu’on a plaisir à retrouver. Prenante et intrigante, l’histoire s’achève au terme des six épisodes, mais les frères Pastor n’excluent pas la possibilité d’une deuxième saison sous forme d’anthologie. Un peu à la manière de The Terror, autre thriller machiavélique glaçant et glacé, avec ses marins piégés en pleine mer arctique. Décidément,  il se passe de drôles de choses sur la banquise. 

The head (HBO)
6 épisodes de 50′ environ
Le 24 Septembre sur Canal +. 

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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