S’il y a des choses à redire sur la série, Obi-Wan Kenobi réussit néanmoins à raviver quelque chose de la magie Star Wars.
C’est quoi, Obi-Wan Kenobi ? Dix ans après les événements relatés dans La Revanche des Siths, Obi Wan Kenobi (Ewan McGregor) a rengainé le sabre laser. Pour échapper à l ‘Empire qui traque implacablement les Jedi, il s’est réfugié sur Tatooine où il fait profil bas. Hanté par la culpabilité après le basculement vers le côté obscur et la mort de son apprenti, Anakin Skywalker (Hayden Christensen), Obi-wan garde aussi un œil sur les enfants de celui-ci. Et lorsque Leia (Vivien Lyra Blair) est enlevée, c’est vers l’ancien Jedi que se tourne le sénateur Bail Organa (Jimmy Smits). A contrecœur, Obi-Wan sort de sa cachette pour tenter de sauver la petite princesse.
Après The Mandalorian et Le livre de Boba Fett, c’est au tour de Obi-Wan Kenobi de débarquer sur Disney+. Soit l’un des personnages les plus importants et les plus aimés de Star Wars, incarné au cinéma par Sir Alec Guiness dans la trilogie originelle, puis par Ewan McGregor (qui reprend ici le rôle) dans les prequels.
Pour celles et ceux qui vivraient dans une galaxie très, très lointaine, la mini-série débute avec des scènes-cultes des films en guise de « précédemment » ; on (re) découvre brièvement la formation de Obi-Wan Kenobi sous l’égide de Qui-Gon Jinn (Liam Neeson), comment il a pris sous son aile Anakin, comment il a vaincu et laissé pour mort son ancien padawan passé du côté obscur, la transformation de celui-ci en Dark Vador et le sort réservé à ses enfants, les jumeaux Luke et Leia.
Dix ans plus tard, Obi-Wan se cache sur Tatooine pour échapper aux Inquisiteurs chargés d’éliminer les Jedi survivants, mais aussi pour veiller à distance sur le petit Luke. Il porte comme un fardeau son sentiment de culpabilité, convaincu d’avoir contribué à la chute de Anakin Skywalker du côté obscur, et il ignore que son ancien disciple a survécu et qu’il est devenu Dark Vador. Solitaire, désenchanté et ayant perdu son lien avec la Force, Obi-Wan va pourtant devoir reprendre du service pour secourir la princesse Leia, âgée de dix ans, victime d’un enlèvement. Ce que Obi-Wan ignore, c’est que le rapt est un piège ourdi par l’inquisitrice impériale Reva (Moses Ingram), précisément pour le faire sortir de sa retraite…
Obi-Wan Kenobi et son héros éponyme font en quelque sorte face au même problème : comment gérer le poids des attentes et donner aux gens ce qu’ils veulent ? Coincée entre les épisodes IV et III, la série est forcément limitée par le manque de marge manœuvre auquel la condamne sa position au sein d’un canon bien défini, dans un récit dont sont déjà écrits le début, la fin et même le milieu. De sorte que les rebondissements et événements racontés vont nous amener d’un point A (Kenobi réfugié sur Tatooine) à un point B (le duel tant attendu dont on connaît pourtant l’issue.)
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Il faut d’ailleurs reconnaître que le scénario s’appuie avant tout sur des archétypes narratifs : le héros en retrait contraint de reprendre les armes, le piège qui lui est tendu, la mission de sauvetage, l’idée de vengeance ou de rédemption, l’infiltration au sein des forces ennemies (un classique de Star Wars)… Sur le plan technique, on peut aussi trouver à redire. Excepté le clash du dernier épisode, les scènes d’action sont souvent confuses voire décevantes, comme dans le troisième épisode lorsque la caméra s’éloigne du combat pour en donner une vision panoramique artificielle qui manque de nerf. Cela ne signifie pas que Obi-Wan Kenobi n’est pas plaisante et même prenante : en dépit des maladresses, de certains rebondissements prévisibles ou d’objections soulevées par les inconditionnels de Star Wars (dont nombre de spectateurs n’auront même pas conscience), la série exploite tout ce qu’on attendait, et même un peu plus.
Il y a certes quelques nouveaux éléments, comme le personnage de Reva – inquisitrice aux intentions cachées et au passé chargé (à défaut d’être mystérieux car on devine tout de suite de quoi il retourne). La série accorde aussi une place centrale à cette petite princesse Leia et au lien qu’elle noue avec Obi Wan (et dont on connaît les conséquences ultérieures), ou aborde brièvement la tragédie vécue par Anakin / Dark Vador en offrant un regard soudain plus humain lorsqu’on le voit, l’espace d’une scène, avant qu’il ne devienne définitivement le Sith brutal dépourvu de toute émotion.
Mais ce qui fait la… Force de la série, c’est surtout ce sentiment de familiarité et de nostalgie. Une atmosphère, des visages, des voix, des citations, des gestes qui nous ont fait vibrer et qui fonctionnent encore. On retourne sur la surface désertique de Tatooine avant de voyager vers d’autres planètes, on renoue avec un Obi-Wan (Ewan McGregor, toujours excellent et bourré de charisme) un peu vieilli et surtout désabusé, on retrouve Dark Vador avec sa voix emblématique (celle de James Earl Jones) et le visage de Hayden Christensen sous le masque, on s’attache à la version junior de la princesse Leia, on assiste à la naissance de la Résistance, on entend à nouveau le « whoosh » des sabres laser. Toutes ces choses qui font que, quelles que soient les réserves que l’on peut légitimement émettre, Obi-Wan Kenobi nous offre, au final, six épisodes de pur plaisir.
Obi-Wan Kenobi est imparfaite et irrégulière, et certains éléments ont fait bondir les thuriféraires de Star Wars. Et malgré cela, on passe un excellent moment en replongeant dans cet univers. Parce que, au-delà de l’analyse intellectuelle, la série a un peu le même effet que le final de la saison 2 de The Mandalorian : la capacité à nous amener à un point culminant où se mêlent action, émotion, références à la saga et personnages sur le point de devenir ceux que l’on connaît déjà. Si ça n’en fait pas un chef d’œuvre, c’est assurément suffisant pour qu’on passe un excellent moment.
Obi-Wan Kenobi
6 épisodes de 45′ en moyenne.
Disney +.