Basée sur des faits réels, The Hot Zone raconte la lutte d’une scientifique confrontée à l’émergence du virus Ebola à la fin des années 1980 aux États-Unis.
C’est quoi, The Hot Zone ? En 1989, les singes utilisés comme cobayes dans un laboratoire en Virginie sont décimés par une mystérieuse maladie. Chargée d’enquêter, le Dr Nancy Jaax (Julianna Margulies), colonelle de l’Institut de recherche médicale sur les maladies infectieuses de l’armée américaine, s’alarme lorsqu’une série de tests démontre qu’il s’agit d’une souche du virus Ebola. Pressentant la gravité de la situation malgré le scepticisme de ses supérieurs et de ses collègues, elle décide de poursuivre son investigation. En dépit des inquiétudes de son mari Jerry (Noah Emmerich), lieutenant-colonel de l’armée, elle se tourne alors vers son ancien mentor, le Dr Wade (Liam Cunningham), afin de tenter de contenir le virus et d’empêcher une éventuelle épidémie.
Série de National Geographic produite par Ridley Scott, The Hot Zone est tirée d’un best-seller publié en 1994 par Richard Preston. Bien qu’il se lise comme un thriller dans la lignée des romans de Michael Crichton ou Robin Cook, ce livre n’est pas une fiction : ouvrage de vulgarisation scientifique, il raconte la découverte du virus Ebola, sa diffusion et son expansion en Afrique puis aux États-Unis à la fin des années 1980. Cette mini-série de 6 épisodes s’en inspire, entre fidélité aux événements et concessions – parfois nécessaires et parfois superflues – à la fiction. La plupart des personnages ont réellement existé, d’autres sont inventés ; les faits relatés sont globalement exacts malgré quelques simplifications ou digressions.
Lorsque les singes d’un laboratoire privé appartenant à l’homme d’affaire Walter Humbolt (Robert Sean Leonard) meurent d’une étrange maladie, le cas est confié à la colonelle Nancy Jaax, médecin spécialiste des maladies infectieuses. Forte de son expérience, elle comprend vite qu’il ne s’agit pas d’une pathologie ordinaire mais d’une souche du virus Ebola, maladie mortelle qui n’a pourtant jamais été observée en dehors du continent africain. Elle se heurte toutefois aux réticences de son collaborateur Peter Jahrling (Topher Grace), de son supérieur le colonel Vernon Tucker (Robert Wisdom) et du directeur du CDC Trevor Rhodes (James D’Arcy) qui craint que la nouvelle ne s’ébruite et ne provoque une panique générale parmi la population. Avec le soutien de son mari Jerry, lui-même militaire, et l’aide de son ancien mentor le Dr Wade, la scientifique va tenter d’identifier précisément le virus, de retrouver toutes les personnes potentiellement exposées et d’endiguer une possible épidémie.
The Hot Zone est d’abord un thriller médical efficace quoi que classique, voire légèrement suranné puisqu’il rappelle immanquablement un film comme Alerte ! (1994) par exemple, et reprend tous les éléments caractéristiques du genre. La scène d’ouverture, par exemple, est un incontournable : un homme meurt en vomissant et en crachant du sang (Petit conseil : regardez la série en dehors des heures de repas…) Après un premier épisode un peu en-deçà, l’histoire trouve son rythme, entre récit au présent relatant les événements de 1989 et longs flash-back suivant le Dr Wade dans les années 1970. Les deux récits se complètent bien : Wade assiste à l’apparition et l’expansion du virus dans les zones rurales du Zaïre en proie à des tensions géopolitiques, et il fait face à une maladie mortelle encore inconnue ; Jaax se lance dans une course contre la montre, quinze ans plus tard, pour tenter de contrôler ce même virus et d’empêcher sa diffusion.
Malgré son aspect très conventionnel, il est facile de se laisser porter par un récit plein de tension, grâce au sentiment d’urgence qui court tout au long des épisodes. S’y ajoute l’ambiance aseptisée mais claustrophobique de la Hot Zone qui donne son titre à la série, soit ces laboratoires hermétiques aux accès strictement contrôlés où on ne pénètre qu’en combinaison spéciale après une douche de désinfection. Et ce, même s’il faut fermer les yeux sur quelques raccourcis aberrants (et insolites, pour une série signée National Geographic) : par moments, les scientifiques semblent oublier toutes les règles sanitaires, manipulant par exemple des cadavres de singes infectés sans précaution particulière…
Parfois maladroite sur ce plan, The Hot Zone l’est aussi lorsqu’elle tente d’insuffler des intrigues plus personnelles, en évoquant par exemple la vie familiale de son héroïne ou la maladie de son père. Peu convaincantes, elle n’apportent pas grand-chose au récit ni à la psychologie des personnages. Ceux-ci restent également stéréotypés (la scientifique héroïque que personne n’écoute, le médecin baroudeur aux airs d’Indiana Jones, le militaire buté inconscient du danger…) et ne rendent pas justice à des acteurs pourtant brillants – même si Margulies ou Emmerich s’en sortent honorablement.
Ce que The Hot Zone fait de mieux, c’est finalement le récit des événements et le contexte dans lequel ils surviennent. Elle montre aussi l’impréparation des institutions de l’époque face à la situation, les réactions extrêmes suscitées par une éventuelle épidémie, la manière dont les autorités tentent de cacher la menace par crainte d’une vague de panique, les stratégies des entreprises privées plus soucieuses de leurs profits que des éventuelles conséquences de la maladie, les tensions entre militaires, scientifiques et politiciens… Et cette dimension sous-jacente est peut-être aussi effrayante que la maladie en elle-même : les choses ont-elles tellement changé, depuis 1989 ?
Au final, The Hot Zone est un bon thriller auquel on se laisse prendre – si l’on veut bien pardonner quelques facilités. Elle a surtout le mérite de mettre en lumière des problématiques prégnantes. Cette histoire, basée sur des faits réels, se déroule peut-être en 1989 ; elle entre pourtant en résonance avec une actualité… brûlante. Rappelons que, aujourd’hui, plusieurs pays d’Afrique sont ravagés par le virus Ebola ; le cap des 2000 morts vient d’être franchi en République démocratique du Congo. Et The Hot Zone nous l’assène en guise de conclusion : à l’heure actuelle, il n’existe toujours aucun vaccin ni aucun traitement, face au virus Ebola…