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On débriefe pour vous … The Kominsky method, vieillir avec humour.

La comédie de Chuck Lorre The Kominsky method continue de suivre ses deux héros septuagénaires avec une ironie lucide et douce-amère.

C’est quoi, The Kominsky Method (Saison 2) ? A 70 ans bien sonnés, l’ex-acteur Sandy Kominsky (Michael Douglas) reconverti en prof d’art dramatique fait face à de nombreux soucis de santé. Et il est consterné lorsqu’il apprend que Martin (Paul Reiser), le nouveau petit ami de sa fille Mindy (Nancy Travis) a quasiment le même âge que lui. Les deux hommes finissent pourtant par s’entendre grâce à leurs nombreux points communs, incluant notamment leurs problèmes de prostate. De son côté, un Norman (Alan Arkin) encore affligée par la mort de sa femme est en passe de se réconcilier avec sa fille Phoebe (Lisa Edelstein), sortie d’une énième cure de désintoxication, et il renoue avec Madeline (Jane Seymour), un ancien amour de jeunesse qui aimerait bien reprendre leur relation… 

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Depuis le 25 octobre, The Kominsky Method est de retour sur Netflix. La première saison de la série créée par Chuck Lorre, avec en vedette Michael Douglas et Alan Arkin, avait été saluée par les critiques et avait même reçu deux Golden Globes, dont celui de la meilleure comédie. Comédie, certes ; mais The Kominsky Method est surtout une pure dramédie, et ces huit nouveaux épisodes affinent l’histoire et le portrait des  personnages en conservant le même humour noir et les mêmes dialogues ciselés. 

On retrouve donc Sandy et Norman, et il est incontestable que ce formidable duo est l’atout maître de la série. La dynamique entre les deux personnages fonctionne magnifiquement, non seulement grâce à l’immense talent de Michael Douglas et de Alan Arkin, mais aussi grâce au contraste entre leurs caractères respectifs: un Sandy narcissique réticent à montrer le moindre signe de faiblesse, et un Norman plus sarcastique et résigné. Ce qui n’empêche pas qu’il existe entre eux une amitié profonde, en vertu de laquelle ils se soutiennent face aux déconvenues du quotidien. 

Sandy n’est pas forcément dingue de Martin (du moins au début)

Cette saison accorde aussi plus de place aux personnages secondaires. Il y a ceux que nous connaissons déjà (Mindy et Phoebe), et des nouveaux venus dont les noms et les visages nous sont forcément familiers. Outre une Jane Seymour magnifique (Madeline, l’ancienne flamme de Norman) et Paul Reiser de Dingue de toi (le nouveau compagnon de Mindy), on croise par exemple Bob Odenkirk (le Saul Goodman de Breaking Bad) dans le rôle d’un médecin au bout du rouleau, ou Kathleen Turner qui incarne l’ex-femme de Sandy.

Évidemment, ce sont toutefois Sandy et Norman qui restent au cœur du récit. A travers eux, on devine aisément que Chuck Lorre (67 ans) exprime ses propres doutes et ses propres sentiments face aux spectres de l’âge et du temps qui passe. Portée par une écriture simple, sans grand rebondissement ni cliffhanger haletant, The Kominsky Method sonne juste : il y a dans cette série une spontanéité et une honnêteté rafraîchissantes. 

On évoque pourtant la vieillesse, la maladie, le corps qui lâche, la mémoire défaillante, les problèmes d’érection ou de prostate, les regrets, la nostalgie, les relations familiales, les doutes existentiels, les blessures psychologiques difficiles à surmonter… 

Dit comme ça, on ne vend pas du rêve. Pourtant, The Kominsky Method est bien une comédie, entre humour noir, ton doux-amer et détachement ironique. Le mélange entre le pessimisme du propos et l’intelligence des répliques font qu’on sourit plus qu’on ne rit, mais l’ensemble est irrésistible. Les situations sont drôles (comme les scènes entre Sandy et Martin), les dialogues vifs et enlevés, les réparties de Sandy ou ses échanges avec Norman déprimants sur le fond mais réjouissants dans la forme (par exemple lorsque Sandy explique : « C’est le quatrième enterrement auquel je me rends ce mois-ci», et que Norman lui rétorque « : « A notre âge, c’est ce qui s’appelle avoir une vie sociale »). La série porte ainsi un regard lucide mais plein d’humour et d’auto-dérision sur un sujet aussi délicat que la vieillesse, avec les douleurs physiques et les questionnements existentiels qui vont avec. (Et en parlant d’auto-dérision, impossible de passer à côté de la scène de Mon oncle Charlie – série aussi signée Chuck Lorre –  interprétée par les élèves de Sandy).

Sandy et Norman, papys flingueurs

Il se passe pas mal de choses, dans cette deuxième saison de The Kominsky method, et tous les arcs narratifs donnent envie de voir le tour que vont prendre les événements. Pour autant, l’intérêt réside finalement moins dans le  « quoi » que dans le « comment »  car c’est surtout la manière dont les deux protagonistes vont réagir qui s’avère passionnante. Arrivés au stade où on fait le bilan de sa vie, Sandy et Norman se retournent sur leur (long) passé avec des sentiments mitigés de mélancolie, de nostalgie mais aussi de satisfaction.  Ils ont saisi la nécessité de prendre les tracas du quotidien avec légèreté et détachement pour se focaliser sur ce qui est vraiment important et ils envisagent aussi leur avenir (qu’ils savent certes beaucoup plus bref…) avec une espèce de sentiment d’urgence : au diable les doutes et les regrets, il n’y a pas de temps à perdre, pour qui veut profiter de la vie. Et pour s’épanouir, même à 70 ans passés.  

The Kominsky Method, c’est presque le pendant masculin de Grace & Frankie. La première est plus sombre, la seconde plus malicieuse, mais elles ont en commun leurs duos de personnages à l’automne de leurs vies, avec des problématiques similaires, et toutes les deux laissent un peu, au final,  le même sentiment. Celui que vieillir n’est pas une partie de plaisir, mais que ce n’est pas non plus une tragédie. C’est juste une étape, un moment à vivre, ou l’arthrose et les remontées acides n’empêchent pas d’être heureux. La vieillesse est peut-être un naufrage ; il ne faut pas que ça empêche l’orchestre de continuer à jouer. 

The Kominsky Method (Netflix)
Saison 2 – 8 épisodes de 25′ environ.

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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