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On debriefe pour vous … Lucifer saison 2, une saison bien meilleure que la première

La saison 2 de Lucifer surprend agréablement : nettement supérieure à la première, elle se révèle plus complexe et convaincante.

C’est quoi, Lucifer ? Fatigué d’être le seigneur des enfers, Lucifer (Tom Ellis) renonce à son trône pour s’installer à Los Angeles où il est propriétaire d’une boîte de nuit. Diaboliquement beau et charismatique, il compte bien s’adonner à ses loisirs préférés : l’alcool, les femmes et la chanson. Mais lorsqu’une star de la pop est assassinée devant son club, Lucifer décide de traquer et châtier le coupable. Sa route croise alors celle de Chloé Decker (Lauren German), une inspectrice du LAPD. Ensemble, ils vont désormais enquêter et poursuivre les criminels,  Lucifer assouvissant ainsi son désir de justice. Mais dans le même temps, son frère l’ange Amenadiel (DB Woodside) est envoyé sur Terre pour tenter de le convaincre de retourner régner sur l’enfer.

On connaît tous des séries dont les premiers épisodes nous ont enthousiasmés, avant de nous décevoir en saison 2. En général, les showrunners ou scénaristes, en s’appuyant sur une idée forte, avaient en tête une orientation bien définie pour 8, 15 ou 22 épisodes, sans avoir pour autant envisagé la suite. Reprendre l’intrigue en saison 2, la complexifier ou la renouveler s’avère donc problématique : on s’enlise dans des rebondissements improbables ou, au contraire, dans des situations redondantes. Quelquefois cependant, la série parvient à se renouveler et se réinventer.  C’est le cas de Lucifer : sympathique et divertissante sans être mémorable, la saison 1 était une bonne surprise ; tout en restant fidèle à sa ligne, la deuxième est une incontestable réussite, bien  supérieure à la précédente.

Petit retour en arrière : au départ, Lucifer apparaît comme personnage secondaire dans The Sandman de Neil Gaiman, avant de devenir le héros de ses propres comics. En tant qu’adaptation, la série avait finalement  deux options : s’adresser à un public de niche, fan de l’œuvre originale et adorateur de l’auteur, ou viser l’audience plus large des néophytes ; développer un univers riche et complexe fidèle aux comics ou se réduire à une série simple et efficace. Diffusée sur un network, il n’est guère surprenant que la seconde alternative ait été privilégiée, le matériau de départ servant uniquement de fond à une série policière classique, au risque de décevoir les inconditionnels de l’œuvre originale. Lucifer s’annonçait comme une série amusante et sans prétention, reposant essentiellement sur les épaules du formidable Tom Ellis. Dès le début, l’acteur s’est montré convaincant dans le rôle d’un Lucifer charismatique, parvenant à le rendre tour à tour drôle, effrayant et touchant. Mais à lui seul, un comédien ne peut pas porter toute une série : aussi talentueux soit-il, il arrive un moment où même une performance exceptionnelle ne suffit pas à pallier à la faiblesse du scénario ou à l’indigence de l’écriture.

A lire aussi : Interview – Tom Ellis : « Difficile de dire quel type de série est Lucifer »

Lucifer et Chloé, un duo diablement efficace

 

Non que Lucifer ait été aussi mauvaise – les intrigues tenaient la route et l’ensemble restait agréable à regarder. Mais en un sens, la série avait quelque chose de frustrant : elle semblait promettre bien davantage. L’idée de départ était aussi folle qu’originale ; le héros apparaissait plus complexe que son identité sulfureuse le laissait supposer ;  les personnages secondaires méritaient de toute évidence mieux que le traitement superficiel qui leur était accordé ; l’humour, omniprésent mais bien dosé, n’empiétait pas sur les ressorts dramatiques… Malgré ses qualités, Lucifer restait un peu trop sage et trop simple. Rétrospectivement, son plus grand défaut résidait probablement dans l’absence de trame horizontale et de vision à long terme. Construite comme un procédural, elle consistait en une succession d’épisodes centrés sur une affaire, conclue en 45 minutes. Quelques intrigues feuilletonnantes se mettaient brièvement en place (comme la disparition des ailes de Lucifer), sans réel impact sur la suite. Et si la dynamique entre Chloé et Lucifer fonctionnait bien, le duo romantico-comique ne s’éloignait pas des classiques du genre, à la Castle
Contre toute attente, c’est dans les ultimes minutes du dernier épisode que tout s’emballe, avec un
cliffhanger improbable et un peu vite amené, mais suffisamment intrigant pour susciter la curiosité et relancer l’intérêt : la mère de Lucifer s’est échappée des enfers.  Cet ultime rebondissement annonçait deux bouleversements majeurs : l’arrivée d’un nouveau personnage et l’amorce d’une nouvelle intrigue, qu’on imaginait mal expédiée en 90 minutes.

La maman de Lucifer. Hot as hell

 

C’est justement cette intrigue qui est au cœur de la saison deux, Lucifer et son frère mettant leurs différends de côté pour tenter de retrouver leur mère (Tricia Helfer), qui a quitté l’enfer pour les rejoindre sur Terre. Reste à savoir dans quel but… D’autant que son arrivée apporte son lot de révélations, bouleversant les certitudes d’un Lucifer qui remet en question sa relation avec Chloé, mais aussi avec son père (c’est-à-dire Dieu !). Ambitieuse et complexe, la trame de fond est extrêmement bien construite. Les enquêtes proprement dites s’intègrent toujours davantage au récit transversal, qui acquiert ainsi une cohérence et une constance remarquables. Cette évolution se ressent aussi sur les personnages, avec des rôles secondaires plus étoffés (on pense à Maze ou à la psychiatre de Lucifer) ou la relation entre Chloé et Lucifer, qui sert de support à l’évolution du héros. Entre désir d’émancipation, dilemmes moraux et conflits familiaux, Lucifer s’éloigne définitivement de la caricature vers laquelle il tendait parfois pour devenir étrangement plus humain, et donc plus riche et plus attachant. Sans se départir d’un humour léger et teinté d’ironie, Lucifer n’en est que plus stimulante et intéressante. En un mot : diablement réussie.

Avec une première saison efficace, Lucifer n’avait toutefois pas répondu à toutes les attentes, semblant promettre davantage qu’une énième déclinaison de la série policière classique. Promesses tenues en saison 2, avec un récit plus riche et mieux construit, pensé à plus long terme, qui lui permet en outre d’affirmer son ton et son identité. Convaincue par des audiences en hausse, la Fox a signé un pacte avec le Diable pour une saison 3 prévue en octobre prochain ; on est en droit d’être optimistes pour la suite. Oui, on peut avoir foi en Lucifer

Lucifer (Fox)

Diffusion en France sur 13ème rue et MYTF1VOD

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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