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On débriefe pour vous…The Good Place, la divine comédie philosophique

The Good Place s’est achevée cette saison : cette comédie fantaisiste est l’une des séries les plus drôles et… philosophiques de ces dernières années.

C’est quoi, The Good Place ?  A sa mort, Eleanor (Kristen Bell) est accueillie au « Bon endroit » par Michael (Ted Danson), gestionnaire de cette espèce de paradis où  sont envoyés ceux qui ont mené une vie vertueuse, et où une androïde nommée Janet (D’Arcy Carden) réalise tous leurs souhaits. Mais Eleanor va découvrir que ce Bon endroit n’est pas forcément ce qu’il semble être… En compagnie de Chidi (William Jackson Harper), Tahani (Jameela Jamil) et Jason (Manny Jacinto), elle va accomplir un voyage initiatique et personnel dans cet au-delà… atypique. 

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Créée en 2016 par Michael Schur ( The Office, Parks and Recreation ou Brooklyn nine-nine), The good place est sans aucun doute l’une des sitcoms les plus réussies… et les plus bizarres de ces dernières années. La sortie de l’intégrale en DVD et BR est l’occasion rêvée de se replonger dans cette série feel good, légère et drôle, qui s’inspire pourtant au départ de… la  pièce Huis Clos de Jean-Paul Sartre ! Le résultat ? Une comédie drôle et extravagante qui imagine ce qui se passe après la mort, tout en s’articulant autour de réflexions philosophiques sur le monde, l’être humain, le libre-arbitre ou le destin. Rien que ça.

Tout commence après la mort de Eleanor ,qui est accueillie au «  bon endroit » par Michael , une sorte d’ange en costard . Dans ce paradis aux airs de village où il est impossible de jurer (patin de merle !), une intelligence artificielle nommée Janet peut apparaître à tout moment pour exaucer les désirs les plus excentriques de résidents qui ont tous mené une vie exemplaire. Le problème, c’est qu’Eleanor est cynique, égoïste et sans scrupule ; bref, pas vraiment un modèle de vertu. Consciente d’être là par erreur, provoquant une série de catastrophes et terrifiée à l’idée d’être envoyée au « mauvais endroit », la jeune femme décide de s’améliorer avec l’aide de Chidi, un professeur d’éthique qui  tente de lui inculquer des concepts moraux à grands coups de Kant, Heidegger ou Kierkegaard. Eleanor se rapproche aussi de deux autres habitants qui, bizarrement, ne semblent pas non plus être à leur place : une mondaine britannique snob et superficielle prénommée Tahani, et un moine bouddhiste / DJ à moitié crétin du nom de Jason. 

Les héros de The good place ne sont pas au bout de leurs surprises

Voilà pour le point de départ. Ceci dit, présenter l’histoire de The Good place en se limitant à ce résumé ne permet pas d’expliquer en quoi cette série est unique ; aller plus loin obligerait à révéler des rebondissements essentiels. Car à la toute fin de la première saison, l’histoire prend toute sa dimension avec une révélation choquante qui brise le schéma que l’on croyait établi. A partir de là, The Good Place se réinvente totalement dans sa deuxième saison, puis dans la troisième , puis dans la quatrième en opérant à chaque fois un virage radical qui rebat les cartes et pousse un peu plus loin le curseur de l’absurde et de la réflexion. 

Car la grande caractéristique de The Good Place, c’est son ton très particulier qui mélange humour absurde (gags visuels, jeux de mots, situations grotesques et improbables s’enchaînent sans temps mort) et réflexion philosophique. En gros, c’est un au-delà déjanté où on s’interroge sur des concepts  tels que la vie, la mort, l’Amour, le Bien, le Mal. Chaque épisode de 20 minutes illustre un questionnement moral de manière didactique et hilarante en juxtaposant Hume, Aristote ou le dilemme du tramway avec un éléphant lumineux, une androïde omnisciente et des yaourts glacés. Bref, le truc totalement improbable et casse-gueule sur le papier… et qui, contre toute attente, fonctionne admirablement bien. 

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L’autre immense atout de The good place tient à ses personnages, tous parfaitement interprétés et traités avec une immense tendresse . Ils sont bourrés de défauts ; pourtant, on s’attache vite à chacun d’entre eux et on les voit évoluer, progresser tout en conservant ce qui les rend uniques. Eleanor, qui cache sa fragilité derrière le sarcasme; Chidi avec son anxiété et son indécision chronique ; Tahani, la mondaine snob et ses problèmes familiaux ; Jason et son mélange de candeur et de stupidité ; et même Michael et Janet qui complètent magnifiquement le quatuor humain : tous subissent de profonds changements et deviennent une meilleure version d’eux-mêmes. 

Au fil de l’histoire, nous croiserons des démons (dont Shawn, le chef du Mauvais endroit), des méchantes Janet, une juge qui envisage de déclencher l’apocalypse, Timothy Olifant dans son propre rôle, des poneys monstrueux ; nous assisterons à des situations toujours plus extravagantes et à des débats éthiques toujours plus stimulants. 

Mais tout a une fin, même l’éternité : après quatre saisons et mille retournements de situations, nos héros achèvent leur voyage dans un ultime épisode étonnamment émouvant, qui frôle la perfection. Après tout ce qu’ils ont traversé, tout ce qu’ils ont appris sur eux-mêmes et tout ce qu’ils ont accompli, il ne leur reste plus qu’à trouver la paix et à franchir une ultime porte, sans savoir ce qui se trouve derrière…  De fait, ce que nous avions pris pour une petite comédie légère et sans prétention se termine en posant les deux questions les plus dérangeantes de toute l’histoire de l’humanité : qu’y a-t-il après la mort, et quel est le sens de la vie ? Excusez du peu.

The Good Place n’est pas une série parfaite (la troisième saison, par exemple, est peut-être en-deçà du reste).  Pourtant, avec ses personnages attachants, ses excentricités et son scénario imprévisible, elle ne cesse de surprendre en bouleversant ses propres codes. C’est une pure comédie, irrésistible lorsqu’elle part dans des délires hilarants, intelligente avec ses réflexions morales. Une série peut-être plus camusienne que sartrienne… mais ça, c’est un autre débat qu’on laisse aux spectateurs – philosophes.

The good place (NBC)
4 saisons – 52 épisodes de 22′ environ.
Disponible sur Netflix et en DVD / BR. 

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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