Un monde en feu suit des gens ordinaires qui, à travers l’Europe, voient leurs vies bouleversées par la deuxième guerre mondiale.
C’est quoi, un monde en feu ? Nous sommes en 1939, à la veille de la Seconde Guerre mondiale. A Manchester, Douglas Bennett (Sean Bean) est un chauffeur de bus, pacifiste de conviction. Sa fille Lois (Julie Brown) est amoureuse de l’héritier d’une famille aristocrate, Harry Chase (Jonah Hauer-King), au grand dam de la mère de celui-ci (Lesley Manville). Lorsque Harry est affecté à Varsovie en tant que traducteur pour la délégation diplomatique britannique, il rencontre une jeune serveuse polonaise (Zofia Wichłacz)… A Berlin, la journaliste américaine Nancy Campbell (Helen Hunt) tente de contourner la censure nazie pour diffuser ses articles tandis qu’à Paris, son neveu Webster O’Connor (Brian J. Smith), médecin, entretient une relation avec Albert (Parker Sawyers), un saxophoniste noir. Chacun va voir son destin irrémédiablement bouleversé par la guerre.
C’est en s’inspirant d’un documentaire des années 1970 (The world at war, narré par Sir Lawrence Olivier), que le scénariste britannique Peter Bowker a créé Un monde en feu. Dans cette série de 2019 produite par la BBC (et diffusée sur Teva à partir du 2 Juin), il raconte comment des gens anonymes ont subi les conséquences de la guerre, à travers l’Europe et en Angleterre. Avec quatre familles dans quatre villes différentes, c’est une série chorale dont les différentes histoires sont subtilement liées.
Un récit choral à travers l’Europe
Le premier épisode débute en 1939, à la veille de l’invasion de la Pologne par l’Allemagne, avec la présentation de tous les personnages. On découvre leur vie personnelle et professionnelle, leurs convictions, leurs relations… jusqu’à ce que la guerre ne fasse tout voler en éclats et ne bouleverse complètement leurs destins respectifs. Certains vont s’enrôler et partir au front ; d’autres seront persécutés pour toutes sortes de raisons ; d’autres encore entreront en résistance ou combattront le nazisme à leur manière ; certains se rencontreront et d’autres non.
Avec une multitude de personnages, Un monde en feu parvient à englober plusieurs modes de vie, de convictions et de situations dans un monde qui s’effondre et se transforme irrémédiablement en quelque chose de totalement différent, balayant les certitudes des personnages et tout ce qu’ils tenaient pour acquis. Ceux-ci sont des aristocrates, des ouvriers, des artistes, des journalistes, des homosexuels persécutés, des résistants juifs-polonais, des malades visées par la politique d’épuration nazie, des civils appelés au front, des pacifistes enrôlés de force… Lorsque la guerre fait irruption dans leur petite vie tranquille, ils en perdent le contrôle. A leur manière, tous font preuve de courage soit pour des raisons strictement patriotiques, pacifistes ou militaires, soit parce qu’ils n’ont tout simplement pas d’autre choix.
Une réalisation et un casting brillants
Malgré de nombreuses intrigues parallèles, tout s’entremêle avec fluidité et les personnages sont bien développés – nonobstant un premier épisode où il faut s’accrocher pour comprendre (et surtout retenir) qui est qui. Mais ce léger inconvénient passé, on plonge immédiatement dans le début de la Seconde Guerre mondiale, immergés dans ce monde en feu évoqué par le titre.
A fortiori parce que la BBC est fidèle à sa réputation d’excellence dans le domaine des drames historiques. Avec des scènes tournées à travers l’Angleterre mais aussi à Paris et à Prague (excellent substitut à Varsovie avant qu’elle ne soit dévastée par les bombardements), la série recrée parfaitement les différents lieux et l’ambiance de l’époque, des salons de thé british aux usines en passant par les clubs de jazz parisiens ou le front polonais dans des scènes de combat efficaces. Dans un mouvement constant d’un endroit à l’autre, on passe instantanément du luxe d’un restaurant à Manchester à la misère des rues polonaises ravagées par l’invasion allemande.
Un mélodrame sur fond de guerre
La série manque toutefois de subtilité. Par exemple, Douglas est si indéniablement pacifiste que l’adjectif est prononcé quasiment à chaque fois qu’il apparaît à l’écran et il vend un journal appelé Peace News ; les personnages sont pour la plupart très manichéens sans zone de gris; la journaliste semble avoir lu la page wikipedia consacrée à l’Anschluss et sait déjà ce qui va se passer… En outre, l’ampleur des arches narratives fictives se fait parfois au détriment de la réalité historique. Un monde en feu simplifie ou omet certains éléments (par exemple la complaisance de la plupart des pays face aux ambitions territoriales d’Hitler et le sacrifice de la Tchécoslovaquie) ou s’accorde des libertés avec la chronologie.
Ce n’est pas forcément gênant, ne serait-ce que parce que la série est plus un mélodrame qu’une série de guerre. Si la guerre est un élément essentiel du récit, celui-ci s’oriente davantage vers le romanesque que vers la fresque historique. Il y a un triangle amoureux, des adieux déchirants sur un quai de gare, des secrets de famille, des drames personnels…Ce n’est pas un jugement négatif, juste un constat : on n’est pas dans Band of Brothers. Mais Bowker ne voulait pas faire du Spielberg : il voulait montrer comment des gens ordinaires subissent les conséquences dramatiques d’une guerre qui les dépasse et sur laquelle ils n’ont aucune prise. Pari largement réussi.
Avec son récit choral prenant et équilibré, l’excellence de la reconstitution des décors et un casting convaincant, Un monde en feu raconte les destins fictifs d’un groupe de personnages plongés dans la tourmente de la deuxième guerre mondiale. Avec un souffle romanesque indéniable et un écho troublant aux conflits qui ravagent le monde et en particulier l’Europe aujourd’hui.
Un monde en feu
2 saisons – 13 X 55′
Sur Teva.