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On débriefe pour vous… Good Omens, une drôle d’apocalypse

Dans cette adaptation du roman déjanté Good Omens de Neil Gaiman et Terry Pratchett, un ange et un démon s’unissent pour empêcher la fin du monde. 

C’est quoi, Good Omens ?  Vivant sur Terre depuis l’époque du jardin d’Éden, l’ange Aziraphale (Michael Sheen) et le démon Crowley (David Tennant) sont rivaux mais entretiennent une étrange amitié. Lorsque l’apocalypse imminente menace leur petite vie tranquille, ils décident de s’allier pour l’empêcher.  Le problème, c’est qu’ils ont perdu la trace de l’Antéchrist, un garçon de 11 ans prénommé Adam qui ignore tout de sa véritable nature… Et tandis que les quatre cavaliers de l’Apocalypse débarquent et que l’Armageddon se met en place, tous deux se lancent dans une folle course contre la montre à travers l’Angleterre pour sauver le monde, en utilisant toutes les ressources célestes et sataniques à leur disposition. 

C’est en 2001 que paraît Good Omens (De bons présages, en Français), roman écrit par les deux auteurs-cultes que sont Terry Pratchett et Neil Gaiman. Le duo envisage d’emblée une adaptation cinématographique ou télévisée, une idée que Gaiman poursuivra après le décès de Pratchett. Leur œuvre prend finalement forme sur les écrans en 2019, avec une mini-série de 6 épisodes coproduite par la BBC et Amazon. 

Good Omens raconte l’étrange et improbable amitié entre l’ange Aziraphale et le démon Crowley, présents depuis les origines du Monde : le premier a banni Adam et Eve du jardin d’Éden, le second n’est autre que le serpent tentateur. De nos jours, vivant confortablement parmi les Humains, ils décident de contrevenir aux ordres de leurs « patrons » respectifs et de collaborer pour empêcher l’apocalypse imminente, qu’ils sont pourtant sensés organiser. Dès lors, la série relate leur parcours chaotique, leur confrontation avec d’autres anges et démons, l’enfance du jeune antichrist que nos deux héros tentent de retrouver, l’arrivée des quatre cavaliers (pardon : motards) de l’apocalypse et bien d’autres choses insolites comme l’apparition d’un adorable chien de l’Enfer nommé Toutou, d’un chasseur de sorcières à moitié gâteux (Michael McKean), d’une prostituée médium, d’une flopée de démons, de la descendante d’une lignée de sorcières nommée Anathème Bidule (Adria Arjona) ou de nonnes satanistes… 

L’antéchrist et son chien de l’enfer…

Certains romans sont faciles à transposer à l’écran, d’autres le sont beaucoup moins ; Good Omens est quelque part entre les deux. Grâce à son ambiance, son rythme, ses gags tonitruants et des passages entiers que l’on n’a aucun mal à visualiser, elle se prête bien à une adaptation ; la multitude d’anachronismes, de réflexions ironiques, de nonsense britannique, d’humour noir, de digressions et de personnage souvent bavards semblent moins évidents à traduire en images. 

La patte de Pratchett est peut-être plus reconnaissable à l’écrit alors que c’est clairement celle de Gaiman qui domine la série – logiquement, puisqu’il en est le scénariste et producteur exécutif. Souvent fidèle au texte avec des séquences identiques, il a aussi introduit ou modifié certains éléments ou références  pour rendre l’histoire plus percutante ou actuelle. Par exemple le personnage de l’Antéchrist, un gamin de 11 ans qui ignore tout de sa nature, est plus finement développé ; l’auteur a surtout choisi de conclure l’histoire de façon totalement différente…  

Étrange et séduisante, Good Omens est très drôle et déjantée, pleine d’humour et de réparties brillantes. Et si elle distille quelques réflexions légères sur le libre arbitre, le destin, la responsabilité personnelle ou  la religion, ce n’est toutefois pas sa vocation première. Il ne s’agit pas de repenser les notions de Bien et de Mal, de poser une critique de la Foi ou des institutions religieuses ; c’est d’abord et surtout une fantaisie excentrique qui ne se prend pas au sérieux. Et de ce point de vue, c’est une réussite.    

Sans être rédhibitoires, quelques défauts rendent la série moins convaincante que ce qu’elle aurait pu être. Les effets spéciaux sont parfois ratés (l’arrivée de Satan pique les yeux) ; la narration souffre de longueurs et d’intrigues moins bien exploitées (celle centrée sur le chasseur de sorcières et son apprenti est nettement en-deçà du reste.) ; en dépit du propos, la mise en scène volontairement outrancière donne une ambiance parfois un peu puérile plus proche de Les désastreuses aventures des orphelins Baudelaire que de Preacher, par exemple. 

Michael Sheen et David Tennant, un duo d’enfer

Good Omens reste pourtant délicieuse. Il y a des séquences formidables et inspirées, comme un échange de bébés à la maternité qui prend des allures de bonneteau satanique ou tout le pré-générique du troisième épisode où Aziraphale et Crowley traversent l’Histoire, du jardin d’Éden jusqu’à nos jours. Et le casting est aussi prestigieux que réussi, avec entre autres Mireille Enos en flamboyante motarde de l’apocalypse, Jon Hamm (Mad Men) dans la peau de l’ange Gabriel ou Frances McDormand (Fargo) qui prête sa voix à Dieu quand Satan prend celle de Benedict Cumberbatch (Sherlock). 

Mais Michael Sheen et David Tennant sont sans le moindre doute les vrais stars de la série.  Le premier (qui, rappelons-le, joue actuellement un tueur en série dans Prodigal Son…) ne pourrait être plus angélique dans le rôle de Aziraphale, avec ses boucles blondes et sa voix cristalline ;  le second fait du démon Crowley une rock star cynique accro aux voitures de sport. Leur amitié, complexe car contre nature, est au cœur de l’histoire et la formidable dynamique entre les deux acteurs la rend non seulement crédible mais aussi drôle et touchante. Lorsqu’ils sont ensemble à l’écran, n’importe quelle scène devient magique – de la plus simple à la plus farfelue. Au point que Good Omens vaut le coup d’œil, ne serait-ce que pour ce duo. 

Adapter Good Omens n’était certainement pas une tâche facile. Neil Gaiman s’en sort avec les honneurs, reste fidèle au roman qu’il a écrit avec Terry Pratchett ou le modifie subtilement pour en tirer une série drôle et frénétique. On passe un excellent moment devant cette fantaisie déjantée, pleine d’humour, d’action et de références à la pop culture (notamment à… Doctor Who) : l’apocalypse n’a jamais été aussi amusante. 

Good Omens (Amazon Prime)
6 épisodes de 55′ environ.
Disponible en DVD / Blu-ray à partir du 4 Mars 2020 (Koba Films)

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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