Toujours aussi pétillante et délicieuse que son héroïne, La fabuleuse Mrs. Maisel revient avec une nouvelle saison dans la lignée des précédentes.
C’est quoi, La fabuleuse Mrs. Maisel (saison 3) ? Une page se tourne pour Midge Maisel (Rachel Brosnahan), qui voit sa carrière lancée alors qu’elle est sur le point de partir en tournée avec le chanteur Shy Baldwin (Leroy McClain), dont elle va assurer la première partie. Voyageant à travers les États-Unis, Midge a dû laisser ses enfants à New York et peine à concilier sa carrière avec sa vie personnelle. Et tandis que sa manager Susie (Alex Bornstein) s’occupe également de la carrière de sa grande rivale Sophie Lennon (Janet Lynch), son futur ex-mari Joel (Michael Zegen) s’apprête à ouvrir un club à Chinatown et ses parents Abe (Tony Shalhoub) et Rose (Marin Hinkle) doivent quitter le logement de fonction qu’ils occupaient et se retrouvent sans argent depuis que Abe a lâché son poste à l’université.
Midge Maisel : si elle n’existait pas, il faudrait l’inventer. Pour notre plus grand bonheur, c’est ce qu’ont fait Amy Sherman-Palladino et Daniel Palladino. Leur série, récompensée de multiples fois aux Golden Globes (et encore nominée pour l’édition 2020), est de retour sur Amazon Prime Vidéo depuis le 6 Décembre dernier avec une troisième saison qui redessine ses personnages et leurs relations tout en restant fidèle à son style et son ambiance uniques. Alors, évidemment, ceux qui n’ont pas été séduits par les saisons précédentes ne le seront pas davantage par celle-ci ; elle enchantera en revanche tous ceux qui ont déjà succombé aux charmes de Mrs Maisel.
Cette troisième saison reprend à peu près où s’était arrêté la précédente : Midge a rompu avec le Dr Benjamin (Zachary Levi) pour partir en tournée en tant que première partie du crooner Shy Baldwin, non sans avoir passé une nuit avec son ex-mari Joel… Dans ces nouveaux épisodes, on la retrouve alors que sa carrière est sur le point de décoller et qu’elle part en tournée avec Susie, de Los Angeles à Miami en passant par Las Vegas. Midge se produit devant différents publics (dont des soldats sur une base militaire ou la communauté de Harlem) et découvre qu’il n’est pas évident de faire rire des gens qui, apparemment, n’ont rien en commun avec elle. Pourtant, avec sa verve et son humour, elle y parvient en évoquant pêle-mêle le sexe, la maternité, ses parents, son quotidien en tournée ou sa vie amoureuse compliquée . Mais le succès a un prix : Mrs Maisel doit faire des choix difficiles, tant professionnellement que personnellement.
C’est du reste le cas de tous les personnages, confrontés aux conséquences de choix qu’ils ont faits la saison dernière. Avec ces histoires que l’on suit plus ou moins indépendamment du parcours de Midge, la série exploite parfaitement la galerie des personnages qui l’entourent. La relation entre Midge et Susie est tendue depuis que celle-ci s’occupe aussi de la carrière de la grande rivale de sa protégée, la diva Sophie Lennon qui se rêve en actrice dramatique ; Joel concrétise son rêve d’ouvrir son propre club et trouve un local… au-dessus d’un cercle de jeux clandestin à Chinatown , où il va faire une rencontre ; ayant quitté son poste à l’université, Abe renoue avec son engagement politique aux côtés de jeunes marxistes aussi idéalistes qu’empotés, tandis que sa femme se lamente sur la baisse de leurs revenus. On retrouve aussi Lenny Bruce (Luke Kirby) : le légendaire comédien (qui a réellement existé), sorte de mentor pour Midge, revient dans plusieurs épisodes et sa relation avec l’héroïne prend un tour plus intime et complexe.
Aux côtés de ceux que nous connaissons déjà, de nouveaux visages apparaissent. Parmi eux, citons Carole Keen (Liza Weil, la Paris de Gilmore Girls), une artiste présente sur la tournée avec laquelle Midge va devenir amie ; Reggie (Sterling K Brown de This is us), le manager de Shy Baldwin ; ou encore Mei (Stephanie Hsu) , nouvelle petite amie de Joel au caractère bien trempé.
En s’appuyant sur ces anciens et nouveaux personnages, en donnant notamment plus d’espace à Joel ou Susie qui ont droit à un arc narratif leur permettant de sortir un peu de l’orbite de l’héroïne, la série parvient à infléchir légèrement la dynamique existant entre eux, sans jamais trahir son atmosphère ou son ton. A nouveau, ce sont huit heures de pur délice qui filent à toute allure. Il y a d’abord ces dialogues aussi réjouissants qu’étourdissants, pleins de répliques hilarantes et lancés avec un débit de mitraillette par des personnages qui ne se taisent jamais plus de trois secondes. Et cette obsession du détail, avec des décors et des costumes splendides qui construisent une sorte de photographie vintage et fantasmée des années 1960 (It’s the sixties, man!). Enfin, la réalisation inspirée fait de la série un vrai plaisir visuel, avec ses scènes hyper chorégraphiées dignes d’un ballet – comme la géniale ouverture du septième épisode.
En outre, et notamment grâce à la voix décomplexée de Midge, warrior en talons hauts et robe Givenchy, la série ne se prive pas de traiter avec ironie des thèmes tels que (entre autres) l’émancipation des femmes, les relations familiales ou les discriminations. Et les numéros de comédie de Midge sont mieux intégrées à l’histoire, puisque l’essor de sa carrière permet d’éviter de recourir à des subterfuges pour la montrer sur scène. Tits up ! Ces scènes-là sont toujours aussi réjouissantes.
Pleine d’esprit, de légèreté et d’outrances assumées, avec ses dialogues vifs, ses scènes visuellement époustouflantes et ses personnages fantastiques, Mrs Maisel nous offre une troisième saison aussi irrésistible que les précédentes. Elle s’impose à nouveau comme une comédie fraîche et enlevée où tout fonctionne parfaitement, de la première à la dernière scène. Soit jusqu’au coup de théâtre final qui – sans rien révéler – rebat une nouvelle fois les cartes et remet tout en question, en vue d’une quatrième saison officiellement confirmée.