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On débriefe pour vous … Dirty John, Connie Britton dans les filets d’Eric Bana

Tirée d’une histoire vraie, Dirty John raconte la relation toxique d’une femme amoureuse d’un pervers manipulateur. La série débarque le 1er juin sur TF1

C’est quoi, Dirty John ? Debra Newell (Connie Britton), décoratrice aisée et mère de trois grands enfants, a tout pour être heureuse. A un détail près : après plusieurs divorces, elle a le sentiment d’avoir échoué en amour et, via une application de rencontres, elle enchaîne les rendez-vous sans lendemain. Jusqu’à l’arrivée dans sa vie de John Meehan (Eric Bana). Sous le charme de cet homme sympathique et séduisant, Debra se précipite dans cette nouvelle relation. Mais John n’est pas celui qu’il prétend être  et Debra va découvrir que derrière le sourire enjôleur se cache un psychopathe manipulateur, qui va faire de sa vie un enfer…

Lancée sur la chaîne américaine Bravo et désormais disponible sur Netflix, Dirty John est tirée d’une histoire vraie : en 2014, Debra Newell rencontre sur Match.com un certain John Meehan, sans se douter qu’il s’agit d’un individu dangereux au passé criminel. Très médiatisée aux États-Unis, l’affaire a d’abord fait l’objet d’un podcast pour le Los Angeles Times, avant d’être adaptée en série de huit épisodes par Alexandra Cunningham (scénariste de Desperate Houseviwes).  A noter qu’une saison 2 a déjà été commandée, mais qu’elle abordera sans doute une autre affaire puisque la série est présentée comme une anthologie.  

John et Debra, dans la réalité et dans la fiction

Femme célibataire cherche partenaire pour relation durable : que celui qui ne s’est jamais inscrit sur un site de rencontres lui jette la première pierre. Après une série de relations infructueuses, Debra (la toujours excellente Connie Britton, nominée aux Golden Globes pour ce rôle) s’aventure sur une application de rencontres et fait la connaissance de John, un médecin beau, drôle et sympathique qui a tout de l’homme idéal. Femme d’affaires intelligente et équilibrée, Debra se laisse envoûter et se jette à corps perdu dans la relation. Beaucoup trop rapidement au goût de ses deux filles et de son fils, elle fait de John un élément essentiel de sa vie, cède à tous ses caprices (voitures de luxe, restaurants huppés…) et va même jusqu’à l’épouser lors d’une virée à Las Vegas. Mais la lune de miel est de courte durée, et la méfiance puis la peur s’installent à mesure que se dévoilent les mensonges et trahisons de John.

Instinct de protection ou sixième sens, Terra (Julia Garner) et Veronica (Juno Temple) le détestent dès la première rencontre et le surnomment d’emblée « Dirty John ». Elles se méfient, pressentent quelque chose de trouble chez cet homme, et vont entreprendre d’enquêter sur son passé à l’insu de leur mère. Il s’avère qu’elles avaient raison : John a menti et n’est pas celui qu’il prétend être. Il n’a jamais combattu en Irak ; il n’est ni chirurgien, ni membre de MSF ; c’est un homme vénal qui a déjà été marié plusieurs fois, qui vole des médicaments dans l’hôpital où il travaille, collectionne les ordonnances restrictives et a fait de la prison. Debra ne veut pourtant rien entendre ; même lorsqu’elle découvre la vérité, elle hésite à le quitter, persuadée de pouvoir le changer. John se fait tour à tour enjôleur, culpabilisateur, se pose en victime –  avant de devenir menaçant lorsque Debra décide enfin de mettre un terme à la relation.

Lucide, Veronica tente de mettre sa mère en garde

Au fil des nombreux flash-back qui jalonnent l’histoire, le masque tombe. On découvre peu à peu la véritable personnalité de John, un homme malsain et dérangeant interprété avec aplomb par Eric Bana. Ironie de l’histoire, cet anesthésiste use de beaux discours pour endormir ses victimes, des femmes fragiles qui, comme Debra, sont prêtes à le croire parce qu’elles ont besoin d’amour.  Parfois confus, les retours en arrière finissent par esquisser les raisons de son comportement et la manière dont il s’est construit , sans toutefois atténuer la portée de ses actes ou susciter l’empathie.

Sur le papier , Dirty John a tout pour captiver ; le résultat n’est pas tout à fait à la hauteur des attentes. Certes, on reste accroché jusqu’au bout, mais moins pour le déroulement de l’histoire que pour connaître son dénouement  et le sort de Debra. En cause, un rythme assez inégal : Dirty John débute comme un soap opera un peu mièvre ou un épisode de Real Houseviwes avant de basculer dans le thriller, et le récit oscille alors entre moments de tension et révélations, et des séquences plus monotones. L’un dans l’autre, la série manque parfois de souffle et d’ampleur.

Tout avait pourtant si bien commencé…

Pour autant, Dirty John reste intrigante et sait compenser ses quelques défauts. Les nombreux rebondissements sont bien amenés, les acteurs sont convaincants, l’arrière-plan psychologique fouillé donne de la profondeur aux protagonistes (le passé de John, l’ambiguïté de Debra ou sa relation avec sa mère, interprétée par Jean Smart). Par moments, on pense à la série You (avec son anti-héros psychopathe harcelant une jeune femme), bien que Dirty John aborde le sujet avec un autre regard. Beaucoup plus réaliste et sans l’ironie de You, la série adopte le point de vue des femmes victimes de leur relation avec John (Debra, ses filles, l’ex-femme de John, sa sœur…) et, à travers le fait divers, illustre le mécanisme  de la relation toxique et les fragilités des victimes, bien plus que la personnalité d’un manipulateur.

Ça commence comme une bluette romantique, ça finit comme un thriller. True Crime inégal mais néanmoins efficace, Dirty John nous montre tout ce que son héroïne ne peut ou ne veut pas voir : la manière dont John parvient à la prendre dans ses filets, la pression psychologique qu’il exerce à coup de chantage affectif, mensonges et menaces, la terreur qu’il fait régner dans sa vie. En tant que série à suspense, Dirty John reste prenante jusqu’au bout ; elle parvient aussi à rendre tangibles les mécanismes d’une relation perverse et toxique, et à montrer comment une femme telle que Debra a pu tomber dans le piège.


Dirty John (Bravo)
8 épisodes de 50′ environ.
Disponible sur Netflix
et dès le 1er juin sur TF1


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About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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