Mini-série biographique, Archie raconte (une partie de) la vie de celui que nous connaissons tous sous le pseudonyme de Cary Grant.
C’est quoi, Archie ? Au seuil de sa vie, l’acteur Cary Grant (Jason Isaacs) donne une série de conférences où il répond aux questions du public sur sa carrière et sur sa vie. Il va ainsi raconter son passé : son enfance à Bristol dans un quartier défavorisé au sein d’un famille toxique, ses débuts au cinéma, et sa relation tourmentée avec sa troisième épouse, la jeune actrice Dyan Cannon (Laura Aikman. Progressivement, se dévoile ainsi Archie Leach, caché derrière le grand Cary Grant.
C’est un nom mythique, un acteur légendaire : Cary Grant, star de Elle et Lui, Charade ou La mort aux trousses. La mini-série en quatre épisodes prend le prénom de naissance de cette icône de l’âge d’or hollywoodien, Archie, pour nous raconter sa vie ou du moins une partie de celle-ci. Le récit est articulé autour de deux périodes clés de sa biographie : son enfance et sa jeunesse à Bristol puis, dans les années 1960 sa relation avec sa troisième épouse, Dyan Cannon. Ce sont d’ailleurs les mémoires de l’actrice, égaiement coproductrice, qui ont servi de base principale au scénariste Jeff Pope – disponible sur OCS en France.
Archie adopte une construction familière, classique pour un biopic, et qui fonctionne très bien ici. La série commence… par la fin, lorsque Cary Grant, alors âgé de 80 ans, se produit à travers le pays dans des spectacles où il répond aux questions du public et raconte sa vie. Archie plonge alors dans le passé de l’acteur dans une succession de flash-back, alternant entre son enfance et les années 1960.
Une biographie en deux temps : Archie Leach vs Cary Grant
L’attrait principal de la série, c’est qu’elle permet de découvrir des aspects méconnus de la biographie de Archie Leach, que nous connaissons tous sous son nom de scène. Les fans de l’acteur n’apprendront sans doute rien mais, pour les autres, qui n’ont jamais eu la curiosité de se pencher sur la biographie de la star de La main au collet, la série vaut la peine d’être vue. Elle montre Archie caché derrière le masque de Cary Grant, une protection qu’il s’est forgée au fil de sa carrière. (« Tout le monde veut être Cary Grant. Même moi » dit-il à un certain moment.)
Au fil des épisodes, on découvre son enfance effroyable dans un quartier misérable de Bristol en Angleterre, où il grandit au sein d’une famille dysfonctionnelle avec un père alcoolique et une mère souffrant de dépression chronique après la mort de son autre enfant. Abandonné à la garde d’une grand-mère totalement indifférente, Archie trouve une échappatoire sur scène et profite d’une tournée aux États-Unis au sein de la troupe qui l’a engagé pour rester à New York. Il va alors tenter de gagner sa vie comme acteur, changeant au passage son nom pour Cary Grant, alors qu’il tente de percer à Hollywood grâce à son aplomb et son élégance.
Le récit de ses débuts alterne avec un bond en avant de plusieurs décennies : Cary Grant, désormais immense star de cinéma, sort d’un deuxième divorce et s’éprend d’une jeune actrice nommée Dyan Cannon qu’il va poursuivre de ses assiduités jusqu’à ce qu’elle accepte de l’épouser, la série se penchant sur leurs relations houleuses. C’est aussi une plongée dans le showbiz et le glamour hollywoodien de l’époque, où l’on croise Alfred Hitchcock (Ian McNeice), Audrey Hepburn (Stella Stocker), Mae West (Lolly Jones) ou encore Grace Kelly (Lily Travers). Et c’est surtout un écho à l’enfance de Archie, a fortiori lorsqu’un terrible secret lui est révélé et va ébranler toute sa vie, accentuant l’impact des traumatismes du passé, ses difficultés à s’engager ou expliquant son refus de la paternité.
Mais un récit lacunaire et subjectif
L’autre raison de regarder Archie tient en deux mots : Jason Isaacs. Celui qui a incarné Lucius Malefoy dans la saga Harry Potter est absolument extraordinaire. Alternant entre le détachement de Cary Grant et les failles encore présentes de Archie Leach, il construit un personnage complexe, attachant, agaçant… dual mais cohérent. Un tour de force qui – revers de la médaille – souligne aussi les faiblesses du reste de la distribution. Laura Aikman, par exemple, reste assez superficielle dans le rôle de Dyan Cannon ; les autres ne sont pas aidés par un maquillage approximatif au point qu’on a du mal à reconnaître Grace Kelly ou Alfred Hitchcock avant qu’il soit explicitement nommés.
Si Archie est indéniablement une série intéressante, c’est toutefois une biographie orientée et lacunaire. Orientée car, basée sur les mémoires de Dyan Cannon, Archie lui donne toujours le beau rôle – par exemple, la responsabilité de l’échec du mariage retombe entièrement sur Cary Grant, et c’est à cause de lui que la carrière de Dyan périclite… Quant aux lacunes, elles sont criantes : il s’agit presque de la fusion de deux mini-séries. L’une est consacrée aux débuts de Archie et l’autre à son mariage avec Dyan Cannon. Entre les deux, une énorme ellipse temporelle de plusieurs décennies, précisément celles au cours desquelles Archie Leach est devenu Cary Grant et a été élevé au rang de mythe. On ne sait rien des autres unions de l’acteur ou même de son ascension, et on perd toute une partie de l’évolution du personnage. Ce trou béant dans la série n’est pas rédhibitoire mais il est frustrant. Au pire, il vous donnera envie de lire une biographie de Cary Grant.
Malgré quelques réticences, la série Archie vaut le détour. D’une part, parce qu’elle lève le voile sur un pan de la vie et de la personnalité d’une icône hollywoodienne ; d’autre part pour la performance éclatante de Jason Isaacs. Partiale et lacunaire, Archie reste prenante, portée par un récit romanesque et globalement vrai de la vie de cet homme complexe et fascinant. Entre tragédie à la Dickens et rêve hollywoodien, entre Archie Leach et Cary Grant.
Archie
4 épisodes de 50′ environ.
Sur OCS.