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On débriefe pour vous … Bodyguard, cocktail explosif et addictif

Thriller conspirationniste haletant et immense succès au Royaume-Uni, Bodyguard arrive ce soir sur France 2.

C’est quoi, Bodyguard ? David Budd (Richard Madden) est un vétéran de guerre ; revenu du front avec de lourdes séquelles psychologiques, il est séparé de sa femme. Recruté par la sécurité nationale en tant que garde du corps ,il se voit confier la protection de l’ambitieuse ministre de l’intérieur, Julia Montague (Keeley Hawes). Sa politique agressive en fait l’une des principales cibles des islamistes, mais est aussi en contradiction avec les principes de Budd. Pourtant, celui-ci va se rapprocher de sa protégée et nouer avec elle une liaison secrète, sans se douter que les ambitions politiques, les conflits personnels et le contexte terroriste vont le précipiter au cœur d’un redoutable complot.

La dernière obsession des spectateurs britanniques est désormais disponible sur Netflix : Bodyguard, mini-série en 6 épisodes créée par Jed Mercurio (Line of Duty), a pulvérisé les audiences lors de sa diffusion sur la BBC. Le premier épisode, lancé le 26 août, a rassemblé 6,7 millions de spectateurs et ce chiffre n’a fait qu’augmenter jusqu’à atteindre 10,4 millions de téléspectateurs (et un impressionnant 47,9% de part de marché) pour le final. Un succès inattendu, mais finalement logique tant Bodyguard est efficace et prenante.

Bodyguard met en scène Richard Madden (le Rob Stark de Game of Thrones) dans le rôle de David Budd, ancien militaire chargé de la protection de la ministre de l’Intérieur Julia Montague (Keeley Hawes – vue dans Line of Duty et The Durrells). Femme politique ambitieuse et intransigeante, c’est une figure controversée, dont la politique militariste s’oppose aux opinions de son nouveau garde du corps, et fait surtout d’elle la cible des cellules terroristes. Malgré leurs idéaux a priori irréconciliables, les deux personnages vont nouer une relation qui déborde largement du cadre professionnel… Le point de départ est donc classique:  le garde du corps tombe amoureux de sa protégée. Pour autant, oubliez Whitney Houston et Kevin Costner : la dimension romanesque n’est qu’un des aspects de Bodyguard, le point de départ à une  trame conspirationniste, un piège qui se referme inexorablement sur Budd.  

Budd et la ministre : protection (très) rapprochée

De toute évidence, Jed Mercurio sait comment accrocher son public : il met ici en place une histoire haletante qui vous scotche à l’écran, des personnages complexes, des scènes d’action efficaces et des rebondissements incessants. Entre autres séquences marquantes (la fusillade de la voiture de Montague, par exemple), la scène d’ouverture est un modèle du genre lorsque, dans un train, Budd fait preuve d’un sang-froid héroïque face à une menace terroriste. Ces 20 premières minutes de tension pure, dignes d’un James Bond ou de Mission Impossible, introduisent en outre le héros de manière très efficace. Richard Madden trouve un rôle qui correspond bien à son jeu un peu mécanique – bien qu’il parvienne aussi à exploiter l’autre facette de Budd au fil des épisodes, à mesure que se dévoilent sa vulnérabilité, sa souffrance, son angoisse et sa paranoïa. Le duo qu’il forme avec la géniale Keeley Hawes, impressionnante en ministre déterminée mais isolée dans sa croisade contre le terrorisme, fonctionne du reste parfaitement.

Entre action, thriller et une touche de romance, Bodyguard tisse ainsi  une intrigue imparable et parfaitement orchestrée.  En dépit de quelques longueurs, la tension est palpable et ne décroît à aucun moment. Les rebondissements s’enchaînent, bouleversant non seulement les événements eux-mêmes, mais également le point de vue du spectateur sur les personnages et l’origine possible de la menace. Bodyguard  joue sans cesse  avec nos nerfs, nous pousse à douter de tout et de tout le monde, de la première à la dernière minute. Services secrets, police, ministère de l’Intérieur, crime organisé, service de protection , cellules terroristes islamistes, dissidents parmi les vétérans des forces armées … Une multitude d’intervenants qui se croisent et se côtoient sur fond de rivalités politique, attentats et espionnage, embrouillant toujours davantage le complot dans lequel Budd est emporté malgré lui. Et dans lequel il se perd, en même temps qu’un spectateur qui, très vite, se retrouve piégé dans la même toile d’araignée.

Le piège se referme sur David Budd…

En seulement six épisodes, la série se révèle très vite addictive. A posteriori, il faut cependant reconnaître qu’elle perd légèrement en qualité dans sa seconde partie. De fait, Bodyguard pourrait être divisée en deux phases : les trois premiers épisodes dessinent un thriller romantico-politique avec tension sexuelle et suspense omniprésents, à mesure que Budd et Montague se rapprochent ; les trois suivants basculent dans autre chose, lorsque Budd, soupçonné par les autorités d’avoir pris part aux attentats, se lance dans une course effrénée pour prouver son innocence. L’histoire devient alors plus conventionnelle, malgré un scénario toujours aussi délicieusement retors. L’événement qui sert de point de bascule, inattendu (et dont on ne dira rien pour des raisons évidentes), enlève toutefois à Bodyguard une partie de sa grâce, en coupant court aux possibilités offertes par la relation complexe entre ses deux héros. Pour autant, ne boudons pas notre plaisir : si elle ne tient pas totalement ses promesses originelles, cette mini-série reste excellente, accrocheuse du début à la fin.

En dépit de quelques longueurs et une seconde moitié légèrement en-deçà de la première, Bodyguard s’avère extrêmement addictive et bourrée d’adrénaline. S’appuyant sur des sujets d’une actualité brûlante (notamment la tentation de la surveillance permanente au détriment des libertés individuelles), avec un scénario implacable et des personnages charismatiques très bien interprétés, Jed Mercurio signe un excellent thriller. Le genre qui vous scotche à votre siège, vous empêche de quitter l’écran des yeux, jusqu’à ce que l’imparable cliffhanger à la fin de chaque épisode vous laisse en état de choc. 10 millions de Britanniques l’ont bien compris : Bodyguard est redoutable.

Bodyguard (BBC / Netflix)
6 épisodes de 55′ environ.
Tous les lundis sur France 2

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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