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On débriefe pour vous … La fabuleuse Mrs. Maisel (Saison 2 – Amazon Prime), toujours aussi délicieuse

Hilarante, impertinente, pétillante : Midge Maisel revient conquérir son public avec la même énergie irrésistible. Fabuleuse ? C’est peu de le dire.

C’est quoi, La fabuleuse Mrs Maisel (saison 2) ? New York, dans les années 1950. Un an plus tôt, Midge Maisel (Rachel Broshanan) voyait sa vie bouleversée : quittée par son mari Joel (Michael Zegen), cette parfaite mère au foyer se découvrait un talent insoupçonné pour le stand-up. En secret, sans en parler à ses amies ou sa famille, elle décidait de monter sur scène en tant qu’humoriste, avec l’aide de son imprésario Suzy (Alex Bornstein). Tout en travaillant comme standardiste, elle mène toujours une double vie et poursuit sa carrière. Entre les crises familiales et une nouvelle relation amoureuse, Midge est à l’aube du succès… Encore va-t-il lui falloir assumer les conséquences de sa nouvelle vie.

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Étrangement, on parle peu de La fabuleuse Mrs Maiselen tous cas, pas assez. La première saison de la série de Amy Shermann-Palladino (Gilmore Girls) a pourtant connu un immense succès critique, avec notamment l’attribution de huit Emmy Awards et deux Golden Globes. Disponible depuis le 5 décembre sur Amazon Prime Video, la deuxième saison s’avère au moins aussi réussie que la précédente, toujours portée par d’excellents comédiens et servie par une réalisation et une écriture enthousiasmantes.

La première saison se centrait d’abord sur son héroïne éponyme. Nous découvrions Midge (une Rachel Brosnahan aussi merveilleuse que son personnage), son environnement familial, la manière dont son petit monde parfait volait en éclats, ses premiers pas sur scène, sa rencontre avec sa manager Suzy (Alex Bornstein, elle aussi fantastique), sa remise en question, son émancipation grâce à son emploi de vendeuse, les ajustements qu’impliquait sa nouvelle vie – et comment elle se libérait, se révélait sur scène et se découvrait. Le tout est habilement résumé dans l’une des premières séquences de la saison lorsque, partie chercher sa mère à Paris, Midge prend d’assaut la scène d’un club pour raconter les derniers mois écoulés, depuis l’infidélité de son mari jusqu’au moment où celui-ci a découvert sa carrière d’humoriste.

Sur scène, Midge. Maisel fait le show

De retour à New York, Midge reprend ses spectacles. Malgré les difficultés – représailles d’une comédienne rivale, engagement dans des clubs excentrés, censure et sexisme ambiant – elle entrevoit le succès, avec le lancement d’une première tournée aux États-Unis et même un passage à la télévision. Mais elle doit aussi faire face aux conséquences du changement radical qui s’est opéré dans sa vie, et notamment faire son « coming-out » en révélant son secret à ses proches. Elle fait aussi la connaissance d’un certain Benjamin (Zachary Levy), médecin célibataire tombé sous son charme.

Dans le même temps,  cette nouvelle salve de 10 épisodes accorde davantage d’importance aux autres personnages, dans des intrigues bien équilibrées, qui leur sont propres et approfondissent leurs portraits respectifs tout en prenant des directions souvent inattendues. On s’en réjouit d’autant plus qu’avec des acteurs d’un tel niveau, ce serait un crime de ne pas leur donner la place qu’ils méritent. Le père de Midge, Abe (formidable Tony Shalhoub), subit des revers professionnels ; sa mère Rose (Marin Hinkle) traverse une crise et remet en question ses choix de vie en particulier dans le premier épisode, lorsqu’elle s’enfuit à Paris; Joel reprend les rênes de l’affaire familiale et espère reconstruire un mariage qu’il a lui-même fait voler en éclats ; Suzy fait face à des difficultés financières jusqu’au moment où elle se voit offrir une opportunité inattendue. Midge évolue, mais le petit monde qui gravite autour d’elle également.

Suzy et Midge, superbe duo

Ce qui ne change pas, en revanche (et c’est tant mieux), c’est l’énergie, le rythme effréné et étourdissant d’un récit sans le moindre temps mort ou la moindre scène dispensable. Une dynamique endiablée qui doit beaucoup aux dialogues, pleins d’humour et teintés d’une ironie légère plus malicieuse que sarcastique. Mais attention, il faut s’accrocher pour ne pas perdre une miette des réparties spirituelles de Midge, de celles plus acerbes de Suzy, ou des remarques désenchantées de Abe. C’est un véritable ping-pong verbal où fusent avec un naturel désarmant des répliques qui trouvent systématiquement le mot juste, l’image qui fait mouche, la petite phrase qui tombe au bon moment. En outre, on retrouve les costumes et décors fantasmés des années 1950, une mise en scène millimétrée et une bande-son impeccables, qui donnent à la série des airs de comédie musicale. L’installation dans les Catskills, où se retrouvent chaque année en vacances les familles juives aisées, ressemble à un ballet ;  le Paris désuet des deux premiers épisodes sort tout droit de l’imagination des touristes américains, avec ses larges avenues, ses couples d’amoureux, ses musées, ses parcs, ses appartements haussmanniens, ses petits bistrots où les habitués débattent de philosophie existentialiste…

Abe et Rose, des américains à Paris…

Dans cette ambiance surannée, La fabuleuse Mrs Maisel se révèle pourtant plus actuelle qu’elle n’en à l’air au premier abord. Sans jamais se départir de son humour et de son charme, la série creuse le portrait stimulant d’une héroïne en quête indépendance et d’identité. Fille, mère, épouse, amie, employée, comédienne : Midge Maisel est une femme multiple, et une icône féministe moderne à son insu. Sans colère, sans ressentiment ni agressivité, elle cherche sa place dans une société où le rôle des femmes est encore limité (comme le rappellent plusieurs scènes), et qui n’est finalement, n’est pas si éloignée des préjugés et obstacles que doivent affronter les femmes aujourd’hui.

Une énergie communicative, un humour irrésistible, un rythme trépidant, des personnages hauts en couleur et l’ambiance des années 1950 : cette deuxième saison de La fabuleuse Mrs Maisel est un vrai bijou, une comédie exceptionnelle qui ravira tous ceux déjà tombés sous le charme d’une héroïne à qui le qualificatif de merveilleuse sied à la perfection. Au passage, ceux-là peuvent se réjouir puisqu’une troisième saison a été confirmée. Her name is Mrs. Maisel : thank you, and good night.


La fabuleuse Mrs. Maisel (Amazon Prime Video)
10 épisodes de 50′ environ.
Disponible depuis le 5 Décembre.

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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