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On débriefe pour vous … Emily in Paris, les vertus de la frivolité

Conte de fées dans un Paris de carte postale, Emily in Paris est une petite série délicieusement frivole et divertissante.

C’est quoi, Emily in Paris ? Une société de Chicago vient de racheter Savoir, filiale d’une prestigieuse entreprise française de marketing de luxe. Enceinte, la dirigeante américaine Madeline (Kate Walsh) est contrainte de renoncer à partir à Paris pour coordonner la fusion,. A la hâte, elle désigne pour la remplacer la jeune Emily Cooper (Lily Collins), pleine d’enthousiasme mais qui ne connaît pas un mot de Français. A Paris, Emily doit surmonter des problèmes linguistiques et culturels, ainsi que des conflits avec  la dirigeante de Savoir, Sylvie ( Phillipine Leroy-Beaulieu) ou le grand couturier Pierre Cadault (Jean-Christophe Bouvet). Mais avec son optimisme et sa fraîcheur, Emily affronte toutes les difficultés et craque même pour son voisin, le beau Gabriel (Lucas Bravo). 

Quand on qualifie quelque chose de frivole, c’est généralement pour en critiquer la légèreté voire l’inconsistance : ce n’est pas sérieux. Or, la frivolité peut aussi être une qualité. C’est d’ailleurs la plus grande vertu de Emily In Paris,  un pur divertissement qui permet au spectateur de s’évader dans un conte de fées et un Paris de carte postale pendant quelques épisodes.

La série est l’œuvre de Darren Star, qui voulait depuis longtemps raconter l’histoire d’un expatrié à Paris. Une ville qui l’a subjugué lorsque, jeune baroudeur en Europe, il y a loué pendant un temps un appartement dans le quartier du Marais. Sa fascination pour Paris (déjà présente dans le final de Sex and the city lorsque Carrie visite notre capitale), est au cœur de Emily in Paris dont la première saison a été lancée sur Netflix à l’automne 2020.

C’est l’histoire classique d’un personnage extrait de son environnement, qui doit s’adapter à un autre contexte et le titre, Emily in Paris, dit tout ce qu’il faut savoir. Interprétée par l’adorable Lily Collins avec son petit air d’Audrey Hepburn, cette jeune américaine arrive de Chicago, envoyée en France par son entreprise pour superviser l’acquisition d’une société de marketing de luxe. Toute sa vie, Emily a fantasmé sur Paris, elle est donc enthousiaste à l’idée d’y passer un an et elle compte bien partager toutes ses expériences avec le monde entier via son compte Instagram.

Emily in Paris et sur Instagram

On suit donc Emily à Paris, dans sa vie professionnelle et personnelle. Au travail, elle est froidement reçue par la patronne Sylvie (l’excellente Phillipine Leroy-Beaulieu), parisienne hautaine et condescendante : le Diable s’habille en Chanel et lui rend la vie impossible. Les autres employés sont un peu plus accueillants mais considèrent la jeune femme comme une sorte de gentille touriste excentrique. Malgré des échecs cuisants dus à son ignorance du Français,  son accent américain prononcé ou à sa méconnaissance des codes parisiens, Emily va pourtant faire ses preuves et obtenir des succès inattendus. C’est le cas avec le célèbre couturier Pierre Cadault dont elle finit par gagner la confiance, ou lorsque l’un des produits de Savoir attire l’attention d’une certaine Brigitte Macron.

Sur le plan personnel, Emily doit supporter la relation à distance avec son petit ami… mais elle ne manque pas non plus de prétendants parisiens. Attirée par son voisin de dessous, le beau Gabriel malheureusement déjà en couple , elle peut heureusement se confier à sa nouvelle amie Mindy, une nounou taïwanaise qui devient vite sa complice puisqu’elles partagent la même vision de la vie, de l’amour et de la mode. 

Et à Paris, Emily mène grand train : dans les beaux quartiers de la ville, entre deux croissants, elle pioche dans une garde-robe pleine de tenues charmantes et hors de prix (choisies par Patricia Field, déjà à l’œuvre dans Sex and the city), va de fête en fête et goûte aux joies des grands restaurants et de la vie parisienne des happy few. On ne sait pas comment elle peut se le permettre avec un salaire de cadre junior… mais on s’en fiche. Parce que le contrat que passe avec nous Darren Star est clair : son Emily évolue dans un Paris idéal, où l’on ne voit pas trace des gilets jaunes, des détritus, des grèves de métro ou de tout autre problème que connaissent les grandes villes en général. 

Sylvie mène la vie dure à Emily

Emily in Paris s’est d’ailleurs attirée les railleries voire les foudres d’une partie du public français, agacé par  les inexactitudes, clichés et archétypes qu’accumule la série sur les Parisiens (apparemment tous infidèles et adeptes du so frenchy ménage à trois. Oh la la!)  et sur la ville de Paris dont on ne voit que les beaux quartiers, dans un périmètre tournant grosso modo autour du Palais Royal. Et au passage, Netflix, avec son sens aigu de la publicité et du buzz, a joué là-dessus avec le hashtag #EmilyIn, invitant les internautes à imaginer de quels stéréotypes s’emparerait Emily si elle visitait leur ville. En attendant de voir Emily manger des cannelés à Bordeaux ou danser en rond sur le pont d’Avignon, la série  embrasse les clichés sur Paris et ses habitants de manière totalement consciente :  tout comme le New York de Sex and the city, le Paris de la série n’est pas  le sujet d’une étude sociologique ni d’un panorama objectif de la capitale ; c’est  le cadre d’une comédie romantique sur fond de carte postale touristique, et la déclaration d’amour de Darren Star à la ville lumière. Rien de plus, et rien de moins.

A lire aussi : Netflix annonce le début de la production de Emily in Paris saison 2

A la surprise générale, Emily in Paris a été nominée dans les catégories de la meilleure comédie et meilleure actrice aux Golden Globes cette année. Comparée aux comédies cyniques ou aux drama qui abondent sur nos écrans, la série se démarque par sa légèreté, sa simplicité, son côté mignon et  évanescent. Autant d’adjectifs que l’on pourrait prendre dans une acception négative mais qui, au final, en font une série sans prétention, parfaite pour profiter d’une escapade dans un Paris fantasmé. Face à une réalité pas toujours facile à encaisser en ce moment, Paris sera toujours Paris. 

Emily In Paris.
10 épisodes de 30′ environ.
Disponible sur Netflix.

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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