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On debriefe pour vous … Goliath, le nouveau thriller judiciaire de Amazon

Avec Goliath, série ambitieuse portée par Billy Bob Thornton, Amazon s’offre un thriller judiciaire passionnant.

C’est quoi, Goliath ? Billy McBride (Billy Bob Thornton – Fargo), autrefois avocat réputé et fondateur d’un puissant cabinet, n’est plus qu’une loque humaine : divorcé, ruiné, viré de sa propre entreprise, il vit seul dans la chambre miteuse d’un motel,  et s’occupe de petits dossiers sans envergure quand il n’est pas ivre mort. C’est pourtant vers lui que se tourne une petite avocate de seconde zone, qui sollicite son aide pour négocier un accord avec un fabricant d’armes, suite à une mort accidentelle survenue sur un bateau appartenant à la compagnie. En travaillant sur le dossier, Billy met à jour des zones d’ombres qui laissent à penser qu’il ne s’agit peut-être pas d’un accident. Il décide donc de refuser l’accord financier et de porter l’affaire devant les tribunaux. Et lorsqu’il apprend que la partie adverse n’est autre que son ancien cabinet, la bataille judiciaire prend un tour beaucoup plus personnel…

Thriller judiciaire, Goliath peut se targuer de l’expérience professionnelle de son auteur et de son producteur, tous deux anciens avocats : Jonathan Shapiro et David E. Kelley. Les deux hommes avaient du reste déjà collaboré sur The Practice et Boston Legal. C’est ensemble qu’ils ont créé Goliath, suscitant l’intérêt d’Amazon qui – une fois n’est pas coutume – a dérogé à son habitude de soumettre le pilote à l’approbation du public, pour commander directement une saison de 8 épisodes.
L’un des thèmes centraux de
Goliath, comme l’indique clairement le titre, c’est la lutte inégale entre puissants cabinets juridiques et petits avocats indépendants, et la manière dont cette disproportion influe sur l’idée de justice – un sujet déjà abordé notamment par Better Call Saul. Tout comme cette dernière, Goliath se penche sur un domaine juridique a priori peu attirant (le droit des sociétés), plus technique et moins glamour que le droit pénal sur lequel se concentrent la plupart des séries judiciaires. Le récit est consacré à une seule affaire, suivie de façon linéaire et menée à sa conclusion au terme d’une première saison magistrale, menée avec rythme et ponctuée de  rebondissements et de coups de théâtre inattendus mais totalement crédibles.  

Au-delà de l’aspect purement judiciaire, Goliath est aussi l’histoire d’une rédemption et d’une vengeance : celle de Billy McBride, un anti-héros à la dérive qui a tout perdu, et qui se voit offrir une dernière chance de se racheter et de réparer les torts qui lui ont été faits. Fondateur d’un important cabinet d’avocats, cet ancien ténor du barreau a traversé une grave crise existentielle lors d’une affaire, se retrouvant emporté dans une spirale infernale qui a ruiné sa vie professionnelle, sa vie privée, et l’a détruit psychologiquement. Sans argent, trahi et abandonné de tous, il n’a plus que l’alcool pour compagnon et sa seule perspective d’avenir, c’est la prochaine cuite qui le mettra K.O.  Pendant ce temps, son ancien cabinet a conservé le nom de Cooperman & McBride et a prospéré jusqu’à devenir l’une des plus grandes entreprises juridiques du pays sous la direction de l’impitoyable Donald Cooperman (William Hurt), ancien partenaire et Némésis de Billy.

A partir de ce scénario, la série justifie son titre en illustrant la lutte inégale entre les deux camps, qu’on suit en parallèle. D’un côté, le pauvre Billy ne peut compter que sur l’aide d’une avocate inexpérimentée (Nina Arienda) et d’une prostituée de luxe (Tanya Raymonde – Lost) qu’il engage comme stagiaire, et le trio gère l’affaire dans les bars ou une chambre de motel. De l’autre,  Cooperman mène l’affaire en s’appuyant sur la force de frappe du cabinet et sur ses collaborateurs – dont plusieurs femmes avec lesquelles il entretient des relations ambiguës voire perverses. Parmi elles, Michelle McBride (Maria Bello – Urgences), l’ex-femme de Billy ; Callie (Molly Parker – Deadwood, House of cards), une avocate prêt à tout pour gravir les échelons ; ou encore la toute jeune Lucy (Olivia Thirlby) qui découvre à ses dépens les sacrifices qu’impliquent une carrière chez Cooperman & McBride…

Dans cette histoire, le spectateur est immédiatement du côté de McBride. Peu importe que le personnage soit un loser pathétique et agressif, capable d’insulter ou d’humilier n’importe qui (y compris ses alliés) : dans ce face-à-face inégal, on est fatalement enclin à prendre le parti de David contre Goliath, et à plus forte raison lorsque le Goliath en question est incarné par un être aussi abject que Cooperman, qui prend un plaisir pervers à détruire méthodiquement le peu qu’il reste de McBride, par la voie juridique ou des moyens illégaux.

Le personnage, s’il est incarné par un excellent William Hurt, est peut-être le point faible de la série : son extrême noirceur, sa misogynie sordide et son comportement proprement dégoûtant en font un protagoniste trop manichéen pour être totalement crédible – bien qu’un protagoniste abject soit sans doute nécessaire pour pousser le spectateur à prendre le parti de McBride, lui-même fondamentalement antipathique… Dans le rôle, Billy Bob Thornton est du reste absolument parfait : il est tout simplement fantastique dans la peau de ce personnage brut et autodestructeur, prêt à tout pour obtenir vengeance. Le rôle lui a d’ailleurs valu un Golden Globe, et ce n’est que… justice.

Sur fond de thriller juridique haletant, Goliath suit le parcours d’un héros complexe, sur la voie de la rédemption personnelle et professionnelle. Portée par un Billy Bob Thornton qui tient là un de ses meilleurs rôles, Goliath n’est pas exempte de quelques défauts, mais elle reste une excellente série, passionnante et menée de main de maître.  Si l’enthousiasme est un délit, on plaide coupable ! Et on attend avec impatience d’être condamné à regarder la saison 2, déjà commandée par Amazon…

Goliath – Amazon.

8 épisodes de 55’

A lire aussi : notre critique du pilote de Z the beiginning of everything

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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