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On débriefe pour vous… Madoff, l’arnaque du siècle (Paris Première)

La mini-série Madoff diffusée sur Paris Première revient sur l’un des plus grands scandales financiers de ces dernières années.

C’est quoi, Madoff, l’arnaque du siècle ? Bernard Madoff (Richard Dreyfuss) est à la tête de l’une des plus grandes sociétés de courtage des Etats-Unis. Avec son frère Peter (Peter Scolari) et ses fils, Mark (Tom Lipinski) et Andrew (Danny Deferrari), il gère des sommes astronomiques pour le compte des plus riches, mais aussi de petits épargnants. Or, son empire repose sur du vent : l’échelle de Ponzi, système pyramidal qui garantit les bénéfices en puisant dans les fonds apportés par les nouveaux investisseurs. Une enquête est lancée contre l’homme d’affaires, et l’étau se resserre autour de lui et de sa famille – qui ignore tout de l’arnaque…

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Inspirée de la vie de Bernard Madoff, cette mini-série ambitionne de lever le voile sur une des plus grandes arnaques de ces dernières années. L’épisode est bien connu : l’escroquerie de Madoff, basée sur l’échelle de Ponzi, a coûté des milliards de dollars aux investisseurs qui lui ont fait confiance. Le scandale éclate en 2008, et Madoff devient en quelque sorte le visage de la crise économique qui frappe alors le monde entier.

Constituée de deux épisodes de 90 minutes, c’est une série de facture très académique, classique dans sa réalisation comme dans son déroulement. Elle exploite des procédés déjà vus, notamment dans Le loup de Wall Street –  la manière dont elle introduit ses personnages ou l’omniprésence d’une voix-off à la première personne par exemple – avec un résultat toutefois moins dynamique. Dans sa construction, le récit est axé sur sa scène d’ouverture, point de départ des deux épisodes qui fait office de pivot : un flash-forward nous montre Bernard Madoff lors du mariage de son fils, alors que l’enquête sur ses malversations vient d’être officiellement lancée. La première moitié de la série développe alors un long flash-back linéaire, au cours duquel sont introduits les personnages tandis que Madoff raconte la manière dont il a mis en place son arnaque ; la seconde se concentre sur la descente aux enfers du pater familias, sorte d’ennemi public n°1 sur qui se cristallise la haine de l’opinion publique.

Si vous ne connaissez pas la différence entre SEC et la FCC, et que la finance est pour vous un territoire inconnu, peu importe : Madoff se contente d’exposer les grandes lignes et passe sous silence les notions les plus complexes, arguant qu’elles ne présentent aucun intérêt pour le téléspectateur. C’est un peu « La finance pour les Nuls », mais ce brave Bernie n’a pas tout à fait tort dans la mesure où le montage financier n’est pas l’essentiel. Le but, c’est avant tout de comprendre le personnage, d’approcher au plus près de l’homme derrière le criminel en col blanc.

Les Madoff, plus dure sera la chute…

Les Madoff, plus dure sera la chute…

Madoff, évidemment au centre de la série, porte le récit en s’adressant directement au public en voix-off, distillant des commentaires sarcastiques mais lucides. Il est incarné par l’excellent Richard Dreyfuss, parfait dans la peau de cet anti-héros. La difficulté, justement, résidait sans doute dans la présentation du personnage : il fallait trouver la juste mesure entre la diabolisation et le dédouanement. Sur ce plan, Madoff s’en sort bien : certes, l’homme nous est montré comme un cynique orgueilleux, égoïste et sûr d’être intouchable, mais ce n’est pas pour autant un monstre assoiffé d’argent. La série tente de mettre en lumière ses motivations  et, sans pour autant lui trouver d’excuses, avance quelques arguments psychologiques. L’une des scènes finales est assez édifiante, puisqu’elle apporte une révélation qui rebat les cartes et bouleverse la perception que l’on pouvait avoir de lui. C’est un peu facile, mais ça fonctionne : il en ressort un Bernard Madoff froid et peu sympathique, pour lequel on ne ressent aucune empathie, mais plein de panache et juste assez humain pour provoquer un léger malaise.

Sur un plan purement objectif, Madoff reste une série intéressante mais inégale : il y a du rythme, des acteurs convaincants et une bonne analyse de la dynamique relationnelle entre les personnages, mais elle manque de finesse, précipite un peu son dénouement et cherche à ajouter un suspense inutile, notamment dans des cliffhangers artificiels. Et en dépit du jeu remarquable de Dreyfuss, on a parfois du mal à croire à cette version des faits…

Le point de vue adopté a d’ailleurs fait l’unanimité… contre lui. Madoff et sa famille ont largement vitupéré contre la version présentée ; de leur côté, les victimes ont dénoncé la manière dont elles étaient caricaturées – soit en nantis aveuglés par leur rapacité et leur désir de gagner toujours plus d’argent. Quant aux petits épargnants, ils ne sont guère représentés, si ce n’est par la secrétaire de Madoff, qui commet l’erreur de placer sa confiance et ses maigres économies entre les mains de son patron. Autre point de discorde, la disculpation de la famille de Madoff qui, dans ce scénario, ignore tout de l’arnaque: ses fils et son frère sont constamment tenus à l’écart, et  son épouse Ruth ne soupçonne pas l’origine de l’argent dont elle profite largement.

Sur le fond, Madoff est à prendre avec précautions. La série vaut tout de même le coup d’œil : très classique et sans grande surprise, elle offre pourtant un portrait à la fois humain et cynique d’un des criminels les plus honnis de ces dernières années, et une approche intéressante de l’affaire éponyme. C’est suffisant – en attendant la version de HBO, prévue pour l’année prochaine. The Wizard of Lies traitera du même sujet, avec cette fois Robert De Niro dans la peau de l’escroc…

Madoff, l’arnaque du siècle.

2 épisodes de 90 minutes.

Crédit photos : ABC

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