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On débriefe pour vous… Barry saison 2, le retour du tueur aspirant comédien

Après une première saison déjà remarquable, Bill Hader se surpasse avec la suite de sa comédie noire Barry, aussi drôle qu’intelligente. 

C’est quoi, Barry (saison 2) ? Quelques semaines après les événements ayant conclu la première saison, Barry (Bill Hader) a repris le cours de sa vie. L’ex-militaire et ex-tueur à gages s’est rapproché de Sally (Sarah Goldberg) et  continue de suivre les cours d’art dramatique de Cousineau (Henry Winckler), qui décide de monter un spectacle où ses élèves mettront en scène leurs traumatismes. Mais Barry a du mal à laisser son passé derrière lui : le criminel tchétchène Hank (Anthony Carrigan) l’engage pour former des hommes de main, et son partenaire Fuches (Stephen Root) insiste pour poursuivre leur collaboration. Sans oublier que la police poursuit son enquête et resserre son étau…

Celle-là, on ne l’avait pas vue venir : avec l’histoire improbable de son héros éponyme (un ex-marine dépressif devenu tueur à gages, qui décide de devenir acteur)  Barry fut une des grandes surprises de l’année dernière. Avec son mélange  irrésistible de comédie noire, de drama et de violence, la série créée par Bill Hader et Alec Berg pouvait-elle renouveler ce succès avec sa deuxième saison ? Non seulement la réponse est affirmative, mais en plus la série atteint un tout autre niveau pour s’imposer comme l’une des meilleures comédies actuelles. 

Aussi drôle que sombre, Barry apparaît comme un OVNI à l’intersection des genres, avec humour noir, scènes d’action et drama. Le ton rappelle parfois Atlanta (Hiro Murai a réalisé certains épisodes des deux séries), les scènes de violence soudaines renvoient à Fargo ; l’anti-héros est un cousin de Dexter et semble emporter dans la spirale irrépressible. Cette deuxième saison reprend les mêmes ingrédients dans une recette encore plus homogène, construit un récit cohérent et étend ses ramifications en huit épisodes ultra-rythmés de vingt minutes. 

Si précédemment, Barry cherchait à séparer les deux pans de sa double vie, il devient évident que ses tentatives sont vouées à l’échec. De moins en moins juxtaposés et de plus en plus liés, son métier de tueur et ses aspirations de comédien se heurtent et s’entrelacent. Le rapprochement s’opère sur le plan du récit et dans la mise en scène : un pied dans le monde du théâtre, l’autre dans celui des meurtres commandités, Barry commence à comprendre que les deux aspects de son existence s’affectent mutuellement ; les scènes de meurtres sont de plus en plus absurdes (à l’image de la toute première séquence de la saison) et Cousineau fait une apparition impromptue dans la tête de Barry, lors d’un flash-back au cours duquel il se remémore son expérience sur le front.

Le tueur qui devient comédien : Dexter goes to Hollywood

L’histoire reste évidemment centrée sur Barry : on en apprend davantage sur son passé militaire et au fil de la saison, sa décision de mettre un terme à sa collaboration avec Fuches et l’enquête menée par la police vont le plonger dans une situation inextricable. On connaît le potentiel comique de Bill Hader : il l’exploite à merveille mais dote également Barry d’une forte dimension dramatique, avec en point d’orgue le dernier épisode (Berkman> Block) où ces deux facettes fusionnent complètement. 

Dans le même temps, cette saison accorde plus de place aux autres personnages – ce qui est d’autant plus appréciable que tous les comédiens sont formidables. Moins égocentrique, Cousineau (génial Henry Winckler, alias le Fonzie de Happy Days) tente de renouer avec son fils ; Fuches (Stephen Root) se révèle beaucoup plus dangereux que ce que l’on pensait ; Hank (Anthony Carrigan) cherche à s’affirmer en montant une armée de mercenaires ; Sally (Sarah Goldberg) dévoile un passé douloureux, et se heurte au man gaze et au sexisme de l’industrie des médias. 

La saison dernière, Barry jouait déjà sur l’idée du théâtre comme exercice cathartique, notre héros trouvant par hasard un moyen de se reconstruire en montant sur scène. C’est encore le cas cette fois, mais le thème prend une autre orientation, plus fine et plus universelle : le théâtre devient un prétexte pour analyser les masques derrière lesquels on tente de se cacher. Barry dissimule évidemment son passé et son activité de tueur, mais Cousineau l’incite a exploiter ses traumatismes sur scène. Sally choisit de mettre en scène les violences conjugales dont elle a été victime, mais réécrit inconsciemment l’histoire à son avantage. Avec finesse et humour, Barry montre alors comment la distorsion de la mémoire permet de refouler des événements douloureux et de se reconstruire un passé, mais aussi combien il est alors facile de mentir – aux autres et surtout à soi-même. Dit comme ça, ça peut paraître pontifiant et ennuyeux ; parfaitement intégré dans un récit drôle et prenant, ce thème enrichit la série d’une réflexion passionnante. 

Bill Hader (Barry) et Henry Winckler (Cousineau), magnifiques comédiens

Pour toutes ces raisons, on serait déjà tenté de vous recommander Barry – mais il y a encore autre chose. Un épisode en particulier. Le cinquième de cette saison, Ronny / Lily, réalisé par Hader lui-même. On ne vous en dira rien, si ce n’est qu’il s’agit des vingt minutes les plus dingues et les plus géniales qu’on ait vu à la télévision depuis longtemps. Une sorte de délire surréaliste complètement fou, qui semble sortie d’un univers alternatif par rapport à la chronologie normale de la série. Faites-nous confiance : digne du Pine Barrens des Soprano, cet épisode à lui seul devrait vous inciter à regarder Barry.  

Après une première saison très réussie, Barry enfonce le clou et continue à faire rire et à glacer le sang. Son récit fluide et haletant, ses rebondissements et son humour noir et absurde en font une série étonnante, imprévisible et réjouissante. Cette nouvelle salve d’épisodes s’achève en outre sur un cliffhanger pétrifiant… On meurt déjà d’impatience en attendant la troisième saison.  

Barry (HBO)
Saison 2 – 8 épisodes de 25′ environ.
Diffusée en France sur OCS – en VM depuis le 20 Juillet.

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About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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