Avec une deuxième saison violente et provocante, The Boys reste fidèle à elle-même tout en gagnant en profondeur.
C’est quoi, The Boys (saison 2) ? Recherchés par les autorités, les Boys sont dans la clandestinité : Butcher (Karl Urban) est en fuite, Hughie (Jack Quaid) et ses acolytes continuent leur croisade contre Vought Industry avec l’aide de Starlight (Erin Moriarty). Du côté des Sept, Le Protecteur (Anthony Starr) est égal à lui-même, mais il doit faire face à l’arrivée d’une nouvelle venue au sein de l’équipe des super-héros : Stormfront (Aya Cash), bad ass brute de décoffrage, hyper populaire grâce à sa maîtrise des réseaux sociaux. Dans l’ombre, Vought Industries cherche à nouer des accords avec l’armée, afin de combattre les super-terroristes qui menacent l’Amérique…
La première saison de The Boys nous avait pris par surprise avec son humour provocateur, son déchaînement de violence graphique et le renversement du regard porté sur les super-héros. Rappelons que la série, adaptée du comic de Garth Ennis et Darick Robertson, raconte la lutte d’un groupe de francs-tireurs face à des super-héros brutaux et amoraux, médiatisés par une grande entreprise. Lancée en Septembre dernier sur Amazon prime vidéo (au rythme de trois puis un épisode par semaine – un choix critiqué par une partie du public mais qui semble pourtant judicieux), la deuxième saison reste aussi sanglante et outrancière, mais marquée par une évolution notable dans le propos et les personnages.
Ce qui ne change pas, c’est l’ultra-violence gore et poussée à l’extrême. Le Patriote écrase le visage d’un criminel à mains nues, des têtes explosent, une baleine est éventrée par un hors-bord, un super tente d’étrangler La crème avec son… pénis géant : des scènes parfois superflues et un peu faciles mais qui, parfois, servent l’histoire et font sens (la fin du quatrième épisode, avec double dose de Protecteur). Cela dit, on sait désormais à quoi s’attendre sur ce plan avec The Boys. Et au-delà de l’humour punk sanglant, cette saison prend davantage le temps de construire son histoire et d’approfondir ses protagonistes.
L’un des aspects les plus intéressants de ces nouveaux épisodes, c’est la manière dont la série se penche sur les histoires et le passé de certains de ses personnages. Du côté des Boys, on découvre les motivations qui ont poussé Le Français (Tomer Kapon) et La Crème (Laz Alonso) à se lancer dans cette croisade contre les supers ; le personnage de Kimiko (Karen Fukuhara ) prend davantage d’importance ; la relation de Hughie avec Starlight gagne en profondeur ; on en apprend un peu plus sur Butcher, sur la façon dont il s’est construit et sur les limites qu’il est prêt à franchir pour assouvir sa soif de vengeance.
Du côté des Sept, Stella évolue également et devient moins naïve, elle apprend à jouer double jeu et reprend peu à peu le contrôle de son existence (notamment vis-à-vis de sa mère) ; Queen Maeve (Dominique McElligott), A-Train (Jessie T.Usher) et The Deep (Chace Crawford) cherchent chacun une forme de rédemption – quoi que de manière différente et pour des raisons qui leur sont propres.
Quant au Protecteur, il est plus que jamais au cœur de l’histoire. Interprété par un Anthony Starr époustouflant, c’est un personnage hallucinant qui ne semble avoir aucune limite ; un type dangereux, instable, détestable, infatué d’orgueil mais aussi paradoxalement peu sûr de lui. Toujours inquiétant, perturbant et malsain, il dévoile pourtant un côté plus humain. D’une part, parce qu’il doit faire face aux conséquences de la mort de Madelyn Stiwell (qu’il a lui-même assassinée) ; d’autre part parce qu’il tente d’établir un lien – pervers et tordu, mais un lien – avec son fils Ryan. Ne vous méprenez pas: c’est toujours un monstre mais son histoire, son passé, ses doutes et ses déviances nous permettent de mieux cerner le personnage qui déborde du cadre de simple méchant. D’autant que, d’une certaine manière, l’ambiguïté morale de Butcher a parfois tendance à renvoyer les deux antagonistes dos à dos…
S’ajoutent à l’histoire de nouveaux personnages, comme le nouveau patron de Vought Industries (Giancarlo Esposito), un super nommé La torche (Shawn Ashmore), le dirigeant d’une secte (Goran Visnjic)… Et surtout Stormfront, nouvelle recrue des Sept : bad ass et hyper charismatique, elle garde longtemps ses intentions secrètes mais sa présence va servir de catalyseur à un certains nombre d’intrigues. Disruptive, avec un discours raciste et un passé nazi, elle incarne les pires horreurs du suprémacisme blanc (au cas où on aurait des doutes, Stormfront est aussi le nom d’un vrai site néonazi).
A travers elle, The Boys s’attaque à la xénophobie mais aussi à la facilité avec laquelle la population peut être manipulée et poussée vers des idées extrêmes à cause de discours de haine attisant la peur. Et si la série satirise toujours des super-héros qui profitent de leur popularité grâce à une multinationale qui monétise leur images (les Sept tournent un film avec «quelques ajustements par rapport au scénario de Whedon»), elle étend aussi ses commentaires corrosifs en incorporant une société pharmaceutique en quête de profit; une secte rappelant la Scientologie ; les tentatives grossières de Vought Industries d’inclure dans sa communication des discours vaguement féministes ou LGBTQ + sans engagement concret. Autant de thèmes qui ne sont pas forcément toujours bien amenés et sont traités sans subtilité – mais on est dans The Boys, vous vous rappelez ? Et c’est en tous cas ce qui contribue à rendre cette saison encore plus subversive et cynique.
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La deuxième saison de The Boys est incontestablement une réussite. Bien sûr, tout n’est pas parfait : la série en fait souvent un peu trop, elle est parfois prévisible et toujours aussi excessive. Peu importe, car c’est finalement dans sa nature. Et surtout, tout cela fonctionne très bien et l’ensemble reste jubilatoire. Avec une troisième saison et un spin off annoncés, avec les nombreuses interrogations laissées en suspens dans le dernier épisode, l’avenir des Boys est tout tracé. Tant pis pour les baleines.
The Boys (Amazon Prime Video)
Saison 2 – 8 épisodes de 50′ environ.