The Pembrokeshire murders raconte une histoire vraie : comment la réouverture d’une enquête, dix-sept ans après les faits, a permis d’arrêter un tueur en série au Pays de Galles.
C’est quoi, The Pembrokeshire murders ? En 2006, Steve Wilkins (Luke Evans) est nommé surintendant de la police de Dyfed-Powys, dans le comté de Pembrokeshire au sud-ouest du Pays de Galles. Lorsqu’il se penche sur des dossiers non résolus, une affaire retient particulièrement son attention : deux meurtres de 1989 semblent être liés à des agressions datant de la même période. Wilkins pense qu’en réexaminant les preuves avec les nouvelles techniques médico-légale et en interrogeant à nouveau les témoins, lui et son équipe pourraient obtenir des preuves contre John Cooper (Keith Allen). Principal suspect à l’époque, celui-ci est incarcéré pour d’autres crimes mais il est sur le point d’obtenir sa libération conditionnelle…
Les Britanniques sont imbattables dans certains domaines : le thé, les scones, le fish and chips, les scandales royaux… Et dans le domaine des séries, ils sont passés maîtres dans l’art des fictions historiques, des adaptations de classiques de la littérature et des mini-séries policières basées sur des faits réels. Après Manhunt, Des ou A confession, voici The Pembrokeshire Murders, qui arrive sur Canal Plus début Septembre. Une reconstitution méticuleuse du travail de la police galloise, qui a conduit à la résolution d’un cold case vieux de près de vingt ans grâce aux avancées de la science et à la détermination d’un enquêteur.
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L’enquêteur en question, c’est Steve Wilkins, qui revient dans son Pays de Galles natal pour prendre la tête de la police du comté de Pembrokeshire. Avec derrière lui une brillante carrière à Londres qui lui a valu un divorce et des relations compliquées avec ses enfants, il se plonge dans le travail et constate que plusieurs affaires n’ont pas été élucidées. En particulier le meurtre brutal d’un couple, perpétré 17 ans plus tôt. Wilkins est convaincu que les progrès de la médecine légale pourraient apporter des preuves grâce à une nouvelle analyse des indices recueillis à l’époque.
Effectivement, ces analyses relient le meurtre à un autre crime sanglant et à une série d’agressions ; elles indiquent surtout un nom, celui de John William Cooper. Il n’y a guère de doute : cet homme, qui s’apprête à sortir de prison après avoir purgé sa peine pour un braquage avec violence, est le coupable. Le problème ? Cooper a un alibi en béton pour la journée des meurtres… Son fils Adrian, profondément perturbé et qui a rompu tout contact avec sa famille, détient peut-être l’élément-clé qui le fera tomber.
Tirée du livre écrit par l’inspecteur Wilkins lui-même, tournée dans le magnifique comté qui lui donne son titre, The Pembrokeshire Murders va à l’essentiel : en trois épisodes de 40 minutes clairement délimités, elle retrace successivement la réouverture du dossier, l’enquête principale et le procès. Elle ne s’intéresse pas aux crimes dans leur dimension sanglante mais se concentre quasi-exclusivement à l’examen approfondi des preuves, aux interrogatoires, aux points de procédure, à la relation entre police et médias… La vie privée de Wilkins, qui apparaît brièvement, n’est traitée que de manière anecdotique.
On est au cœur de l’enquête comme si on était un membre de l’équipe, on découvre les éléments en même temps que les policiers. Comme eux, on est vite convaincu de l’identité du meurtrier : ce fameux John Cooper. Un ouvrier agricole déjà soupçonné auparavant, condamné entre temps pour d’autres crimes, et qui est sur le point de sortir de prison pour bonne conduite. L’équipe de Wilkins se lance alors dans une course contre la montre pour obtenir des preuves avant qu’il n’obtienne sa libération conditionnelle.
L’un des atouts majeurs de la série, ce sont ses deux acteurs principaux extrêmement convaincants. D’un côté, Luke Evans (The Alienist, Black Sails) dans le rôle de Wilkins : il apparaît dans presque toutes les scènes et à titre d’anecdote, signalons qu’il parle avec son accent gallois d’origine, qu’il n’utilise généralement pas à l’écran. De l’autre côté, Keith Allen (le père de Alfie Allen alias Theon Greyjoy de Game of Thrones) joue à la perfection ce John Cooper extrêmement affable… mais glaçant dès sa première apparition à l’écran et qui devient de plus en plus antipathique à mesure qu’on découvre sa vraie personnalité. Les interrogatoires de Cooper et le face à face des deux hommes au tribunal sont certainement les scènes les plus tendues et réussies de la série.
Reste que dans l’ensemble, la série ne mise pas sur le suspense. The Pembrokeshire murders a la rigueur des rapports de police : c’est un récit très sobre, qui ne cherche pas à faire de l’esbroufe. Ce sont des couloirs entiers de cartons remplis de dépositions, de photographies, d’objets, de relevés d’empreintes qu’il faut réexaminer, étudier, choisir ou non d’envoyer en laboratoire en raison d’un budget réduit qui interdit de tout analyser. Par conséquent, le spectateur doit accepter cette approche presque documentaire sur le travail des enquêteurs – les amateurs de true crime et d’histoires criminelles basées sur des faits réels seront certainement séduits. Les autres peuvent donner une chance à une série où le suspense laisse la place à un récit rigoureux et intéressant, d’autant plus prenant pour qui ne connaît pas l’affaire.
Avec 11 millions de téléspectateurs lors de sa diffusion (la meilleure audience de ITV depuis 2006), The Pembrokeshire murders est une série efficace et intéressante – même si elle ne se démarque pas spécialement parmi les autres fictions du genre. Elle réussit toutefois à intriguer car malgré une conclusion facile à anticiper, il y a une question récurrente tout au long des épisodes : les avancées de la science médico-légale peuvent-elles faire parler des éléments et amener à la condamnation d’un homme dont le nom avait été écarté précédemment ?
The Pembrokeshire Murders.
3 épisodes de 45′ environ.
Le 30 Août sur Canal Plus.