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On a vu pour vous… Un gentleman à Moscou, conte mélancolique dans la Russie bolchevique

Un gentleman à Moscou

Avec un formidable Ewan McGregor, Un gentleman à Moscou nous emmène dans un hôtel de luxe au lendemain de la révolution.

C’est quoi, Un gentleman à Moscou ? En 1922, le comte Alexander Ilitch Rostov (Ewan McGregor) est convoqué devant un comité bolchevique qui met en doute son allégeance à la révolution. Grâce à un poème subversif qu’il avait écrit, il échappe à l’exécution et la peine est commuée : il passera le reste de ses jours confiné au Metropol Hôtel, où il résidait depuis quelque temps. Dépossédé de ses biens, désormais installé dans une chambre de bonne, Alexander va y passer des décennies en essayant de vivre comme si de rien n’était au milieu du personnel et des clients de passage, tandis que la Russie subit des bouleversements majeurs.

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C’est l’adaptation d’un grand roman, un best-seller publié par l’auteur américain Amor Towles en 2016, qui nous arrive aujourd’hui sur Canal+. Une mini-série extrêmement fidèle au texte original parfois au mot près, qui enchantera les lecteurs mais aussi ceux qui ne connaissent pas le livre. En huit épisodes, Un gentleman à Moscou trace le portrait élégant, subtil et émouvant d’un homme frappé par un cruel revers de fortune, dans un contexte historique magnifiquement reconstitué. Une sorte de conte russe aux airs de film de Wes Anderson.  

Une histoire de résilience

Au cœur de la série se trouve le Comte Rostov que l’on suit dans absolument toutes les scènes. Aristocrate dépossédé de ses biens lors de la révolution, il est revenu en Russie et se retrouve confiné à l’intérieur du Metropol Hotel dont il ne peut sortir sous peine d’être exécuté. Dépouillé de sa suite, il est banni dans une pièce minuscule au grenier, ouverte aux courants d’air, bien loin du luxe auquel il était habitué. Mais Rostov s’en fiche. 

La résilience est la clé du personnage qui affronte la situation avec détermination et élégance, mais aussi avec une fraîcheur et un optimisme aussi surprenants que réjouissants. Ce qui devrait être une épreuve et une humiliation devient une aventure, une expérience, une opportunité. Cet homme versé dans les arts et la dialectique, lecteur de Montaigne et Tolstoï, attaché aux codes et systèmes de pensée de sa classe, devrait être désespéré ; il refuse de céder à la tristesse ou à l’accablement. Tout juste s’autorise-t-il parfois un moment de nostalgie mais c’est consciemment qu’il choisit l’espoir.  

Au cours des trente ans qu’il passe entre les murs du Metropol, Rostov est en constante évolution et adaptation. Lui, qui jouissait autrefois des privilèges de la noblesse, n’est jamais méprisant ou arrogant ; chaleureux et ouvert, il sympathise avec les membres du personnel (du moins, avec certains…) et avec d’autres personnes rencontrées à l’hôtel.

Alexander Rostov, désormais enfermé à l’intérieur du Metropol Hotel

C’est Ewan McGregor qui incarne le Comte, avec un brio incroyable – et avec l’imposante moustache qu’il s’est laissée pousser pour le rôle. L’acteur écossais est  à lui seul une raison suffisante pour regarder la série. Extraordinaire de la première à la dernière scène, il traduit d’un regard  la tristesse et la mélancolie d’un personnage qui a perdu sa famille, son statut et la vie qu’il a connue, son sentiment de culpabilité vis-à-vis de la mort de sa sœur (dont il se souvient dans des flash-back), ses moments de désarroi mais aussi son raffinement, sa délicatesse, son humour, sa malice, son émerveillement voire une forme de naïveté enfantine.

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Le Metropol, son personnel et ses clients

Toute l’action se déroule entre les murs du Metropol. Situé face au Kremlin, l’hôtel est un personnage à part entière, aux airs de The grand Budapest hotel.  Avec ses passages secrets, ses suites raffinées, ses restaurants gastronomiques, ses cuisines survoltées et son toit panoramique, c’est une oasis  de luxe encore épargnée par les soubresauts de la révolution russe,  pour riches occidentaux et hauts responsables du régime.  

C’est là que le Comte rencontre l’agent de la police secrète Osip (Johnny Harris) qui le sollicite pour comprendre l’état d’esprit de l’aristocratie ; la petite Nina (Alexa Goodall) , neuf ans, qui veut tout savoir de la vie des princesses et des règles des duels et deviendra la meilleure amie du Comte ; Anna Urbanova (Mary Elizabeth Winstead), une actrice avec qui il entretient une liaison ; ou encore Mishka (Fehinti Balogun), un ancien camarade d’université occupant une place importante dans le nouveau régime.

Entre le Comte et Nina, une amitié inattendue

Pour autant, la grande Histoire ne prend jamais le pas sur celle, fictive, de la série. Il y a certes des réflexions  sociales, idéologiques et politiques mais Un gentleman à Moscou est d’abord l’histoire d’un homme qui lutte non pas contre des idées, contre le pouvoir ni même contre l’oppression – mais contre les revers de fortune, l’ironie du destin, les aléas de la vie.  Dans cet enfermement auquel il s’adapte avec nonchalance, Rostov nous enseigne que derrière chaque échec se cache parfois une opportunité, derrière chaque coup de sort une chance. Sans verser dans l’angélisme ou le manichéisme, sans négliger la noirceur qui submerge parfois son héros, sans coup de théâtre majeur, la série fait de ses (més)aventures un voyage initiatique puissant et profondément humain. Un conte… et un comte, quelque part entre Nabokov et Peter Pan. 

Malgré quelques moments plus sombres et le contexte de la Russie post-révolutionnaire, Un gentleman à Moscou trace par petites touches le portrait d’un homme à son image : tendre, poétique, subtil et attachant. Portée par un Ewan McGregor lumineux, c’est une série volontiers contemplative et malicieuse, qui se savoure petit à petit. Comme un bon thé russe, préparé dans le plus beau des samovars. 

Un gentleman à Moscou
8 épisodes de 50′ environ.
Le 30 Mai sur Canal+.

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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