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On débriefe pour vous… les premiers épisodes de Servant, le thriller perturbant de M. Night Shyamalan

Servant interpelle avec son histoire intrigante et son ambiance dérangeante ; reste à voir si le résultat final sera à la hauteur.

C’est quoi, Servant ? Dorothy (Lauren Ambrose) et Sean (Toby Kebell) ont récemment vécu une tragédie suite à la mort subite de leur bébé. Pour aider Dorothy à surmonter le traumatisme, le couple a « adopté » comme élément de transition une poupée hyperréaliste, que la mère dorlote comme elle aurait choyé son propre fils. Lorsqu’ils engagent une nounou, la jeune Leanne  (Nell Tiger Free) accepte de s’occuper de l’enfant. Et à la stupéfaction de Sean, elle le fait sans poser de question, aussi naturellement que si elle devait veiller sur un vrai bébé. Un événement encore plus perturbant va pousser Sean à enquêter sur la jeune femme, avec l’aide de son beau-frère Julian (Rupert Grint)… 

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Il est difficile de parler de Servant, la nouvelle série originale proposée par Apple TV+, même après la diffusion des trois premiers épisodes (sur les dix que comporte cette saison – les suivants étant diffusés au rythme d’un nouvel épisode chaque vendredi). Présenter un thriller psychologique tel que celui-ci nécessite d’en dévoiler le moins possible – plus encore lorsque l’élément déclencheur de l’intrigue repose sur un coup de théâtre, à la fin du premier épisode. On ne saurait évidemment le révéler, sous peine de gâcher l’effet de surprise…

En outre, le premier et le dernier épisode de la première saison ont été réalisés par  M. Night Shyamalan (à qui l’on doit notamment Sixième Sens, Incassable ou Le village) dont on connaît le goût pour les récits complexes et tortueux, les rebondissements inattendus et les retournements de situation à la dernière minute. Si son nom a largement été mis en avant lors de la promotion de Servant et qu’il en est le producteur exécutif, notons toutefois que la série a été imaginée par Tony Basgallop, scénariste entre autres de Being Human, Outcast et de l’excellente Berlin Station.

Dorothy et Sean, confrontés à la mort de leur bébé.

Servant ne perd pas son temps dans des circonvolutions inutiles. Dès les premières minutes, on découvre ainsi le couple formé par Sean et Dorothy, parents d’un bébé nommé Jericho. Lui travaille comme chef cuisinier, elle est journaliste, et ils décident d’embaucher une baby-sitter pour s’occuper de l’enfant en l’absence de la mère. Leur choix s’est porté sur la jeune Leanne, une fervente chrétienne, qui s’installe à leur domicile. Première surprise : il n’y a pas de bébé dans le berceau. Jericho est décédé à l’âge de 13 mois et il a été remplacé par un poupon hyper réaliste qui fait office d’objet thérapeutique transitionnel. La mère s’en occupe comme elle le ferait de son fils disparu, le père est plus circonspect mais se prête au jeu pour aider sa femme à surmonter le choc. Contre toute attente, Leanne ne semble pas surprise par la situation et prend soin de la poupée comme s’il s’agissait d’un vrai bébé…

L’histoire – aussi étrange soit-elle – paraît donc assez simple… jusqu’au fameux coup de théâtre. On prend alors conscience que tout ce que nous savons, nous l’apprenons à travers le regard et les propos des personnages, et de Sean en particulier, sans que rien ne permette de corroborer ou de réfuter sa vision des choses.  En d’autres termes, le spectateur est obligé de remettre en question ce qu’il voit et ce qu’il entend, de choisir de croire Sean ou de s’interroger sur sa version des faits. Les deux épisodes suivants enfoncent le clou, en distillant de nouveaux éléments qui seront déterminants pour la suite… ou pas. D’un côte, apparaît le thème de la religion, du mysticisme et des pistes surnaturelles ; comme on ne sait pas dans quelle direction ira l’intrigue, il est également possible que la série s’en écarte pour adopter une explication rationnelle et réaliste avec un point de vue plus psychologique, en se recentrant sur le drame de ces parents qui ne savent pas comment surmonter la mort de leur enfant. 

En revanche, ce qui est immédiatement perceptible et évident, c’est que Servant bénéficie d’une ambiance sombre et angoissante, parfaitement réussie dès les premières minutes. Le sentiment de noirceur et de claustrophobie accentue  l’aura de mystère et de malaise, à mesure que progresse cette intrigue malsaine voire glauque, faite de secrets et de traumatismes, dont on perçoit indistinctement la part psychologique mais aussi quelque chose de surnaturel, peut-être tapi dans les recoins de cette vaste maison aux allures de manoir.

L’énigmatique Leanne, la main sur le berceau…

On l’a dit, il n’est pas l’auteur de l’histoire ; l’empreinte de Shyamalan est pourtant omniprésente. Plans d’ensemble des couloirs, gros plans sur les visages, jeux d’ombres, prises de vue originales, sensation d’immersion lorsque les personnages sont assis à table côte à côte et face caméra, scènes de cuisine à la Hannibal à la fois élégantes et choquantes (celle de l’anguille)…  Ajoutons-y des acteurs convaincants, en particulier Nell Tiger Free dans le rôle de l’énigmatique Leanne, et le rythme serré d’épisodes de 30 minutes qui contribue à condenser le récit. 

En l’occurrence, cela semble d’autant plus nécessaire que, dans ce genre de thriller psychologique et / ou paranormal, la tentation est souvent grande d’étirer l’intrigue afin de retarder les révélations et le moment d’apporter des réponses aux innombrables questions préalablement soulevées. Peut-être devrions-nous d’ailleurs nous faire à l’idée que nous ne les aurons pas toutes à la fin du dernier épisode, puisque la série a d’ores-et-déjà été renouvelée pour une deuxième saison…

Avec ses mystères, son atmosphère lugubre et son histoire perturbante, les premiers épisodes de Servant sont suffisamment prenants et intrigants pour nous accrocher. La grande question, c’est finalement de savoir si le résultat sera à la hauteur La nature même du récit en fait typiquement le genre d’histoire susceptible de se perdre (et perdre ses spectateurs) dans des pistes et des théories confuses. Il faut attendre de voir de quelle manière la série va progresser et se conclure, avant d’émettre un jugement définitif. 

Servant (Apple TV+)
10 épisodes de 30′ environ.

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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