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On débriefe pour vous… Legion, série de super-héros sous psychotropes

Legion achève son trip halluciné avec une troisième saison magistrale et confirme qu’elle est unique en son genre.

C’est quoi, Legion (saison 3) ? Traqué par la division 3 qui s’est retournée contre lui pour l’empêcher de détruire le monde, David (Dan Stevens) s’est enfui. Il se cache dans une communauté hippie dont il manipule les adeptes par la pensée, se nourrissant de leur amour et de leur dévotion. Mais David a un plan : grâce à Switch (Lauren Tsai), une mutante capable de voyager dans le temps, il compte retourner dans le passé pour vaincre Farouk avant qu’il ne s’en prenne à lui, réécrire son histoire et reconquérir l’amour de Sid (Rachel Keller). Mais on ne joue pas impunément avec le temps…

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Voilà maintenant trois saisons que l’on suit Legion – sans toujours tout comprendre. La série de Noah Hawley nous a séduits, perdus, enchantés, déroutés avec sa narration éclatée et sa mise en œuvre extravagante voire expérimentale. Elle est tirée d’un comics Marvel, comme par exemple Daredevil, Jessica Jones ou Luke Cage mais, tandis que celles-ci reprennent cet univers dans des récits sobres et linéaires, Legion raconte l’histoire de David, malade mental et / ou superhéros aux pouvoirs psychiques, de façon bien différente… La troisième saison conclut la série de manière très satisfaisante sur le plan de l’intrigue tout en déployant une esthétique toujours aussi impressionnante et unique, à l’image d’affiches promotionnelles totalement psychédéliques. 

Interné en clinique psychiatrique, David rencontre Sid (Rachel Keller), une patiente dont il tombe amoureux, et Lenny (Audrey Plaza), qui le pousse à remettre en question le diagnostic des médecins. Car David n’est pas nécessairement fou : ce que les psychiatres appellent schizophrénie  traduit en réalité la présence dans sa tête d’une sorte de parasite qui se nourrit des pouvoirs qu’il possède à son insu. Unissant ses forces à celle d’une organisation de mutants, David entame une lutte sans merci contre ce monstre qui, une fois expulsé de son esprit, apparaît sous sa véritable identité d’Amahl Farouk (Navid Negahban). Mais progressivement, David va basculer dans une sorte de décompensation psychique et utiliser ses pouvoirs à mauvais escient, menaçant le sort du monde entier. Traqué par ses anciens partenaires désormais aidés de Farouk lui-même, David compte revenir dans le passé pour changer les événements et réécrire l’histoire.

En résumant Legion, on a déjà l’impression de triper sous acides et ça ne s’arrange pas lorsqu’on regarde la série… Sur le plan narratif, cette troisième saison s’avère toutefois plus facile à suivre que les précédentes, tout en restant au moins aussi ambitieuse. En fait, elle enrichit même l’histoire à plusieurs niveaux. D’abord, le regard porté sur David change radicalement: on sort de sa tête pour adopter la vision extérieure de Switch  et, l’on comprend clairement que David n’est pas le héros de Legion mais le responsable d’une éventuelle destruction du monde. Se vivant comme une victime, il considère que seule sa douleur compte et se montre prêt à tout pour réparer le passé et atteindre le bonheur, quitte à blesser ou sacrifier tout ceux qui ont compté pour lui. La série développe aussi une caractéristique du personnage peu explorée jusque là : l’aspect « Legion » du titre, en vertu duquel existe dans l’esprit de David une légion de « David », chacun avec sa propre personnalité (et certains totalement machiavéliques.) 

Le professeur Xavier retrouve Amahl Farouk

Enfin, les voyages temporels éclairent l’origine de la fragmentation de la personnalité de David ou le lien entre ses parents et Farouk. Ils ajoutent aussi une autre dimension car on sait bien qu’il ne faut jamais déconner avec le temps… En tentant de modifier le passé, David va provoquer un engrenage de catastrophes susceptibles de détruire la réalité. Ainsi, comme si les digressions, les incursions dans des plans astraux et les plongées dans la tête d’un schizophrène n’étaient pas déjà assez déroutantes, Legion en rajoute une couche avec l’inclusion de dérives temporelles, boucles répétitives, réalités alternatives et autres monstres dévoreurs de temps. 

Dans Legion, la mise en scène est primordiale et la série nous a offert des scènes d’anthologie : l’ouverture magistrale du pilote (ci-dessous ; rassurez-vous, ça devient moins déprimant ensuite), le terrifiant boléro de la première saison, la séquence du tableau noir… C’est encore le cas dans cette dernière saison, qui parvient toujours à surprendre et fasciner sans jamais se répéter. Avec cette fois-ci : un épisode consacré à la rencontre de Charles Xavier (Harry Lloyd) et Gabrielle (Stephanie Corneliussen), les parents de David ; un conte de fées gothique incluant une battle de rap sur le plan astral (!!) entre le Grand méchant loup (Jason Mantzoukas) et Oliver Bird (Jermaine Clement ) ; un épisode où les protagonistes expérimentent un passé alternatif ; la lutte entre Farouk et les Davids dans la tête de ce dernier ; les « dévoreurs du temps » qui se déplacent de manière saccadée (à l’écran, ils évoluent à moins de 24 images par seconde.)  

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C’est aussi déroutant qu’enthousiasmant, Legion repoussant toujours les limites et défiant sans cesse l’imaginaire des spectateurs, sans que sa forme unique et excentrique ne prime jamais sur le contenu. Les deux sont en fait intrinsèquement liés, Legion joue avec les métaphores, la musique et les couleurs psychédéliques pour illustrer des conflits qui prendraient normalement la forme de batailles physiques et d’affrontements violents mais qui, ici, sont illustrés de façon allégorique pour traduire les conflits psychiques qui se déroulent dans la tête de David. Le thème et le déroulement du récit, la démarche artistique qui les sous-tendent font de Legion une série que l’on peut qualifier sans ciller, au choix, de fiction psychotique ou psychotrope. Un voyage hallucinant et halluciné. 

Série sans équivalent, Legion achève ainsi un récit qui nous a parfois égarés, souvent déstabilisés mais toujours fascinés par son inventivité, son audace visuelle et l’intensité avec laquelle elle a raconté son histoire. La conclusion, en écho à la toute première scène de la série, est douce-amère, à la fois heureuse et triste. Mais étrangement – ou logiquement, puisqu’on parle de Legion – elle fait presque figure de début: Legion terminée, c’est l’aventure des X-Men qui va commencer.

Legion (FX)
3 saisons – 27 épisodes de 45 à 70′ minutes.  

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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