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On a vu pour vous… We are Lady parts, les punkettes musulmanes

Pitch improbable, humour ravageur et aucun tabou dans We are lady parts, excellente comédie qui bouscule joyeusement les clichés. 

C’est quoi, We are Lady parts ?  Trois jeunes musulmanes ont formé un groupe punk-rock, We Are Lady Parts. Saira (Sarah Kameela Impey), Bisma (Faith Omole) et Ayesha (Juliette Motamed) répètent dans un local tandis que leur manager Momtaz (Lucie Shorthouse) tente de faire avancer leur carrière. Pour trouver une autre guitariste, le groupe organise une audition à laquelle se présente Amina (Anjana Vasan) suite à un quiproquo. Cette jeune femme timide rêve de trouver un bon mari musulman ; sur son temps libre, elle joue de la guitare dans un centre communautaire.  Les filles sont convaincues de son talent et lui proposent de rejoindre le groupe… mais Amina refuse, tétanisée par le trac et inquiète de la réaction de son entourage. 

Il y a d’excellentes comédies dont le pitch classique annonce à peu près ce qu’on va y trouver, comme Schitt’s Creek par exemple. D’autres surprennent par leur idée de départ saugrenue, improbable… mais intrigante. We are Lady parts, comédie britannique diffusée en France sur BrutX et sélectionnée dans le cadre du festival Séries Mania, fait indéniablement partie de cette seconde catégorie. 

Née de l’imagination de la jeune scénariste et réalisatrice Nida Manzoor qui s’est inspirée de sa propre expérience musicale avec ses sœurs, la série suit un groupe féminin musulman de punk rock en Angleterre. On ne sait pas vraiment à quoi s’attendre, mais il ne faut que quelques scènes pour comprendre qu »on tient là une brillante comédie – du niveau des excellentes Derry Girls ou Ghosts, bien que dans un genre totalement différent. 

We are Lady Parts, le groupe au complet

Avec six petits épisodes d’une vingtaine de minutes, la série ne perd pas son temps et nous présente ses personnages à grands traits tout en disant déjà l’essentiel. D’abord, Amina : issue d’une famille musulmane tolérante et pratiquante, cette jeune fille timide est une brillante étudiante en microbiologie . Son ambition est la même que celle de ses copines – à savoir trouver un mari qui soit un bon musulman, un beau gosse et un gentil garçon (pas nécessairement dans cet ordre) Par ailleurs, Amina joue de la guitare auprès d’une chorale de jeunes dans un centre communautaire de son quartier, mais refuse de monter sur scène lors des spectacles en raison d’une fâcheuse tendance à vomir à cause du trac. 

En parallèle, le groupe punk rock au nom sulfureux de We are Lady Parts est constitué de trois jeunes musiciennes musulmanes et de leur manager. Elles sont aussi diverses dans leurs origines que dans leur rapport à leur religion : la leader / chanteuse / guitariste Sarai refuse de s’engager avec son petit ami et qualifie le mariage d’instrument de domination phallocrate ; la  bassiste Bisma, originaire d’Afrique et turban sur la tête, est mariée et a un fils ; la batteuse Ayesha cache un tempérament explosif sous son voile ; leur manager Momtaz n’enlève jamais son niqab, même quand elle surfe sur internet pour promouvoir le groupe et leur chercher des concerts. Les quatre actrices sont  excellentes bien qu’on avoue un petit faible pour Sarah Kameela Impey.

Lorsque le groupe se cherche une guitariste supplémentaire, c’est Amina qui se présente à l’audition suite à un malentendu. Elle est douée, les filles veulent l’enrôler… mais Amina commence par refuser, par peur de vomir sur scène et par crainte de la réaction de ses parents et de ses amies. Elle finit par se laisser convaincre, surtout à cause de son attirance pour Ahsan, le frère de Ayesha, qui est musulman, beau et gentil (pas nécessairement dans cet ordre) et ferait un époux parfait. Mais dans ce groupe aussi inattendu que provocateur, Amina va s’interroger sur elle-même et sur ce qu’elle voudrait faire de sa vie… 

Amina craque pour le beau Ahsan

We Are Lady Parts est une pure comédie : rythmée, déjantée et trash. La série jongle entre comique de situation, quiproquos, répliques hilarantes, gags à la pelle, confrontation entre la candeur et la timidité de Amina face à la provoc et au sarcasme de ses nouvelles amies, chansons efficaces et cash ( Voldemort under my headscarf par exemple…). Et cash, We are Lady Parts ne l’est pas que dans les chansons : après tout, on y parle sexe, islam et rock’n’roll.

A écouter aussi : La playlist Spotify de We Are Lady Parts

Disons-le tout net, il n’y a aucune moquerie ni même critique de la religion ou des Musulmans.  Ce que raconte We are Lady Parts, c’est  la formation de ce groupe improbable à partir de l’arrivée de Amina. C’est elle qui nous fait découvrir le groupe et ponctue le récit par ses commentaires en voix off. On entend ce qu’elle pense alors qu’elle fait tout le contraire, on est amusé par  les gaffes qu’elle accumule, on est touché par la manière dont elle est partagée entre son désir de s’intégrer à la bande et sa crainte de déplaire à son entourage qui, sans être intolérant pour autant,  lui dicte constamment quoi faire en pensant à son bonheur.

Au fil des épisodes, on découvre aussi la vie de s autres membres de We are Lady Parts qui ont en commun de se sentir exclues de la société britannique, et qui canalisent toute leur colère et leur rage à travers la musique punk. Chacune d’entre elles a un moment où briller, et sans jamais se départir de son humour et de son décalé, la série approfondit magnifiquement leurs personnalités respectives. Et finalement, le défi est le même pour nos cinq punkettes : s’épanouir en tant que femme musulmane, à travers l’émancipation que leur offre la musique. 

 Les héroïnes de We are Lady parts sont des riot grllls qui n’ont peur de rien (ou presque, dans le cas de Amina), qui montent sur scène avec ou sans voile pour hurler leur rage en tant que femmes musulmanes à grands coups de riffs assassins et de refrains chocs. Des filles attachantes et complexes, drôles et émouvantes, entre Anarchy in the UK des Sex Pistols et Rock the casbah des Clash. 

We are Lady parts.
6 épisodes de 25′ environ.
Le 15 Septembre sur  BrutX.

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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