L’adaptation en série du film-culte What we do in the shadows convainc dès le début : ridiculement hilarante, elle reste résolument fidèle au ton et à l’atmosphère du long-métrage.
C’est quoi, What we do in the shadows ? Une équipe de tournage réalise un documentaire sur le quotidien de trois vampires, dans le district de Staten Island, à New York. Nandor (Kayvan Novak), Laszlo (Matt Berry) et Nadja (Natasia Demetriou) partagent une vaste demeure, où ils vivent aux côtés de Colin (Mark Proksch), un « vampire énergétique », et de leurs esclaves humains parmi lesquels le fidèle Guillermo (Harvey Guillén). Vieux de plusieurs centaines d’année, leur mode de vie archaïque n’est pas tout à fait adapté au monde moderne… Lorsque le baron Afanas (Doug Jones), leur Seigneur et maître, vient les sermonner et leur rappeler que, depuis 200 ans, ils sont sensés imposer la domination vampirique sur le Nouveau Monde, les Créatures de la Nuit vont établir un plan pour accomplir leur mission. Encore faut-il trouver le moyen d’y parvenir…
En 2014, le réalisateur néo-zélandais Taika Waititi nous a offert un film aussi drôle que déjanté : la comédie parodique devenue culte What we do in the shadows (sortie en Français sous le titre Vampires en toute intimité) avec Jemaine Clement dans le rôle principal. En attendant We are the wolves, suite lycanthropique pour le cinéma en cours de développement, Waititi et Clement adaptent aujourd’hui le film en série, sur FX aux États-Unis avec une diffusion sur Canal Plus en US+24.
Comme le film du même nom, What we do in the shadows est une comédie fantastique qui raconte le quotidien d’un groupe de vampires et leurs aventures extravagantes, à mesure qu’ils tentent de concilier leurs traditions ancestrales et le monde moderne dans lequel ils « vivent » (façon de parler…). La série n’est pas exactement un reboot ; comme l’a expliqué Waititi lui-même, l’histoire existe en parallèle, dans le même univers que le film. C’est-à-dire qu’il s’agit d’une sorte de spin-off centré sur d’autres personnages qui cohabitent sous le même toit à New York, tandis que les protagonistes d’origine continuent leur vie (ou leur mort, comme vous voulez) en Nouvelle-Zélande.
Nos trois héros sont donc trois vampires multi-séculaires, dépassés et obsolètes dans le monde moderne qui est désormais le leur. Chef autoproclamé du groupe, Nandor « The Relentless » était autrefois un guerrier ottoman féroce et sanguinaire. Il a pour colocataires le vampire et dandy britannique Laszlo et sa compagne, la sulfureuse séductrice Nadja (alors que dans le film, le trio était entièrement masculin). Autour d’eux gravitent leurs familiers, soit des esclaves humains qui leur obéissent dans l’espoir de devenir des vampires à leur tour ; l’un d’eux, Guillermo, qui est entièrement dévoué à Nandor et rêve d’être transformé, fait office de guide auprès du spectateur dans les premières scènes de la série. Enfin, signalons la présence d’un quatrième colocataire au potentiel comique énorme :Colin, un vampire énergétique qui peut sortir à la lumière du jour et qui (comme le nom l’indique) absorbe l’énergie de ses victimes en les exaspérant ou en les ennuyant avec des conversations barbantes et de petites manies énervantes. Et des vampires comme celui-là, on en connaît tous…
Si vous avez vu le film, vous savez exactement à quoi vous attendre, la série s’appuyant sur le même style visuel et le même type d’humour. Le pilote en reprend d’ailleurs l’essentiel, au point qu’on a parfois l’impression de revoir la même histoire avec des visages différents. Ce qui est loin d’être un désavantage, d’une part parce que les acteurs sont tous excellents et d’autre part parce que l’épisode fonctionne à la perfection. Réjouissant pour ceux qui connaissent le long-métrage, il introduit très efficacement le contexte, le ton et les protagonistes pour les autres.
Filmé comme un faux documentaire avec des témoignages face caméra, What we do in the shadows s’amuse du choc culturel entre vampires (des êtres gothiques qui voient le monde d’une manière très… particulière) et humains, du décalage entre leur mode de vie archaïque et l’époque moderne, mais aussi de la cohabitation des trois créatures sous le même toit, prétexte à des situations extravagantes et à des gags basés sur un quotidien trivial. Le résultat ? Une comédie totalement barrée et hilarante où l’absurde, le surréalisme et les quiproquos tournent en dérision la routine la plus banale, les interactions sociales, les incompréhensions et les situations embarrassantes.
Pour se faire, la série prend donc la forme d’un faux-documentaire parodique, plaqué dans le contexte particulier du genre fantastique. C’est-à-dire que c’est une série d’horreur qui englobe tous les attendus et toutes les règles des histoires de vampires (repos dans un cercueil, peur de la lumière, goût pour les vierges…) puis les détourne et les parodie dans un brillant exercice de déconstruction, notamment en faisant référence aux classiques de la culture populaire, comme Entretien avec un vampire, Nosferatu Twilight (lorsque Nandor décide de se couvrir le visage de paillettes pour ressembler aux vampires de la saga!). Ajoutez à cela des gags grotesques, des dialogues surréalistes, des effets spéciaux volontairement risibles, des personnages inénarrables et le rythme serré d’un épisode de trente minutes, et vous obtenez ce qui s’annonce comme l’une des comédies les plus réussies – et sans le moindre doute la plus mordante – de l’année.
De son passage du grand au petit écran, What we do in the shadows conserve tout l’esprit du film original, en y ajoutant quelques petites touches prometteuses. Absolument hilarant, ridiculement réjouissant, susceptible de développer cette mythologie absurde, le pilote séduira sans le moindre doute les fans de l’histoire d’origine, mais aussi tous ceux qui s’apprêtent à découvrir cet univers délicieusement barré. Oubliez Dracula, Nosferatu ou Lestat : ces vampires-là sont beaucoup, beaucoup plus amusants.
What we do in the shadows (FX)
10 épisodes de 30′ environ.
Diffusion sur Canal Plus, disponible sur My Canal.