Adaptée du célèbre jeu vidéo, The last of us nous entraîne dans un road trip à travers un monde post-apocalyptique.
C’est quoi, The last of us ? Vingt ans plus tôt, une pandémie mortelle a anéanti une grande partie de la population, transformant les personnes infectées en zombies contrôlés par un champignon parasite, le Cordyceps. La plupart des survivants sont regroupés dans des zones de quarantaine régies par l’armée. Installé à Boston, marqué par la mort de sa fille au début de l’épidémie, Joel (Pedro Pascal) accepte d’être payé pour emmener Ellie (Bella Ramsay), une adolescente immunisée contre le virus, hors de la zone d’exclusion. A travers des États-Unis ravagés, ils tentent de gagner un laboratoire où des scientifiques espèrent développer un vaccin.
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The Last of us, c’est un best-seller des jeux vidéo où le joueur accompagne Joel et Ellie à travers une Amérique post-apocalyptique dévastée par une épidémie. La série créée par Craig Mazin (Tchernobyl) et Neil Druckmann (scénariste du jeu) avait un sacré défi à relever et plusieurs pièges à éviter. Coller de manière excessive au matériau original, conçu pour un support interactif, ne pouvait pas fonctionner ; prendre trop de liberté aurait écarté la série de ce que les fans attendaient ; enfin, il fallait s’adresser autant aux gamers qu’à ceux qui n’ont jamais touché une console de leur vie.
Une adaptation entre fidélité et digression
The Last of us débute par un prologue : en 1968 à la télévision, un scientifique alerte sur la probabilité qu’un champignon puisse s’adapter, en raison du réchauffement climatique, à la température du corps humain et provoquer une épidémie incontrôlable. Des décennies plus tard, la prophétie se réalise, le Cordyceps dévore le cerveau de ses victimes et les transforme en zombies. C’est le point de départ de l’histoire, qui nous emmène en 2023 pour suivre Joel et Ellie dans un parcours semé de dangers – et pas forcément à cause des infectés.
Du jeu, on retrouve de nombreux éléments, dont évidemment l’aspect des infectés mais aussi certaines séquences tellement fidèles au jeu qu’elles sont même superposables en termes de découpage et d’éclairage. C’est dans la construction de la narration qu’on s’écarte davantage. Si le parcours et la relation de Joel et Ellie (formidables Pedro Pascal et Bella Ramsay) restent au cœur du récit, la série n’hésite pas à prendre des chemins de traverse et à faire des détours.
En marge du duo, on suit plusieurs autres personnages, parfois de façon incomplète. Entre flash-back, souvenirs et pas de côté, The Last of us raconte ainsi des sortes de micro-histoires qui s’entrelacent (ou pas) avec celle de Joel et Ellie. A l’instar du troisième épisode, magistral et largement salué (mais aussi critiqué), qui raconte sur plus de vingt ans la bouleversante histoire d’amour entre Bill et Frank.
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Road trip sur fond de chaos social
The last of us, c’est presque une fusion : d’un côté, le monde post-apocalyptique infesté de zombies de The Walking Dead avec son accroche « fight the dead, fear the living » et de l’autre le road trip du roman The Road de Cormac McCarthy. Certes, il y a des scènes terrifiantes et impressionnantes de violence, des combats, des monstres… mais pas tant que ça. L’essentiel, dans la série, est sans doute à chercher ailleurs : dans les relations humaines.
Dans The Last of Us, toutes les structures sociales et politiques se sont effondrées. Ne subsistent que le chaos ou un pouvoir dictatorial. Les infectés ont une présence quasiment symbolique, on les voit peu, mais c’est bien leur existence qui oblige les humains à s’enfermer dans ces zones de quarantaine ou à s’isoler en dehors de la société, dans des contextes propices aux comportements totalitaires et à la violence. La pandémie a anéanti l’intégrité sociale, a brisé les relations familiales, amicales et amoureuses – mais elle n’a pas effacé les émotions et le besoin de lien humain.
Les choses qu’on fait par amour
La grande force de The Last of us tient en grande partie à la construction des personnages, Joel et Ellie en particulier. Chez Ellie, il y a une violence et une rage intérieures, mais aussi un enthousiasme juvénile propre à son âge. Joel, de son côté, est traumatisé par la mort de sa fille ; c’est sur ce deuil que va se construire son lien avec Ellie, entre agacement initial parce qu’elle le renvoie à ce qu’il a perdu et affection profonde, pour la même raison.
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Et c’est finalement l’amour qui détermine les actions de tous les personnages. Même les « méchants » ont presque toujours une motivation (venger un frère tué par l’armée, protéger la communauté…) Il y a évidemment des gens qui profitent de la situation sans vergogne, mais ils intéressent moins les scénaristes, qui préfèrent se concentrer sur les raisons pour lesquelles nous prenons certaines décisions, leurs conséquences et le poids qu’elles font peser sur nous.
Dans cet univers de cauchemar, Joel et Ellie se sont trouvés, s’accrochent l’un à l’autre et recréent un lien qu’ils pensaient avoir perdu à jamais. Une relation de substitution père-fille qui nous emmène d’un épisode à l’autre, jusqu’au dilemme final de la saison… Et finalement, The Last of Us n’est pas tant une illustration des limites que nous sommes susceptibles de franchir pour survivre, mais un récit sur ce qu’on est prêt à faire pour protéger nos proches. Jamie Lannister de Game of Thrones avait raison : « Ah, the things we do for love ».
The last of us s’empare de la dimension d’horreur post-apocalyptique de son histoire et de ses personnages pour créer un récit sombre et presque nihiliste mais aussi empreint d’amour et d’humanité. Violente et oppressante, parfois poétique et touchante, elle adapte le jeu vidéo en y apposant sa marque. Et elle réussit le tour de force de convaincre à la fois les joueurs, les adeptes de série post-apocalyptique et les autres.
The last of us
9 épisodes (48 à 84 min).
Disponible sur Prime Video + DVD/BR